Congrès AMF - Les élus ruraux en appellent à la solidarité nationale pour l'aménagement numérique

Si les chiffres sont têtus, la géographie l'est encore plus ! Il ne resterait plus en France que 364 zones d'ombre pour la téléphonie mobile, en passe d'être résorbées. Et 98,3% de la population auraient désormais accès à l'internet haut débit. "100% de Français connectés seraient même possible", répète-t-on désormais du côté des opérateurs nationaux de télécommunications. Pourtant, des maires de "petites" communes de Charente ou d'autres territoires encore moins denses, sont venus témoigner de leur vécu quotidien, lors de la séance plénière d'ouverture du Congrès des maires, consacrée aux "défis majeurs pour des territoires ruraux en pleine évolution", le 25 novembre. Les maires ont dénoncé des débits très en dessous des 512 kbit/s promis, des coupures incessantes de connexion et des réseaux de téléphonie mobile accessibles "au sommet de la colline près d'une chapelle isolée mais pas dans la rue principale du village !". A tel point qu'un élu s'en est pris à "l'optimisme exagéré des cartes de couverture" que ce soit pour le GSM, l'ADSL et bientôt pour la TNT : "Aujourd'hui, la catastrophe est de se savoir en zone blanche ; celle qui s'annonce pour demain sera d'être censé être desservi." A la tribune, Dominique Caillaud, président du groupe de travail TIC de l'Association des maires de France (AMF), a rappelé que les besoins en débit doublent tous les deux ans et que l'ADSL "n'est pour les télécoms que ce qu'était le 110 Volts à l'électricité d'hier".

 

Collectivités rurales, regroupez-vous !

Le député de Vendée appelle donc à ce que les collectivités organisent une coopération pour résorber les zones d'ombre et passer au très haut débit. La réflexion doit se mener au minimum en intercommunalité et le plus souvent au niveau des départements ou des régions. Il répète que pour l'AMF, "ce sujet nécessite une solidarité nationale car ce sont les territoires les plus pauvres qui doivent débourser le plus, même si le problème semble avoir été saisi à bras le corps par le nouveau secrétaire d'Etat à l'Aménagement du territoire, Hubert Falco". En outre, les collectivités devraient être propriétaires des infrastructures de télécommunication : "C'est un enjeu aussi stratégique que celui de l'électrification", a-t-il ajouté.
En clôture de ce début de Congrès, le Premier ministre François Fillon a tenté de répondre aux inquiétudes : "Dans le passé, la France a relevé les défis successifs de l'aménagement routier, du chemin de fer, de l'électrification : avec le concours de l'Etat, des collectivités, des opérateurs, de l'Union européenne, elle relèvera celui du très haut débit ! Pour éviter une nouvelle fracture numérique, les collectivités locales auront un rôle clé à jouer dans la cohérence et dans la régularité de son déploiement". Comment ? Grâce au plan "France numérique 2012" présenté le mois dernier. Et de rappeler l'objectif à atteindre : 100% des Français pourront accéder à l'internet haut débit fixe et mobile à la fin du quinquennat. Pour cela, le gouvernement a défini un nouveau droit : "celui d'accéder au haut débit pour un tarif abordable. Il sera opposable aux opérateurs que nous sélectionnerons". En outre, le Premier ministre mobilise, d'une part, le dividende numérique dont les fréquences "seront attribuées aux opérateurs qui s'engageront à étendre le très haut débit mobile aux communes isolées" et, d'autre part, la force de négociation d'Hubert Falco pour mettre "un point final" à la couverture en téléphonie mobile des 364 zones blanches oubliées. Si les élus ruraux sont têtus, les chiffres le sont toujours plus !

 

Luc Derriano / EVS