Les directeurs de CFA veulent faire réagir les candidats à la présidentielle sur l’apprentissage
La Fnadir, fédération nationale des directeurs de CFA/OFA, a lancé le 28 janvier 2022 les Primaires de l’apprentissage afin d’une part de "mobiliser et recueillir l’avis des bénéficiaires et acteurs de l’apprentissage" et d’autre part de solliciter les candidats à l’élection présidentielle.
"Par cette méthode inédite de consultation, l’enjeu est de faire émerger des propositions pour promouvoir et renforcer le développement de l’apprentissage, pour ensuite les porter auprès des candidats à l’élection présidentielle", résume Pascal Picault. "Notre leitmotiv est que l’apprentissage devienne une voie choisie dans le parcours de la formation et soit à parité d’estime par rapport aux autres parcours scolaires", insiste le président de la Fnadir Île-de-France.
Tout l’enjeu pour les directeurs de CFA est de poursuivre l’élan initié par la réforme de 2018 sur la formation professionnelle et surtout par les aides accordées aux entreprises pour embaucher des apprentis dans le cadre des mesures de soutien mises en œuvre suite à la pandémie. "Nous sommes passés de 294.000 à 700.000 apprentis en France en l’espace de deux ans", rappelle la Fnadir. "Au-delà des chiffres, c’est un changement de posture et de vision qui s’opère sur l’apprentissage."
Prolongement à fin 2022 du NPEC
Après une première phase de consultation en interne à laquelle plus de 200 adhérents ont participé, la fédération a défini quatre grands enjeux pour assurer l’avenir de l’apprentissage sur les cinq prochaines années. Le premier vise à créer un secrétariat d’État à l’orientation afin "d’accorder à celle-ci le plus haut niveau de moyens de manière à ce qu’elle soit coordonnée par une structure dédiée", argue Jean-Philippe Audrain. La réforme de 2018 n’aurait parcouru, selon le vice-président de la Fnadir, "que la moitié du chemin" en matière d’orientation.
Le deuxième axe porte sur la pérennisation du financement de l’apprentissage, qui "concourt aux objectifs éducatifs de la nation" et doit donc "être considéré comme un investissement dévolu par l’État". Aussi, la Fnadir milite en faveur d’un maintien des niveaux de prises en charge actuelles des coûts/contrats (NPEC) sur toute l’année 2022 alors qu’ils doivent être révisées au second semestre. Reste à savoir si au regard du calendrier électoral avec les élections législatives en juin ce prolongement est possible. "La crise a montré que lorsque l’on voulait on pouvait", convient Pascal Picault.
Le troisième enjeu concerne le maintien "durablement des aides actuelles aux entreprises". "Depuis deux ans, l’apprentissage boosté artificiellement par les aides massives n’est pas représentatif de la situation réelle", prévient Pascal Picault. Le risque pointé par la Fnadir est qu’après la fin des aides la dynamique s’arrête également. Enfin, le dernier enjeu est de prescrire l’apprentissage comme une voie choisie par les candidats à l’apprentissage.
Un plaidoyer pour l’avenir des CFA
La deuxième phase de la démarche consiste à proposer aux apprentis et leurs familles, aux formateurs et personnels de CFA, aux entreprises partenaires et autres prescripteurs de l’apprentissage de réagir pour "enrichir la réflexion". "Les réponses aux questionnaires nous permettront de construire un plaidoyer pour l’avenir des CFA", indique Pascal Picault.
Avec ses 500 adhérents représentant quelque 400.000 apprentis, la Fnadir s’estime légitime pour avoir "une vraie force de frappe" en la matière.
Forte de ces diverses orientations issues à la fois des adhérents et des parties prenantes, la Fnadir rencontrera les principaux candidats à l’élection présidentielle, soit ceux qui dépassent le taux de 5% d’intention de vote dans les sondages, à savoir à ce jour Valérie Pécresse, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour. Emmanuel Macron n’étant pas officiellement candidat n’a pas encore été sollicité. Première à réagir, l’équipe de la candidate des Républicains devrait lancer au cours de la première quinzaine de février ces rencontres qui se dérouleront dans des CFA pour être "au contact des apprentis". La Fnadir ne s’est pas fixé de date limite pour ces consultations et s’autorise même à faire revenir des candidats intervenus dans les premiers pour qu’ils puissent réagir aux autres interventions, voire les interpeller entre les deux tours.