Les associations redoutent une "année noire" pour les sans-abris
Records de demandes non pourvues au 115, hausse des charges locatives en raison de la crise énergétique : les associations de lutte contre la précarité ont exprimé ce mercredi 14 décembre leurs craintes d'une "année noire" pour les personnes sans-abris et mal logées.
Bien que plusieurs départements ont déclenché leur plan grand froid, les inquiétudes restent "fortes et nombreuses", souligne le Collectif des associations unies, qui rassemble 39 organisations parmi lesquelles la Fondation Abbé-Pierre, Emmaüs, la Croix-Rouge ou encore ATD Quart Monde. "On reste sans solution pour des centaines de personnes" sans-abris, dont des familles, avec parfois de très jeunes enfants ou des bébés, a pointé lors d'une conférence de presse en ligne Nathalie Latour, l'une des porte-parole du collectif.
Les services du 115 sont saturés. Le 5 décembre par exemple, 5.014 personnes ont appelé ce numéro d'urgence pour les personnes sans-abris sans obtenir de place d'hébergement, selon des données mises en avant par le collectif.
La situation est particulièrement critique en Seine-Saint-Denis, où de 1.500 à 2.000 personnes tentent chaque jour de joindre le 115, qui n'a pu répondre positivement à quasiment aucune demande ces dernières semaines, selon les associations. Découragées, de nombreuses personnes cessent de recourir au numéro d'urgence.
Environ 200.000 places d'hébergement d'urgence sont disponibles en France, dont 45.000 en Ile-de-France. L'Etat peut déclencher le plan grand froid lorsque les températures minimales ressenties descendent à des niveaux très bas. Des places supplémentaires d'accueil d'urgence sont alors ouvertes dans des bâtiments publics non prévus à cet effet normalement, comme des gymnases ou des écoles.
Déclenché lundi soir, ce plan a permis, dans la nuit de mardi à mercredi, de mettre à l'abri toutes les personnes ayant appelé le 115 en Seine-Saint-Denis, a assuré mercredi l'entourage du ministre délégué à la Ville et au Logement, Olivier Klein. "Parallèlement, il y a des maraudes qui sont faites" afin d'aider également les personnes qui n'appellent pas le 115, précise-t-on dans l'entourage du ministre.
Les associations s'inquiètent en outre des effets de la crise énergétique sur les ménages précaires. "La hausse des charges locatives" va rendre "encore plus difficile" leur accès au logement, estiment-elles. "Le bouclier tarifaire doit être accompagné par des mesures d'aides ciblées", a commenté Manuel Domergue de la Fondation Abbé-Pierre.