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Aménagement numérique (I) - Les acteurs industriels des RIP se positionnent sur les objets connectés

A l'occasion de son troisième anniversaire, la Fédération des industriels des réseaux d'initiative publique (Firip) réunissait le 3 décembre les membres de la filière autour d'un colloque consacré à l'internet des objets et aux territoires intelligents. Symboliquement organisé à Angers, dans les murs de la Cité de l'Objet connecté, l'occasion était donnée d'échanger sur le futur des réseaux publics et sur les nouvelles perspectives économiques ouvertes par les technologies dans ce domaine.

A la base de la réflexion, une prévision des instituts de prospective, qui annoncent la dispersion de quelques dizaines de milliards d'objets connectés pour les prochaines années. Un phénomène qui, selon les professionnels, doit répondre à des usages et des besoins déjà identifiés mais, surtout, à des services qui restent encore pour la plupart à inventer. Ces objets qui mesurent, comptent, analysent, collectent et stockent des informations en fonction de leur environnement - et qui seront massivement déployés dans les réseaux urbains -, s'appuieront nécessairement sur les réseaux. Or, il en existe deux sortes. D'une part, des réseaux bas débit ne nécessitant pas de licence et utilisant les technologies radio (1) et, d'autre part, des réseaux fibre optique comme ceux que déploient les RIP.
Si jusqu'à présent, les deux architectures semblaient exister indépendamment, les intervenants à la tribune se sont attachés à mettre en évidence de fortes complémentarités. Ainsi, il sera plus économique de connecter les objets ayant un faible besoin de débit aux technologies radios et les objets gros consommateurs de bande passante directement à la fibre optique. Mais la fibre connectera également les concentrateurs chargés de recueillir les données provenant de tous les objets connectés sur la voie publique : capteurs de bruit, capteurs de température, capteurs pour repérer les places de stationnement libres, ramassage des poubelles... On s'attend à des systèmes support fonctionnant sur ce double modèle.
La convergence des RIP et du monde de l'internet des objets, doit, à terme, favoriser la pérennisation de modèles économiques toujours en construction. Si les RIP trouveront de nouveaux débouchés, les industriels des objets connectés trouveront quant à eux des solutions pour le transport de volumes de données qui se trouvent être de plus en plus importants.

Construire des réseaux, connecter les territoires, développer des services

La convergence entre les réseaux bas débit et les RIP demeure pour l'instant de l'ordre de la projection. Les acteurs ont en effet rappelé, à plusieurs reprises, l'importance du développement des infrastructures. Pour le président de l'Avicca, Patrick Chaize (sénateur LR de l'Ain), "les villes et les territoires auront besoin de réseaux efficaces, disponibles et performants" que le statut de "zone fibrée" en cours de définition devrait garantir.
Cherchant pour l'instant à connecter les entreprises et les citoyens, les RIP pourraient désormais se tourner vers les objets connectés et ainsi trouver de nouvelles sources de revenus. Ils pourraient contribuer également à la diffusion des objets connectés sur la zone publique et à l'élargissement des problématiques de la smartcity aux petites villes et, plus largement, aux territoires (voir ci-contre notre interview de Christophe Genter "Objets connectés : une nouvelle chance pour les RIP"). Sur le sujet, la Firip a rappelé, par la voix de Lionel Anselmo, président de la commission SmartGrid/SmartCity, son devoir de pédagogie et d'accompagnement auprès des collectivités.
Enfin, au-delà des aspects techniques, plusieurs questions juridiques ou règlementaires ont été posées autour de l'harmonisation (notamment au niveau européen) des réseaux et sur la gestion ainsi que le stockage des données, afin d'entamer une réflexion sur le sujet.

Réseaux et services à l'adresse de citoyens/usagers

Bien que les échanges aient principalement porté sur la convergence des réseaux et l'apport des RIP pour le développement des territoires intelligents, la place du citoyen dans cet écosystème en construction a également été évoquée. Antoine Darodes, directeur de l'Agence du numérique - qui rassemble le plan France Très Haut débit, la French Tech et le Pôle Société Numérique -, veut associer plus étroitement le citoyen à la révolution numérique. "On sous-estime la capacité des usagers à produire de l'innovation, a-t-il martelé, mais cette capacité doit être mobilisée, organisée pour permettre le croisement des intelligences et jouer ainsi pleinement ce rôle de levier."
Dans cette perspective, il a proposé d'ouvrir plus systématiquement au public les lieux de création et d'expérimentation numérique et a profité de cette tribune pour annoncer le lancement d'un programme d'adaptation et d'ouverture des tiers lieux (espaces de coworking, de formation, de visioconférence…) et la création prochaine d'un label pour identifier ceux qui ouvriront plus largement leurs portes au grand public.

Ivan Eve / EVS

(1) Les trois technologies utilisées actuellement en France sont celles portées par Sigfox, LoRa ou encore Qowisio, une startup angevine.

La Firip et les objets connectés
"Nous nous sommes positionnés sur les objets connectés parce qu'il n'y a tout simplement pas d'objets connectés sans réseau", rappelle Etienne Dugas, président de la Firip fraîchement réélu en marge du colloque lors de la tenue de son assemblée générale annuelle. La Firip n'a pas de commission spécialement dédiée aux objets connectés ni de projets explicitement orientés dans cette direction. Toutefois, son président envisage de se rapprocher des collectivités territoriales afin de mieux identifier leurs besoins et de suivre l'évolution des tendances en la matière.

 

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