Les nappes phréatiques plutôt bien remplies à la sortie de l'hiver
Les nappes phréatiques de France métropolitaine terminent l'hiver avec un niveau majoritairement satisfaisant, malgré des pluies moins abondantes en février qui ne permettent pas d'écarter totalement le spectre d'une sécheresse estivale dans certaines régions, selon le bulletin mensuel du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) présenté ce 12 mars.

© BRGM / www.brgm.fr
Au 1er mars, seulement "19% des eaux souterraines se trouvaient sous les normales mensuelles, 21% étaient comparables et 60% au-dessus", a annoncé ce 12 mars le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) dans son bulletin mensuel .
Le service géologique national souligne aussi que 16% des points suivis atteignaient des niveaux très hauts en février, comme cela était déjà le cas en janvier. La période d'octobre à mars, où la végétation en dormance ne capte pas la majorité des précipitations, est cruciale pour le rechargement des nappes phréatiques, principales réserves d'eau potable pour le pays. Cette année, septembre, octobre et janvier ont été particulièrement pluvieux, permettant de bien alimenter les nappes.
Tendances contrastées sur le territoire
En février, la recharge a cependant été déficitaire sur la majeure partie du pays, qui a été moins arrosé, à l'exception du sud-est. Cela entraîne des tendances contrastées. Dans la moitié Ouest, les nappes sont davantage remplies que les normales. La situation est plus hétérogène à l'Est où les nappes présentent des niveaux allant de "modérément bas à modérément haut", indique le BRGM. Surtout, les nappes du Roussillon et du massif des Corbières, soumises à une sécheresse persistante depuis près de trois ans, restent dans une situation "critique" avec des niveaux allant de "bas à très bas".
Les précipitations tombées ces derniers jours n'y changeront pas grand-chose. "Même s'il pleut sur ces régions dans les prochaines semaines, cela restera insuffisant pour compenser les déficits accumulés et on ne retrouvera pas des niveaux normaux", a expliqué Violaine Bault, hydrogéologue du BRGM, lors d'un point presse.
Nappes à des niveaux plus hauts qu'en 2024
Malgré tout, la situation à l'échelle du pays demeure meilleure qu'il y a un an, à la même époque, où seulement 46% des nappes étaient au-dessus des normales. Les réserves souterraines de nombreuses régions sont actuellement à des niveaux plus hauts qu'en 2024, notamment dans le bassin parisien, sur le pourtour méditerranéen et en Corse.
Globalement, le bilan de la recharge hivernale "permet d'espérer des niveaux satisfaisants" à l'approche du printemps, note le BRGM, mais l’organisme reste prudent quant au risque de sécheresse estivale. Il souligne que les tendances des prochaines semaines dépendront de la pluviométrie et du début de la période d'irrigation agricole.
Prévisions toujours pessimistes pour la plaine du Roussillon
Si les prévisions saisonnières de Météo-France, qui anticipe des pluies déficitaires en mars, avril et mai, se confirment, l'état des nappes réactives - celles qui se vident et se remplissent vite - "pourrait alors se dégrader rapidement". Sur ces nappes, "pour l'été, rien n'est joué", a déclaré Violaine Bault. En cas de pluies insuffisantes et de réveil précoce de la végétation, les prévisions restent aujourd'hui "incertaines" et pourraient même s'avérer "pessimistes, même pour les nappes affichant actuellement des niveaux hauts".
Pour les nappes inertielles, comme celle du bassin parisien et de l'Artois, en revanche, les niveaux devraient rester hauts. Voire trop hauts, car en cas de fortes pluies printanières, un "risque d'inondations par remontée de nappes n'est pas à exclure", a précisé Violaine Bault.
Les prévisions des nappes de la plaine du Roussillon sur les prochains mois restent quant à elles pessimistes, quel que soit le scénario de pluies et de températures. Pour le BRGM, il semble en effet "difficilement envisageable de reconstituer durablement les réserves de ces nappes d’ici le début de la période de vidange".