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Culture - Les NTIC ne nuisent pas à la fréquentation des équipements culturels

Bonne nouvelle pour les collectivités territoriales qui ont investi en masse dans les équipements culturels au cours de ces dernières décennies : la montée en charge très rapide des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) - et plus particulièrement d'internet - n'a pas eu d'effet sur la fréquentation des équipements culturels, qui est demeurée parfaitement stable. C'est ce que révèle la parution de l'édition 2008 de l'étude du ministère de la Culture "Pratiques culturelles des Français à l'ère numérique". L'ouvrage peut être commandé auprès de la Documentation française, mais tous les chiffres sont disponibles sur un site dédié.
Ce résultat est d'autant plus méritoire qu'entre cette étude et la précédente, qui remonte à 1997, le taux de ménages français équipés d'une connexion à internet est passé de 4% à 80% (dont près de 50% disposant d'une connexion à haut débit). L'indicateur global de fréquentation des équipements culturels (bibliothèques, spectacles vivants, concerts, cinémas, expositions, monuments ou sites...) au cours des douze derniers mois est pourtant resté "globalement stable" entre 1997 et 2008. Ainsi, 23% des Français de plus de quinze ans déclarent une fréquentation nulle des équipements culturels au cours des douze derniers mois (contre 24% en 1997), 29% une fréquentation exceptionnelle (contre 27%), 27% une fréquentation occasionnelle (même taux qu'en 1997), 13% une fréquentation régulière (contre 12%) et 9% une fréquentation habituelle (contre 10%). Cette stabilité peut être lue de deux façons : comme une belle résistance des pratiques culturelles actives (se déplacer pour aller voir quelque chose) face à internet, ou comme une difficulté à réduire le chiffre d'un quart de Français n'ayant fréquenté aucune manifestation culturelle au cours de l'année, alors que l'offre s'est accrue au cours de la dernière décennie.
Si l'on détaille les résultats, il apparaît que les bibliothèques et les médiathèques ont connu un léger tassement de leur fréquentation (qui se retrouve aussi dans le nombre des inscriptions). Cette évolution renvoie aux difficultés de l'écrit face à la "culture d'écran" : diminution régulière du nombre de forts et moyens lecteurs, augmentation du nombre de non lecteurs, recul de la lecture de la presse quotidienne... De même, le rythme de visites de lieux d'exposition ou d'éléments du patrimoine paraît avoir très légèrement fléchi. A l'inverse, la fréquentation du spectacle vivant semble avoir progressé, même si le nombre de spectateurs réguliers semble décliner et si la moitié des Français n'ont assisté en 2008 à aucun spectacle vivant. Autre évolution significative : l’âge moyen des publics des équipements culturels a eu tendance à augmenter depuis 1997. Ceci s'explique, pour partie, par des raisons sociodémographiques comme l'accroissement du poids des seniors dans la population française et leur propension croissante vers des loisirs plus tournés vers les sorties. Mais l'étude pointe aussi une certaine désaffection des jeunes. Ce vieillissement des publics s'observe dans certaines formes de spectacle (notamment les concerts de musique classique), mais aussi pour le cinéma : les moins de 35 ans sont proportionnellement moins nombreux qu'en 1997 à se rendre une fois par mois au cinéma, alors que les seniors sont au contraire plus nombreux à le faire.
Enfin, l'étude confirme le développement d'une culture plus expressive, fondée sur la pratique amateur. Celle-ci profite surtout aux usages numériques (photo, vidéo...), au détriment de l'offre "traditionnelle" des équipements culturels des collectivités (musique, théâtre, danse...).

 

Jean-Noël Escudié / PCA