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Le Tour de France à l'épreuve du Covid

Reportée, la Grande Boucle prendra son envol samedi 29 août à Nice, dans un territoire qui vient de repasser en "zone rouge Covid". Plus que jamais, l’épreuve s’annonce aussi difficile pour les coureurs que pour les autorités chargées d’en assurer la sécurité !

Avec deux mois de retard, le Tour de France prendra bien son envol samedi 29 août, à Nice. Le Premier ministre l’a confirmé lors de sa conférence de presse ce 27 août. L’épreuve se déroulera toutefois dans un contexte finalement plus défavorable que si elle s’était tenue comme prévu, en juillet. Le département des Alpes-Maritimes, qui accueillera les trois premières étapes, vient en effet d’être rebasculé en "zone rouge Covid". Plus que jamais, cette épreuve sportive surhumaine le sera donc tout autant pour l’ensemble des services chargés d’en assurer la sécurité. 

Un tour à huis-clos ?

Alors que la Grande Boucle réunit habituellement plusieurs millions de spectateurs sur les routes, les forces de sécurité devront notamment veiller à ce que les rassemblements ne dépassent pas – au mieux – les 5.000 personnes, au respect du port du masque sur les sites de départs et d’arrivées, "ainsi que sur l’ensemble du parcours" au moins lors des premières étapes, etc. Dans les départements les plus touchés, la jauge pourra être réduite, voire même la présence du public tout simplement interdite. Cela fut déjà le cas hier, lors de la présentation des équipes, où elle a été abaissée à 1.000 personnes. Plus encore, le départ devrait avoir lieu "quasiment à huis-clos", a annoncé le préfet des Alpes-Maritimes en conférence de presse tenue elle-aussi ce 27 août. Des panneaux occultants devraient ainsi être disposés dans les zones de départ et d’arrivée afin de dissuader fans et curieux. L’accès à plusieurs cols des deux premières étapes sera également interdit aux véhicules motorisés. Tout en poursuivant l'objectif "que les spectateurs ne soient pas agglutinés au pied des cols. On va disperser les gens", a précisé le représentant de l’État. Sacré challenge en perspective !

Les préfets à la manœuvre

Pour le relever, les services de l’État seront évidemment en première ligne. Consultés avant la signature de l’arrêté ministériel autorisant l’épreuve, c’est aux préfets qu’il revient de déterminer les conditions de passage du tour – usage privatif de la voie publique, emplacement du public… – et de coordonner les différents services de l’État et des collectivités : forces de l’ordre, Sdis, DDT, DIR, conseils départementaux, mairies… Le préfet des Alpes-Maritimes a ainsi approuvé le 27 août un "dispositif Orsec spécifique départemental Tour de France" applicable du 27 au 31 août. L’ensemble du dispositif étant placé sous la supervision d’un "sous-préfet du Tour", affecté spécialement à l’épreuve. 

Plus de 40.000 agents de l’État mobilisés

Les forces en présence sont à l’image du Tour : hors norme. Dans un communiqué de presse consacré à "la sécurité sur le Tour de France 2020", le ministre de l’Intérieur a dressé la liste des agents de l’État mobilisés : plus de 19.000 sapeurs-pompiers, 14.000 gendarmes qui assureront plus particulièrement la sécurité des spectateurs, un escadron motocycliste de la garde républicaine se chargeant des coureurs et suiveurs, ou encore 6.000 agents de la police nationale (dont deux compagnies de CRS dédiées), notamment chargés de la surveillance et de la protection des zones de départ et d’arrivée.

Les collectivités sensibilisent… 

Les collectivités sont évidemment elles aussi concernées au premier chef, même si le communiqué de la place Beauvau se borne à mentionner l’opération "Témoins de sécurité", naguère organisée par la gendarmerie en partenariat avec l’Association des maires de France. Un peu court, d’autant que cette action, conduite initialement avec Prévention Maif, n’existe plus depuis trois ans ! Ses modalités – sensibilisation par les communes traversées de leurs administrés aux comportements à adopter lors du passage de la course – demeurent toutefois. 307 communes – soit presque la moitié des communes concernées – participeront ainsi cette année à cette "Opération prévention" (son nouveau nom), toujours conduite par la gendarmerie.

… et sécurisent !

Naturellement, l’implication des collectivités va bien au-delà de cette campagne de sensibilisation, comme en témoigne, par exemple, l’arrêté du préfet des Alpes-Maritimes fixant les conditions de passage du Tour. Le texte dispose ainsi que "les maires doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour dévier la circulation générale" pendant la durée des interdictions de circulation sur les routes empruntées par l’épreuve (deux heures avant le passage de la course ou de la caravane et une heure et demie après le passage de la voiture balai), ou encore que "les autorités administratives gestionnaires des voies doivent prendre toute mesure utile pour assurer la sécurité du public et des concurrents en disposant notamment des barrières et autres protections aux endroits les plus exposés", le stationnement devant être par ailleurs interdit dans différentes zones listées (zones de ravitaillement, virages à angle droit ou en épingle à cheveux et faisant suite à une longue ligne droit ou à une descente rapide, etc.). Sans parler de l’action déterminante des services des départements pour préparer la chaussée et ses alentours (v. notre reportage).

La pression sera également forte sur les épaules de l’organisateur. Lors de sa conférence de presse, le Premier ministre a ainsi indiqué que "les lieux de rassemblement un peu anarchiques sont les endroits où il n’y a pas d’organisateur. Le Tour de France dispose d’un organisateur". Sur son site, ce dernier se borne pour l’heure à communiquer sur ses mesures "2020" : 2 mètres de distance avec les coureurs, 0 autographe, 2 gestes barrières (masque et gel), 0 selfie.