Les écoles hors contrat toujours plus nombreuses
Selon les dernières statistiques de l'association Créer son école, le rythme des créations d'écoles hors contrat en France ne faiblit pas. Un phénomène qui touche avant tout les petites communes.
La création d'écoles hors contrat ne faiblit pas en France. C'est ce que constate l'association Créer son école, qui a tenu sa traditionnelle conférence de presse de rentrée mercredi 4 septembre. À la rentrée 2024, on dénombre ainsi 116 ouvertures d'établissements ou de niveaux, contre 107 un an plus tôt.
À ces nouveaux venus, il convient toutefois de retrancher les fermetures d'établissements. Entre l'été 2023 et la rentrée de septembre 2024, ce nombre a atteint soixante-dix. "Le niveau des fermetures d'écoles est très élevé, comme l'an dernier, commente l'association fondée en 2005. La situation économique tendue et l'inquiétude générale sont en toile de fond de ces décisions."
Il n'en reste pas moins que depuis quinze ans, le rythme des créations d'écoles hors contrat est soutenu. Créer son école en dénombre désormais 2.485 en activité en France. Cette statistique s'appuie sur un annuaire tenu à jour par l'association, alors que le ministère de l'Éducation nationale ne communique pas ses propres chiffres en temps réel.
Le nombre d'établissements juifs en hausse
En termes de niveaux, les nouvelles ouvertures se répartissent de façon équilibrée entre écoles maternelles (33%), écoles élémentaires (34%) et établissements secondaires (33%), dont 11% pour les lycées et 22% pour les collèges.
Côté pratiques pédagogiques, 50% des nouvelles écoles hors contrat empruntent "empiriquement" à plusieurs pédagogies dites "alternatives", tandis que 28% se revendiquent d'une pédagogie "classique" et 22% de la méthode Montessori. Le bilinguisme, voire le multilinguisme, ainsi que l'importance accordée à la nature et aux besoins spécifiques des élèves sont d'autres "tendances profondes" des écoles ouvertes cette année. À cet égard, Créer son école souligne que "dans les lycées, un nombre croissant d'établissements se tourne vers la préparation à l'IB (International Baccalaureate), malgré son coût élevé", car un "nombre de familles de la bonne société [sic] veulent impérativement donner à leurs enfants la possibilité d'étudier voire de s'expatrier à l'étranger".
On remarque encore que si 78% des ouvertures concernent des écoles laïques et 12% des écoles catholiques, la rentrée de 2024 voit émerger un phénomène nouveau : dix écoles se rattachent à la religion juive, alors qu'il n'y avait eu qu'une ouverture de ce type en 2023 et aucune en 2022. "La situation géopolitique et la forte progression des actes et du climat antisémites en France ont contraint des familles peu ou pas pratiquantes à rejoindre des établissements confessionnels juifs pour des raisons de sécurité", avance l'association.
Le "hors contrat", une solution en ruralité
Enfin, l'analyse des ouvertures des écoles hors contrat en 2024 confirme une autre tendance de fond : les petites villes et les campagnes sont plus concernées que les grandes villes. 36% des créations ont eu lieu dans des communes de moins de 5.000 habitants et 22% dans des communes rurales de 5.000 à 20.000 habitants, contre 41% dans des communes de plus de 20.000 habitants.
S'il s'agit "souvent de toutes petites écoles fondées à l'initiative de parents qui recouraient jusque-là à l'instruction en famille", de plus en plus de maires ruraux se tournent vers la solution "hors contrat" pour "pérenniser leur école au-delà de la fermeture de l'école publique communale par le rectorat pour des raisons de rationalité budgétaire", pointe l'association, qui accompagne les élus dans leurs projets. Elle rappelle en outre que 68% des créations d'écoles hors contrat se font sous statut associatif et que "nombre de créateurs s'intéressent aussi aux nouvelles formes juridiques de l'économie sociale et solidaire".