Les acteurs de l'ESS en attente de moyens pour "concrétiser" les ambitions gouvernementales

L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire et ESS France saluent la nomination d’un délégué ministériel à l’ESS, jugent globalement positives les intentions d’Olivia Grégoire et demandent au gouvernement de "concrétiser" ses ambitions par des moyens suffisants. Le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) dit également rester "vigilant" sur les moyens.

L’économie sociale et solidaire (ESS) dispose désormais d’une feuille de route gouvernementale, dévoilée en début de semaine par Olivia Grégoire, ministre déléguée en charge des PME (voir notre article), et d’un délégué ministériel en la personne de Maxime Baduel. Ce dernier a été officiellement nommé par un décret publié au Journal officiel du 8 novembre 2023. Cela après la parution, fin octobre, d’un autre décret définissant la mission du délégué ministériel à l’ESS. Outre un rôle de représentation de la ministre "auprès des parties prenantes", le délégué est chargé de déployer la politique en matière d’ESS dans les territoires, de "renforcer le développement" de l’ESS "en identifiant les solutions innovantes" et de "contribuer à l'évaluation de la stratégie nationale et des freins rencontrés par les acteurs" de l’ESS.

Jusqu’à sa nomination, Maxime Baduel était directeur général de l’association Solidarités nouvelles pour le logement, après avoir été conseiller ministériel, notamment auprès d’Olivia Grégoire, sur l’ESS et l’investissement à impact. "Maxime Baduel est un bon choix car il connaît très bien le secteur et a prouvé par son parcours qu’il était en mesure d'en comprendre les enjeux et les attentes", a réagi Hugues Vidor, président de l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes), dans un communiqué du 7 novembre 2023. "Nous nous réjouissons de la perspective de travailler avec un interlocuteur direct en lien avec la ministre, compte tenu des urgences et de nos attentes", ajoute-t-il.

La nécessité d’un "rééquilibrage entre l’économie classique et l’ESS"

Globalement, l’Udes "juge positives les annonces faites par Olivia Grégoire", tout en rappelant sa demande d’un "rééquilibrage entre l’économie classique et l’ESS" via notamment une "nécessaire et urgente réforme de la taxe sur les salaires pour desserrer l’étau sur les associations". Le président de l’Udes met également en avant "la nécessité d’un soutien fort du gouvernement dans le domaine des politiques sociales et de solidarité, en lien avec l’inflation, la hausse du coût de l’énergie, les difficultés de recrutement et de fonctionnement dans le secteur du care". 4 milliards d’euros sont jugés pour cela nécessaires (voir notre article).

Dans un communiqué du 9 novembre 2023, ESS France félicite Maxime Baduel pour sa nomination et estime que ce dernier va "constituer un appui certain" pour la mise en œuvre de la stratégie gouvernementale. La chambre française de l’ESS "regrette néanmoins l’absence d’une dimension interministérielle, qui aurait pourtant été cohérente compte-tenu du caractère transversal de l’ESS, un mode d’entreprendre présent dans tous les secteurs de l’économie". Elle appelle à "concrétiser les engagements en faveur de l’ESS", considérant que "l’ambition affichée de changement d’échelle de l’ESS ne pourra pas aboutir sans l’accès des entreprises de l’ESS à des moyens plus importants". Concernant l’évocation par la ministre d’un contrat de filière centré sur l’ESS, "les travaux de prospective menés par ESS France sur la place de l’ESS dans les filières d’avenir pourraient inspirer plusieurs contrats de filières réservés aux acteurs de l’ESS s’engageant ensemble", suggère ESS France.

A noter que le Réseau des collectivités territoriales pour une économie solidaire (RTES) a récemment publié une étude, réalisée avec le cabinet Les petites rivières, sur "Le rôle des collectivités dans la structuration de filières locales avec et pour l’ESS". "L’heure n’est plus aux demi-mesures", estime le RTES ce 10 novembre, dans un communiqué dans lequel le réseau rappelle que "le rôle des territoires est essentiel et les collectivités doivent pouvoir compter sur des moyens financiers à la hauteur des défis à relever" en matière de transition et de solidarité.

 

Le Mois de l’ESS est lancé

Lors du Mois de l’ESS, des semaines thématiques auront lieu parallèlement aux autres événements dédiés à l’ESS : la Semaine de la finance solidaire (du 13 au 20 novembre), le Festival des solidarités (du 17 novembre au 3 décembre) et la Semaine européenne de la réduction des déchets (du 18 au 26 novembre). Lors du lancement, le 6 novembre 2023, du Mois de l’ESS par ESS France et ses partenaires, dont la Banque des Territoires, un prix de l’ESS a été attribué à l’entreprise Optim'ism pour son tiers-lieu itinérant œuvrant à une meilleure alimentation des personnes en situation de précarité et d’isolement. Et un autre prix a été décerné aux Écoles de la transition écologique (Etre), engagées dans la formation de jeunes en difficulté à des métiers manuels de la transition écologique.