Les collectivités expérimentent le très haut débit fixe par voie hertzienne dans leurs réseaux d'initiative publique
En janvier 2017, l'Arcep avait lancé une phase de consultation publique sur l'usage de fréquences hertziennes, notamment à destination de l'accès internet fixe dans les zones isolées. La 4G, au vu des débits qu'elle permet, devient une alternative crédible au réseau téléphonique rénové, au satellite et au WiMax, pour permettre d'accélérer la connexion internet des territoires ruraux. La région Bourgogne-Franche-Comté et le département de la Haute-Garonne ont annoncé récemment leur intention d'accélérer rapidement leurs expérimentations en la matière.
Nombreuses sont les collectivités qui, alors que le haut débit se généralisait, avaient investi dans des réseaux radio WiMax et WiFi pour résorber les éventuelles zones blanches ; le succès commercial avait rarement été au rendez-vous. Cependant, alors que les réseaux d'initiative publique entrent en phase d'industrialisation, ce réseau radio fait figure d'opportunité pour traiter les zones qui ne bénéficieront pas rapidement des performances de la fibre optique. Alternative à la montée en débit du réseau téléphonique en cuivre, ce réseau peut accueillir des antennes 4G et garantir, en théorie, des débits intéressants, atteignant la norme officielle du très haut débit (30Mb/s).
Des RIP radio rénovés pour accueillir la 4G
En Haute-Garonne, c'est depuis avril 2016 que Altitude et Alsatis, délégataires du RIP radio du département, avaient implanté des antennes 4G expérimentales à Rieux-Volvestre et Latrape. Un premier tour de chauffe avec des clients pilotes, qui a donné satisfaction : le 3 février, les deux antennes ont été pérennisées. Durant l'année 2017, 33 autres sites WiMax devraient être reconvertis et 16 stations 4G nouvellement créées. Du côté de la Bourgogne-France-Comté, on convertit également des bases WiMax, en expérimentant une offre auprès d'une centaine de clients basés en Saône-et-Loire. Si cette première phase est validée, d'autres sites suivront à partir de l'été, notamment en Côte-d'Or et dans l'Yonne. C'est cette fois-ci Axione, un opérateur de RIP issu du groupe Bouygues, qui pilote le projet.
Les réseaux cellulaires des grands opérateurs également mis à contribution
Du côté des opérateurs nationaux, l'utilisation de la 4G dans les zones mal desservies en internet fixe suscite de plus en plus d'intérêt. Bouygues a lancé, en janvier, son offre 4G Box pour les zones périurbaines et espère rendre 10 millions de clients éligibles d'ici le mois prochain. Il s'agit d'un boîtier permettant seulement l'accès à internet et non à la télévision et au téléphone ; mais l'offre n'impose pas de quota de données. L'initiative devrait faire des émules : Orange ne devrait pas tarder à tenter d'introduire en France sa "4G Home", qu'elle met déjà à disposition dans d'autres pays d'Europe via ses filiales. Orange comme Bouygues, à la différence des réseaux radio des RIP, partagent cependant leur bande passante entre usages fixes, et usages des téléphones mobiles.
L'internet fixe par voie hertzienne doit encore faire ses preuves
De nombreux points d'interrogation persistent sur la pérennité de la 4G pour assurer un accès internet fixe. La qualité de couverture est moins prévisible que dans le cadre d'un réseau filaire. De plus, au regard de la discrétion des offres WiMax et satellite sur le marché de l'internet fixe, malgré de bonnes performances théoriques et une disponibilité déjà ancienne, il n'est tout bonnement pas certain que les utilisateurs soient nombreux à vouloir sauter le pas. L'année 2017 permettra de savoir si les performances accrues de la 4G permettront aux réseaux hertziens de devenir une alternative crédible au filaire dans les zones isolées.