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Les acteurs publics du sport tirent les leçons de la crise sanitaire

Un séminaire en ligne organisé par l'Andiiss est revenu sur la façon dont les acteurs institutionnels du sport ont traversé la crise sanitaire. État et collectivités partagent le constat d'une coopération renforcée, de l'essor de l'activité physique autonome et de la nécessité d'encourager la pratique des jeunes.

La crise sanitaire liée à la pandémie n'est pas tout à fait terminée. Mais alors que se profile un retour à la normale dans la vie quotidienne des Français, notamment dans leurs pratiques physiques et sportives, après un an et demi de restrictions, un séminaire en ligne organisé ce 1er juin par l'Andiiss (Association nationale des directeurs et intervenants d'installations et des services des sports) et intitulé "Crise sanitaire et sport : le rebond d'après" a donné l'occasion à différents acteurs institutionnels publics du sport de partager un même constat résumé par la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu : "Cette crise nous a donné l'occasion de collaborer, de travailler ensemble."
Si l'arrêt des activités sportives a été brutal au printemps 2020, "de manière assez rapide, on s'est tous mis en ordre de marche", a commenté Frédéric Sanaur, directeur général de l'Agence nationale du sport (ANS), lequel considère qu'une impulsion très forte a été donnée par le ministère "qui a pris la main sur les sujets [liés à la crise] et a réussi à densifier le dialogue pour le convertir en solutions".

Héritage de la crise

Depuis plus d'un an, de façon sans doute moins attendue que dans d'autres domaines, les acteurs institutionnels du sport se sont donc découvert des talents d'organisateurs de visioconférences. Ces nouvelles interactions, "cette capacité à interagir et à construire ensemble", figurent même, pour Frédéric Sanaur, au rang des "premiers héritages que l'on peut tirer de cette crise". Pour l'ANS, née en avril 2019, l'instant était d'ailleurs crucial. La période 2020/2021 était en effet celle de la mise en place des conférences régionales du sport (CRS). Avec l'installation le 27 mai de la CRS d'Île-de-France – l'avant-dernière en métropole en attendant celle d'Occitanie en juillet –, on peut affirmer que la nouvelle gouvernance territoriale du sport est sur les rails malgré les obstacles que les circonstances sanitaires ont mis sur son chemin.

Le défi du sport autonome

Au-delà de ces aspects coopératifs essentiels, la crise sanitaire a mis en évidence le besoin de faire du sport. "Même quand le sport n'était plus directement organisé, les Françaises et les Français avaient quand même envie de sport, a pointé Marco Sentein, président de l'Andiiss. Une des premières réponses au confinement, dès qu'on a eu la possibilité de sortir, a été de renouer avec la nature, avec une activité physique. Là, on ne parle même pas d'un sport avec des règles ou d'une organisation. On n'a jamais vu autant de personnes marcher, courir ou faire du vélo." Pour le technicien du sport, si l'organisation des activités se fera toujours avec "les indispensables associations et dans nos équipements", on sait désormais que les politiques sportives territoriales ou nationales devront tenir compte d'une pratique plus libre et plus autonome. "Construire une offre de service public du sport qui s'adresse à toutes les envies, c'est le défi qui se présente devant nous", a confié Frédéric Sanaur. 

"Allocation de rentrée sportive"

À côté de la réalité de cette pratique autonome, une autre question – plus délicate – a surgi : celle de la pratique des jeunes que les responsables des politiques sportives vont devoir désormais prendre à bras le corps. "On associait souvent le sport-santé au troisième ou au quatrième âges. On s'est aperçu rapidement qu'à travers les problèmes de la sédentarité et de l'obésité, les mineurs étaient également concernés", a relevé Marco Sentein.
Cette perche tendue à une politique sportive en faveur de la jeunesse a été saisie par Roxana Maracineanu. "L'activité sportive est très importante pour le mental, l'état physique et moral des gens. Nous allons l'accompagner et faire passer le message que le sport est essentiel pour la santé et doit être au cœur de notre quotidien quel que soit notre âge et notre niveau de pratique", a précisé la ministre. Une grande campagne de communication est prévue pour la rentrée. Si les pratiques familiales qui ont vu le jour durant le confinement sont pour Roxana Maracineanu "des moments qu'il faut arriver à reproduire dans le champ sportif", notamment à travers l'action des associations et des collectivités et y compris sur le temps périscolaire, le grand sujet du ministère des Sports à partir de septembre sera bien entendu le Pass sport, une aide de 50 euros pour les jeunes de 6 à 18 ans sous conditions de ressources pour adhérer à un club. La ministre a assuré qu'un enfant sur deux pourrait bénéficier de ce qu'elle nomme déjà une "allocation de rentrée sportive". "On a envie que ce Pass sport soit le levier d'engagement pour les collectivités", a conclu Roxana Maracineanu.