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Sécurité - Les bus et métros sont-ils plus sûrs ?

De nombreux moyens ont été déployés ces dernières années pour renforcer la sécurité des transports collectifs. Mais selon l'UTP, les agressions contre le personnel sont reparties à la hausse en 2006, celles sur les voyageurs sont relativement stables. L'organisation recommande une évaluation des politiques publiques et des CLS.

On se souvient de ce contrôle de voyageur qui en mars dernier à la gare du Nord avait tourné au pugilat. Ou encore de ces bus régulièrement incendiés ou pris d'assaut. Mais contrairement aux apparences, la situation des transports collectifs en France est plutôt à l'amélioration. C'est en tout cas ce qui ressort du dixième rapport sur la sécurité de l'UTP (Union des transports publics et ferroviaires), présenté lors d'un colloque organisé avec l'Inhes (Institut national des hautes études de séucrité), jeudi 25 octobre. Les atteintes aux voyageurs signalées par les 116 entreprises de transports membres de l'UTP ont diminué de 7,4% en 2006 après avoir augmenté l'année précédente. "Malgré deux années marquées par des périodes de violences urbaines, les nombreuses mesures mises en place par les entreprises de transports urbain continuent de produire des effets positifs", constate le rapport. Cette diminution doit être relativisée : elle provient essentiellement des très bons résultats obtenus dans l'un des plus importants réseaux passés en revue, celui du Grand Lyon. Hormis ce réseau, les agressions sur les voyageurs sont même en légère augmentation (+0,8%).
S'agissant des atteintes contre le personnel en revanche, les agressions sont à la hausse avec 782 cas recensés contre 747 en 2005. Mais on reste au niveau connu lors de la fin des années 90 et donc loin du pic observé en 2001 avec plus de 1.000 agressions. La vérification du titre de transport est de plus en plus souvent à l'origine des incidents. Autre enseignement, ces violences ne sont plus l'apanage des quartiers sensibles, elles sont désormais commises davantage dans les centres-ville ou les quartiers résidentiels.

 

Un coût de 120 millions d'euros

Pour  le criminologue Alain Bauer, la fraude n'est pas anecdotique mais symptomatique d'un malaise plus profond. "La lutte contre la fraude est un élément majeur de la maîtrise du territoire. Parmi les fraudeurs, un tiers le sont par facilité, un tiers par nécessité et un tiers par volonté, pour se confronter au système. Dans ce cas, la fraude accompagne toute une série d'autres choses", a-t-il expliqué lors de ce colloque. Le coût du vandalisme est lui aussi en augmentation : + 6% pour un coût de 12,4 millions d'euros. Mais sur dix ans, l'ardoise reste à peu près stable. Sur cette période, le vandalisme aura coûté 127 millions d'euros aux entreprises. Parmi les types d'infractions recensés, les caillassages sont parmi celles qui connaissent la plus forte progression.
Les sociétés de transport ont fortement amélioré leurs dispositifs de sécurité ces dernières années. Le secteur représente environ 1.500 salariés (en augmentation de près de 9% sur un an). Les entreprises ont beaucoup dépensé dans le matériel (vidéo, GPS, équipements anti-vandalisme, etc.). Elles se sont également investies dans les formations et les partenariats. Quasiment toutes sont associées à un contrat local de sécurité (CLS) aux côtés de l'Etat et des collectivités. Toutes ces mesures pèsent sur les budgets. "Au total, les dépenses des entreprises de transport pour la sécurité s'élèvent à 120 millions d'euros", insiste Michel Cornil, le président de l'UTP. De son côté, l'Etat a mis en place dix unités spécialisées (une onzième installée à Orléans a été dissoute). Mais les effectifs sont maigres : à peine 351 policiers. Dans les agglomérations où existe une police municipale, seulement un tiers d'entre elles exercent une mission de surveillance des transports en commun. Pour Michel Fornil, il faut à présent mener une évaluation sérieuse des politiques publiques dans les transports, notamment des CLS, et le cas échéant en conclure s'il faut leur donner un nouvel élan.

Michel Tendil

 

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