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Social - Les banques alimentaires et les Restos du Coeur entament leur campagne d'hiver dans l'inquiétude

Le mois de décembre marque traditionnellement le début de la campagne d'hiver pour les associations caritatives. Les Restos du Coeur ont ainsi rouvert leurs portes le 1er décembre, tandis que la Fédération des banques alimentaires - qui fonctionne toute l'année - lançait sa grande campagne nationale de collecte les 27 et 28 novembre. A cette occasion, la quasi-totalité des associations mettent en avant leurs craintes et leurs difficultés face à l'afflux de demandes. Si une certaine dramatisation est de bonne guerre au moment de mobiliser donateurs et bénévoles, l'inquiétude des associations repose néanmoins sur un certain nombre de faits ou d'hypothèses. Côté faits : une progression de la demande de l'ordre de 16% auprès des banques alimentaires (de juin 2008 à juin 2009) et de 14% auprès des Restos du Coeur (hiver 2008-2009 par rapport à la campagne précédente). Ces chiffres corroborent ceux des associations davantage centrées sur les aides financières et ceux des centres communaux d'action sociale (voir nos articles ci-contre du 5 novembre et du 17 septembre 2009). S'ils ne traduisent pas un raz-de-marée - du moins au regard de l'ampleur de la crise économique -, ils n'en font pas moins apparaître une hausse bien réelle de la demande à laquelle les associations craignent de ne pouvoir faire face.
Plusieurs d'entre elles s'inquiètent en effet d'une possible contraction des dons des particuliers ou des entreprises, elle-même conséquence de la crise économique. Sur ce point, la dernière vague de l'étude de l'observatoire Recherches & Solidarité, publiée le 30 novembre, devrait les conforter dans cette opinion. Cette enquête, réalisée auprès de 3.400 donateurs, montre en effet que près de 40% des Français pourraient donner un peu moins d'argent cette année. Or les dons des particuliers représentent 41% des ressources des Restos du Coeur (58% si l'on tient compte des produits des concerts et des ventes de CD des Enfoirés), tandis que les collectes auprès des particuliers alimentent environ 16% des stocks des 79 banques alimentaires regroupées au sein de la Fédération. Les entreprises en difficulté, mais aussi les collectivités territoriales confrontées à une contraction de leurs recettes pourraient également être tentées de restreindre leur contribution. Les inquiétudes sur les dons ne doivent toutefois pas être exagérées. Les prévisions étaient également très pessimistes l'an dernier. Lors de la vague de novembre 2008 de l'étude de l'observatoire Recherches & Solidarités, 30% des donateurs pensaient donner moins en raison de la crise, mais la collecte 2008 (plus de 3 milliards d'euros) a, en définitive, dépassé de 4,7% celle de 2007. Un autre sujet d'inquiétude - propre aux associations intervenant dans le domaine alimentaire - concerne la politique européenne. Toutes appuient en effet la position de la France pour que la réforme de la PAC (politique agricole commune) maintienne et même amplifie le programme européen d'aide aux plus démunis (Pead). L'enjeu est de taille, puisque l'Union européenne fournit actuellement 32,5% des produits collectés par les banques alimentaires.
Enfin, on ne peut ignorer que certaines associations connaissent des difficultés financières, souvent antérieures à la crise économique. Les Restos du Coeur, par exemple, ne cachent pas qu'ils "sont confrontés à de nombreuses difficultés". Cependant, "l'association ne rognera pas sur la qualité des produits distribués. Au contraire, ils assumeront encore cette année un déficit budgétaire en comptant sur un sursaut de générosité des Français". Sur 2008-2009, le déficit de l'association était de 4,93 millions d'euros (sur un budget de 142,84 millions). Ce déficit était toutefois équivalent sur la saison 2007-2008 - autrement dit avant la crise - avec une insuffisance de recettes de 4,90 millions d'euros pour un budget de 129 millions.


Jean-Noël Escudié / PCA