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Législatives : un délicat nuancier politique, qui a évolué à la marge

Chaque candidat aux législatives va se voir attribuer par le préfet une "nuance" politique. Et ce, même s'il se revendique "sans étiquette". Une circulaire rappelle cette formalité et fournit la liste des 19 nuances retenues cette année.

A l'approche des législatives des 12 et 19 juin, le ministère de l'Intérieur vient de diffuser aux préfets une circulaire sur "l'attribution des nuances aux candidats". Les nuances ? Souvenez-vous, le "nuançage", on en avait beaucoup parlé lors des dernières élections municipales, avec la suspension d'une partie des dispositions d'une circulaire très critiquée de Christophe Castaner (voir nos articles ci-dessous). La nouvelle circulaire commence précisément par définir cette notion de nuance politique, pas toujours évidente. Mais devant en tout cas être distinguée de celle d'"étiquette politique".

L'étiquette politique est "librement choisie par le candidat" et librement formulée, sans "catégories ni grilles prédéfinies". Elle peut même "différer du parti indiqué au sein du formulaire de rattachement au titre de la campagne audiovisuelle ou au titre de l'aide publique", et un candidat peut "se déclarer 'sans étiquette' ou n'en déclarer aucune". Bref un candidat se revendique de telle ou telle étiquette.

La nuance politique, elle, n'est pas choisie par le candidat mais par le préfet. Son utilité intervient essentiellement après le scrutin, en tant qu'outil de "lisibilité des résultats des élections pour les citoyens" et d'analyse de ces mêmes résultats. La circulaire fournit en annexe un tableau d'équivalences pour classer les différentes formations politiques dans l'une des 19 nuances ou catégories retenues cette année (voir téléchargement ci-dessous, p. 5). Et invite les préfets à "sélectionner avec soin la nuance [qu'ils attribueront] de manière discrétionnaire à chaque candidat, et ce à partir du faisceau d'indices concordants et objectifs".

Dans certains cas les choses sont simples (lorsque le candidat "est investi ou soutenu par une seule formation politique disposant d'une nuance propre"). Dans d'autres cas, point d'appartenance directe à un parti. Le préfet devra alors lui attribuer une "nuance de sensibilité" ("Extrême gauche", "divers droite", etc.). Et puis il y a ces candidats qui revendiquent une complète indépendance. Le préfet devra tout de même "leur attribuer une nuance de sensibilité au regard notamment de leur trajectoire politique, de leurs prises de position publiques, de leur programme de campagne, ou encore de leur étiquette politique déclarée". Il existe certes une catégorie "Divers" (pas "divers gauche", "divers droite"… non divers tout court), prévue pour "les candidats dont les opinions sont inclassables". Mais les préfets sont invités à l'utiliser le moins possible (et ce, même si le candidat se revendique "sans étiquette" ou "apolitique").

19 nuances cette année donc, contre 17 lors des législatives de 2017. Ce qui a changé ? L'apparition d'une nouvelle catégorie : les "Divers centre". Mais aussi l'apparition du Reconquête d'Eric Zemmour, le Front national devenu Rassemblement national et le mouvement Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan se trouvant fondu dans une catégorie "Droite souverainiste".

Lors du dépôt de sa candidature, le candidat recevra la grille des nuances. L'attribution de la nuance ne sera inscrite qu'au moment de l'enregistrement de la candidature dans l'application "Election" du ministère… et cette nuance sera évidemment publique. Un candidat peut demander rectification. Mais la chose doit "rester exceptionnelle" et se limiter "aux cas où les informations concernant le candidat sont inexactes".