Laïcité - Le vade-mecum de l'AMF et la vraie-fausse polémique des crèches de Noël
"Nous appelons l'Association des maires de France à retirer son 'vade-mecum de la laïcité' et toutes les communes à en refuser toute transposition. Nous partageons la valeur de laïcité dans la République mais nous refusons qu'elle s'exprime dans un sentiment antireligieux." Ces lignes sont signées Hervé Mariton, député de la Drôme, et Philippe Gosselin, député de la Manche, qui lancent une pétition en ce sens. Une pétition qui a été largement diffusée, de sorte que même le JT de France 2 ou la Matinale de France Inter s'en sont fait l'écho. En s'intéressant notamment à la dernière phrase du message des deux élus : "Et nous n'acceptons pas le refus des crèches de Noël…".
Certes, à l'approche des fêtes, le sujet des crèches se pose concrètement çà et là. Mais qu'on le veuille ou non, choisir de questionner ces jours-ci l'enjeu de la laïcité n'est guère neutre et les propos des uns et des autres ne sont guère dépourvus de sous-texte. Et l'approche des régionales n'arrange sans doute pas les choses.
Diverses personnalités politiques ont du coup été invitées à s'exprimer sur le sujet. Tel Xavier Bertrand (LR), qui n'entend "pas oublier que la France est un pays laïc de tradition chrétienne" et invite à garder les crèches dans les mairies "s'il y en a déjà eu". Tel, encore, Bernard Accoyer, qui plaide pour une laïcité non "dogmatique" qui "doit être appliquée avec raison et mesure". Le député LR du Vaucluse Julien Aubert a quant à lui carrément indiqué avoir déposé des propositions de loi pour "défendre le folklore provençal et l'installation des crèches de Noël". Il s'agirait de compléter la loi de 1905 en ajoutant dans les cas d'exceptions à l'interdiction d'apposition de signe ou emblème religieux la présence temporaire de crèches de Noël.
Tout ceci fait suite à la publication par l'AMF, il y a tout juste une semaine - lors du rassemblement des maires le 18 novembre à Paris -, d'un document devant servir d'outil d'aide à la décision pour les élus locaux régulièrement confrontés à des questions liées à la laïcité dans divers champs de "la vie communale" – subventions aux associations, prêt de salles municipales, cantines, petites enfance, égalité hommes-femmes, sorties scolaires, gestion des ressources humaines… Les crèches de Noël n'y occupent donc qu'une place mineure.
"Ce vade-mecum repose sur une approche rigoureuse, juridique, inattaquable", avait commenté le président de l'AMF, François Baroin, ajoutant qu'il existe effectivement "encore beaucoup de zones grises", notamment en termes de jurisprudence (voir notre article du 18 novembre). D'où, précisément, l'utilité d'un guide. Décidée dès novembre 2014, son élaboration avait été accélérée après les attentats de janvier 2015 et ses grandes lignes avaient déjà été présentées en juin dernier (voir notre article du 24 juin).
Trois maires FN de Cogolin, Fréjus et Luc-en-Provence ont annoncé ce mercredi 25 novembre leur départ de l'AMF, ne souhaitant plus "faire partie d'une association qui sous prétexte de respecter la laïcité, bafoue la culture et les traditions de notre pays", selon les termes d'un communiqué du Front national.