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Petite enfance - Les collectivités, frein ou atout pour le développement des crèches d'entreprises ?

La Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf) publie une étude sur les entreprises et les modes d'accueil de la petite enfance. Réalisée par trois chercheuses du Laboratoire d'économie et de sociologie du travail (LEST), cette étude s'attarde notamment sur les relations entre les collectivités, les crèches d'entreprises et leurs promoteurs. Elle met en avant les avantages des partenariats public-privé, pour la mobilisation des financements comme pour les avancées en matière de gestion. Mais elle fait aussi ressortir la complexité des partenariats à mettre en place, ainsi que les réticences de certains acteurs institutionnels, qui peuvent expliquer le nombre encore limité de crèches d'entreprises.
Le rapport souligne la nécessité d'un "pilotage institutionnel" de développement des crèches d'entreprises. Cette notion va bien au-delà du seul agrément des structures privées par le service PMI du département, obligatoire pour toute crèche collective. L'étude montre en effet "des dynamiques contrastées de développement des crèches d'entreprise selon les territoires". Ces écarts tiendraient pour partie à l'investissement plus ou moins grand des collectivités territoriales. Le rapport prend ainsi l'exemple des Hauts-de-Seine - qui participent financièrement à hauteur de 7 euros par place et par jour et connaissent un développement important des crèches d'entreprises - et celui des Bouches-du-Rhône, où cette participation ne dépasse pas un euro et où "le développement des crèches d'entreprises n'apparaît pas comme une priorité pour les acteurs institutionnels". A la décharge des collectivités, l'étude reconnaît toutefois que la création d'une crèche d'entreprise sous un statut commercial "constitue, semble-t-il, une difficulté pour certaines municipalités". Faute de pouvoir subventionner des entreprises de la même façon que des associations, elles sont en effet contraintes de passer par des appels d'offres dans le cadre de marchés publics pour la prestation de services. De même, certaines collectivités se montrent réticentes devant le caractère lucratif associé au statut de société commerciale, qui fait percevoir les crèches d'entreprises comme des "concurrentes" des structures traditionnelles. A l'inverse, certains opérateurs de crèches d'entreprises jugent "trop stricts" les critères en matière d'espace, de sécurité et d'hygiène sur lesquels s'appuie l'agrément des services de PMI ou le financement des CAF. De façon générale, les collectivités semblent davantage prêtes à s'investir dans les crèches multi-entreprises que dans celles relevant d'une seule entreprise.

 

Jean-Noël Escudié / PCA