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Les finances des CFA dégradées par la crise sanitaire

Alors même que leur financement venait d’être totalement réformé, les CFA se sont retrouvés en pleine crise sanitaire. Quel a été son impact ? Pour le savoir, la Fnadir (Fédération nationale des associations régionales des directeurs de centres de formation d’apprentis) a présenté le 7 juillet les résultats d’une enquête sur les finances des centres.

85 centres de formations d’apprentis (CFA) ont répondu aux nombreuses questions que la Fnadir, aidée par le cabinet Orcom, a envoyées en mai dernier pour évaluer l’impact du Covid-19 sur leur situation financière prévisionnelle pour 2020.

Avant la crise, autrement dit en décembre 2019, 74% avaient déjà arrêté leurs comptes. La plupart se trouvaient dans une dynamique favorable : l’effectif moyen (713 apprentis) était en progression de 4% sur l’année 2019. Le coût apprenti annuel moyen atteignait 7.826 euros. Les CFA semblaient avoir investi la réforme de l’apprentissage puisque 10% proposaient des formations hors convention.

Un équilibre financier précaire avant la crise

Cependant, l’équilibre financier était précaire : 45% des CFA présentaient un résultat excédentaire, 33% étaient à l’équilibre et 22% accusaient des pertes. Leur trésorerie nette représentait 1,7 mois de fonctionnement au 31 décembre 2019. Ils prévoyaient une poursuite de l’augmentation de leurs effectifs (+4%, à 804 apprentis en moyenne), une progression de 3,5% de leur budget, et un coût apprenti moyen en très légère baisse (7.960 euros). 57% prévoyaient de finir l’année 2020 en excédent et 26% à l’équilibre : le pourcentage de CFA en déficit aurait donc dû diminuer à 17%.

Mais la crise a eu un impact important sur 67% des CFA. Certes, 90% des factures envoyées aux Opco ont été encaissées au 30 avril 2020, ce qui a permis à la trésorerie nette de passer à 3,3 mois de fonctionnement.

Pertes de ressources

Cependant, les CFA interrogés budgètent 11,5% d’apprentis en moins que prévu pour le 31 décembre 2020. Les charges supplémentaires liées à la crise sont évaluées à 135 euros par apprenti (2% du coût). "Mais surtout, a expliqué Estelle Collet, d’Orcom, l’effet de la crise se traduit par des pertes de ressources." Celles-ci, ramenées à l’effectif moyen de 2019, sont estimées à 590 euros par apprenti. Sur l’année, la perte de ressource devrait atteindre en moyenne 10%. Au 31 décembre 2020, la trésorerie nette devrait être en baisse de 32% par rapport au 31 décembre 2019.

Cette situation n’est pas sans conséquence sur les projets : 15% des CFA répondants ont déjà décidé la fermeture de certaines sections et 16% ont abandonné leurs projets de nouvelles ouvertures. Sans compter ceux qui envisagent de telles mesures (27% dans les deux cas). 29% vont reporter leurs projets d’investissements. 52% ont enregistré des ruptures de contrats, qui représentent en moyenne 10 contrats, soit 1,4% de l’effectif moyen. Les préinscriptions sont en recul, avec des taux variant de -10 à -30% au 15 mai. Seule exception : l’Ile-de-France, qui semble donc particulièrement attractive. Reste à savoir si le plan de relance de l’apprentissage présenté en juin sera de nature à inverser la tendance : "Son impact sera combiné avec celui des plans de relances sectoriels. La situation risque donc d’être très différente selon les secteurs", a estimé Roselyne Hubert présidente de la Fnadir.

Demandes au ministère

Dans ce contexte, la Fnadir a envoyé au ministère du Travail ses propositions pour la relance "post-sanitaire" de l’apprentissage. Elle demande une augmentation de l’aide aux employeurs permettant de couvrir les coûts de la première année, la révision des rémunérations des apprentis pour favoriser l’embauche des moins jeunes et l’assouplissement des règles d’entrée et de sortie des apprentis sans contrat d’apprentissage jusqu’à la fin 2021 pour tenir compte de la situation exceptionnelle. La Fnadir demande également que le règlement par les Opco se fasse dans les délais prévus, que les contrats soient totalement financés lorsque la formation a été intégralement réalisée. Elle souhaite l’harmonisation des exigences et du fonctionnement des Opco, et, surtout, la mise en place d’un amortisseur financier "effet de crise" pour tenter de maintenir coûte que coûte le nombre d’apprentis, malgré la baisse prévisible de l’activité.