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Emploi - Les maisons de l'emploi se préparent à des suppressions de postes

Alliance Villes Emploi s'alarme de la baisse de la dotation de l'Etat et de ses conséquences sur les politiques territoriales. L'association appelle à une reprise des négociations avec l'Etat.

Après l'échec des dernières négociations, Alliance Villes Emploi, l'association qui coordonne l'action territoriale des maisons de l'emploi et des Plie (plans locaux pour l'insertion et l'emploi) s'alarme des conséquences financières de la loi de finances 2014. Celle-ci a abaissé la dotation de l'Etat aux maisons de l'emploi de 56 millions d'euros en 2013 à 36 cette année. Pour la première fois depuis leur création par la loi de cohésion sociale de 2005, leur budget a été scindé en deux enveloppes : 26 millions d'euros pour le fonctionnement et 10 millions pour les plans de gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (Gpec). Le projet de loi de finances 2014, avant négociations et amendements, avait même prévu de faire tomber l'engagement de l'Etat à 26 millions d'euros en tout et pour tout. Cette baisse des cofinancements de l'Etat - qui fait suite à une réduction déjà importante subie depuis 2008 - s'accompagne d'un recentrage des missions dans le cadre d'un avenant à leur cahier des charges (voir ci-contre notre article du 7 janvier 2014).
Dans un communiqué daté du 14 février, Alliance Villes Emploi avance même que cette "nouvelle baisse budgétaire va les tuer à petit feu". Le communiqué demande par ailleurs au gouvernement de "reprendre la négociation et le dialogue".
Selon la déléguée générale d'AVE, Marie-Pierre Establie d'Argencé, il est encore trop tôt pour évaluer l'impact de cette baisse sur l'activité de chacune des maisons de l'emploi, car beaucoup ne connaissent pas encore leur budget pour 2014, lequel est calculé pour chacune par les délégations de la Direction générale de l’emploi et de la formation professionnelle (DGEFP). Mais elle anticipe d'inévitables réductions de personnels (de 1 à 2 équivalents temps plein par maison de l’emploi) et l'annulation ou le report de certaines des opérations qu'elles mettent en place localement. Elle fait aussi remarquer que, sur la même période, le budget du ministère du Travail a, pour sa part, augmenté de 9%.
Michel Bernard, directeur général de l'ANPE de 1995 à 2005, élu du Coudray-Montceaux (Essonne) et président de la maison de l'emploi de Corbeil-Essonnes/Evry s'inquiète ainsi de ne pouvoir reconduire en 2014 une action d'un coût de 230.000 euros, pour encourager la création d'entreprises, qui correspond à peu près à la baisse de la dotation budgétaire de l'Etat constatée pour 2014.
Ces nouvelles restrictions budgétaires font suite aux recommandations du rapport parlementaire intitulé "Pôle emploi et le service public de l’emploi" présenté en juin dernier par la députée de Haute-Garonne Monique Iborra et qui préconisait de "redessiner autour de la région l'architecture du service public territorial de l’emploi".
Alliance Villes Emploi conteste vivement l'esprit de ce rapport où la déléguée générale voit une "dérive jacobine" et réclame une évaluation complète de l'action des maisons de l'emploi par l'Information générale des affaires sociales (Igas) qui n'a encore jamais été menée à son terme depuis la création du réseau.
Au 1er janvier 2014, les 185 maisons de l'emploi reposent sur l'action d'environ 1.700 salariés et sont actives auprès de 10.354 communes. Selon Alliance Villes Emploi, la part du financement de l’Etat, en baisse, est passée de 70% à moins de 60%. Le reste provient des collectivités locales, de financements privés, des fonds européens…