Les jeunes urbains, meilleurs ambassadeurs des transports publics… à certaines conditions

Plus que leurs aînés, les jeunes urbains sont les premiers utilisateurs des transports publics, qu'ils privilégient pour leur facilité d'accès et du fait de leur sensibilité aux enjeux environnementaux, souligne l'Observatoire de la mobilité présenté ce 15 octobre par l'Union des transports publics et ferroviaires (UTPF). Cette édition 2024, qui met l'accent sur les différences générationnelles, montre aussi que la génération Z (les 15-27 ans) ont des exigences bien affirmées en termes de qualité de l'offre et sont très attachés aux questions de sûreté dans les transports.

Pour la nouvelle édition de son Observatoire de la mobilité réalisé avec l'Ifop*, dont les résultats ont été présentés ce 15 octobre, l'Union des transports publics et ferroviaires (UTPF) a choisi de mettre en avant l'angle générationnel. Ou plus précisément les différences de pratiques entre générations afin de pouvoir déterminer les leviers d'action propres aux différentes tranches d'âge qui pourraient les inciter à utiliser davantage les transports publics. 

Sans surprise, les clivages sont très marqués entre générations sur l'usage de la voiture ou des transports publics pour la mobilité du quotidien. Quand les trois quarts des "baby-boomers" (60-77 ans) ont utilisé la première au cours des trois derniers mois, cette proportion tombe à 54% pour la "génération Z" (15-27 ans). Inversement, 70% de ces derniers (et même 75% des 15-20 ans) ont emprunté les transports publics alors que ce pourcentage chute fortement chez leurs aînés – 45% dans la "génération Y" ou "Millenials" (28-43 ans) et 40% dans la "génération X" (44-59 ans). 

Pour Stéphanie Lopes d'Azevedo, directrice des affaires économiques et de la prospective de l'UTPF, il est particulièrement intéressant de scruter les comportements deux générations à des "moments-clés de leur vie" : "la génération Z qui se prépare à entrer dans la vie active se trouve à un moment charnière où l'on fait des choix influençant la mobilité comme celui de passer ou non le permis de conduire, d'opter ou non pour la voiture et, à l'autre extrémité, la génération qualifiée de 'silencieuse' (78 ans et plus) peut s'interroger sur le fait de continuer à conduire ou non sa voiture ou de faire le choix des transports en commun pour mener ses activités".

L'insuffisance de l'offre, principal frein à l'usage des transports publics

Le sentiment d'attachement à la voiture continue d'être fort (53%), toutes générations confondues, mais 81% des répondants affirment aussi avoir accès à pied à un mode de transport en commun (bus, tram, métro, train) pour réaliser leurs trajets quotidiens. Reste donc à lever les freins au recours aux transports publics. Pour 60% des personnes interrogées, c'est l'insuffisance de l'offre qui est mise en avant (rallongement des temps de trajet, contraintes horaires trop importantes, arrêts trop éloignés de leur destination). Les très jeunes et les actifs y sont particulièrement sensibles. 38% des répondants citent comme obstacle à l'usage des transports publics l'insécurité et l'inconfort. 25% jugent leur prix trop élevé mais ce pourcentage frôle les 30% chez les plus jeunes. Ces derniers apparaissent particulièrement préoccupés par les enjeux environnementaux (65% de ceux appartenant à la génération Z se disent inquiets) et 60% d'entre eux aspirent à pouvoir habiter dans une zone où il est possible de se passer de la voiture pour ses déplacements quotidiens et 75% jugent enviable d'utiliser exclusivement les transports publics ou la marche.

Image toujours largement positive de la voiture

Interrogés sur les idées associées à la voiture, la très grande majorité des répondants (89%) expriment une image positive à son égard, en y associant les idées de liberté, de facilité d'accès, d'évasion. Mais le fossé générationnel apparaît là encore très marqué : ce sont les plus anciens qui mettent le plus en avant ces marqueurs positifs tandis que les plus jeunes citent davantage son impact sur l'environnement et le stress qu'elle génère. Tous âges confondus, les transports publics urbains recueillent plus de perceptions négatives que positives (74% contre 64%). Si leur facilité d'accès et leur caractère écoresponsable sont largement reconnus, l'insécurité et les tensions entre usagers jouent en leur défaveur, y compris auprès des jeunes. En revanche, face à la voiture, ils apparaissent bien pour une majorité de répondants comme la solution la plus économique – 23% d'entre eux ont une perception négative de leur coût contre 40% pour celui de la voiture.  

Avec 75% d'idées positives qui leur sont associées, les trains, qu'ils soient nationaux ou régionaux, ont une meilleure image que les transports publics urbains. Jugés écologiques, confortables, faciles d'accès, offrant des possibilités d'évasion, ils butent toutefois sur le facteur coût (43% de perceptions négatives, tous âges confondus). Ce sont les jeunes qui évoquent le plus le coût comme un frein à l'usage des transports publics, le passage à la vie active sonnant la fin des tarifs spécifiques Jeunes ou Étudiants.

La facilité d'utilisation, un critère déterminant pour choisir son mode de transport

Interrogés sur les critères de choix d'un mode de transport, 80% des répondants mettent en tête la facilité d'utilisation. Viennent ensuite la rapidité, la sécurité et le coût (entre 74% et 66% les jugent très importants). Mais l’importance de ces critères de choix varie en fonction de l’âge des individus. "Pour continuer d’attirer les plus jeunes, les transports publics peuvent valoriser leur faible impact environnemental et la possibilité qu’ils offrent de faire autre chose pendant le trajet, indique l'enquête. Pour cibler les plus âgés, ils peuvent souligner les bénéfices liés à la marche contribuant ainsi à une meilleure santé."

Autre enseignement de l'Observatoire : l'importance des aménagements urbains.  "Améliorer le confort des arrêts, prévoir des places assises et des trottoirs sécurisés sont les aménagements incitant le plus à l’usage des transports publics, et ce d’autant plus auprès de la génération Z et des Boomers", note-t-il. Les plus âgés sont eux davantage sensibles aux aménagements relatifs à l’effort physique (ascenseurs, escaliers mécaniques).

Les jeunes très attachés à la sécurité 

Enfin, toutes générations confondues, la garantie d'une meilleure sécurité est perçue comme une incitation à davantage utiliser les transports publics et ce sont les jeunes de la génération Z qui sont les plus demandeurs. 73% d'entre eux sont pour la mise en place de patrouilles d’agents récurrentes, 74% pour le fait d'avoir une présence humaine et visible à toute heure, 75% pour la présence d'autres voyageurs solidaires en cas de situation difficile, 69% pour des caméras de vidéosurveillance visibles et 63% pour des bornes d'appel ou d'assistance.

*Entretiens réalisés en ligne du 14 au 24 juin 2024 auprès d'un échantillon représentatif de 4.022 personnes résidant dans des agglomérations de 20.000 habitants en plus.

 

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