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Politique de la ville - Les Ateliers santé ville : la proximité et le décloisonnement pour réduire les inégalités de santé

Lancés en 2000 pour promouvoir une démarche de proximité visant à réduire les inégalités de santé, les Ateliers santé ville (ASV) étaient au nombre de 286 en France en 2013, "couvrant la quasi-totalité des quartiers urbains les plus sensibles", selon la Plateforme nationale de ressources ASV (PnrASV). Cette dernière a récemment publié les résultats d'un travail de capitalisation de ces programmes conduits depuis maintenant 16 ans et désormais intégrés dans le volet "santé" (pilier "cohésion sociale") des contrats de ville.
A partir d'une cinquantaine de réponses – recueillies par questionnaire ou dans le cadre d'entretiens -, la PnrASV met en avant les "plus-values" de ces démarches à trois niveaux : "auprès des habitants, des professionnels et sur les politiques publiques".

Rendre les habitants acteurs pour être au plus près des besoins

S'appuyant sur les principes de la santé communautaire, les ASV ont pour objectif de rendre les habitants acteurs de leur bien-être. A Soyaux (Charente), les habitants participent ainsi aux groupes de travail des ASV au même titre et dans les mêmes proportions que les professionnels. A Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), un programme de promotion du bien-être psychique du jeune enfant mené dans deux quartiers prioritaires s'est appuyé sur une participation active des parents – ces derniers ayant été en particulier invités à exprimer leurs besoins lors de visites à domicile. Dans certains territoires comme Matoury, en Guyane, l'accessibilité des soins a été améliorée par la structuration de réseaux d'acteurs – de la périnatalité, dans le cas de Matoury.

Personnels éducatifs, bailleurs sociaux, commerçants... peuvent aussi influencer les "déterminants de santé"

Vis-à-vis des professionnels de terrain, la démarche de coordination et de formation animée par les ASV favorise les échanges et le décloisonnement, la montée en compétence et la promotion d'une approche globale de la santé. "En promouvant une approche globale, les ASV sollicitent non seulement des acteurs du soin, mais aussi des travailleurs sociaux, des personnels éducatifs, des bailleurs sociaux, voire des commerçants", chacun pouvant avoir "une influence sur des déterminants de santé". A Cherbourg (Manche), par exemple, des professionnels très divers – assistants sociaux, infirmiers, conseillers en insertion, animateurs jeunesse… - ont été formés par l'association belge Infirmiers de rue au repérage de la précarité par l'observation de l'hygiène.

Partir d'un problème local pour susciter une mobilisation sur "un projet plus large et global" dans la durée

Quant à l'impact des ASV sur les politiques publiques, le rapport met en avant trois aspects : un rôle de veille et de lanceur d'alerte – sur l'accès à l'offre de soins notamment -, l'interpellation et la mobilisation du droit commun et enfin l'inscription dans une logique de programmation. "Inscrite dans le territoire de proximité, l'ASV part d'un micro-problème local pour mobiliser des acteurs et développer un projet plus large et global".
Ainsi, à Valbonne-Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes), l'ASV s'est saisi de la problématique des conduites addictives des jeunes et a "mobilisé des acteurs (intervenants sociaux, parents d'élèves, enseignants, etc.) pour construire des actions de prévention, de l'école au monde du travail". L'une de ces actions, des consultations préventives tenues notamment dans des établissements scolaires, est désormais assumée par le Centre hospitalier d'Antibes.

Les trois quarts des Ateliers santé ville sont portés par l'échelon communal

Parmi les exemples cités dans ce riche rapport, dix font l'objet d'une description plus détaillée. La PnrASV revient également sur l'articulation entre les ASV et les autres "dispositifs construisant des dynamiques territorialisées en santé", en particulier les contrats locaux de santé – engageant a minima l'Agence régionale de santé, la collectivité et la préfecture et qui "se sont construits en grande partie sur la méthodologie ASV" – et les conseils locaux de santé mentale.
Selon une enquête réalisée en 2013 par l'Acsé, les ASV sont d'abord portés par des communes (54%) ou par des centres communaux d'action sociale (20%), ensuite par des intercommunalités (11%) et des associations (8%). Leur action se déploie majoritairement à l'échelon communal (69%) – "leur périmètre d'intervention est rarement exclusivement le niveau infra-communal des quartiers de la politique de la ville". Les ASV sont financés par l'Etat à environ 45% - via le CGET, après l'Acsé – et par la collectivité porteuse.

 

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