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Très haut débit - Le torchon brûle entre SFR et les RIP

Le jeudi 13 juillet, la région Grand Est devrait finaliser la sélection de l'opérateur de son réseau d'initiative publique (RIP), écartant SFR. Fin juin, le directeur général de l'opérateur, Michel Paulin, avait anticipé cette éviction en menaçant la région de déployer un réseau de fibre optique concurrent. Le mardi 11 juillet, dans un entretien aux Echos, il va encore plus loin en affichant l'intention de passer outre les procédures RIP et de fibrer tout le territoire actuellement privé de THD. Une stratégie de la provocation, qui pourrait être destinée à rééquilibrer les rapports de force entre les différents acteurs de l'aménagement numérique.

Le jeudi 13 juillet devrait rester comme un jour dense dans la saga du très haut débit français. La région Grand Est doit confirmer la décision d'attribution de son réseau d'initiative publique - le plus massif à ce jour, soit 930.000 prises pour un investissement potentiel d'1,3 milliard d'euros. En parallèle, trois secrétaires d'Etat (Mounir Mahjoubi, Julien Denormandie et Benjamin Griveaux) reçoivent des acteurs de la filière des RIP. En amont de ces échéances, SFR a décidé de mettre le feu aux poudres pour faire bouger les lignes du rapport de force entre l'Etat, les collectivités et les opérateurs.
Craignant de se faire doubler par le consortium NGE-Altitude pour l'attribution du RIP de la région Grand Est, SFR a affirmé, fin juin, être en mesure de déployer sa propre infrastructure de fibre optique. Le président de la région Grand Est, Philippe Richert, a répondu par courrier que de tels propos pourraient relever de l'intimidation de la personne publique. Pourtant, le directeur général de SFR Michel Paulin n'a pas hésité à doubler la mise. Dans un entretien aux Echos, le mardi 11 juillet, il annonce que SFR est capable de fibrer lui-même le territoire, avec un objectif de couverture à 100% en 2025. Il laisse même entendre qu'il pourrait déployer dans des zones déjà couvertes par les RIP.
Interrogé mardi martin par Localtis sur les intentions de SFR en région Grand Est, Sébastien Soriano, le président de l'Arcep, se voulait conciliant. "On peut voir le verre à moitié plein : c'est que les opérateurs alternatifs ont réellement envie d'investir. Pour autant, on sait que la concurrence par les infrastructures n'est pas un modèle viable en territoires peu denses. Il faut agir en bonne intelligence avec les collectivités". Du côté des collectivités justement, l'Avicca ne souhaite pas pour l'heure commenter les soubresauts de SFR. Si l'opérateur souhaitait, avec ses menaces, favoriser un redécoupage des zones d'initiative privée (ou Amii) en sa faveur et au détriment d'Orange, il ne trouverait plus en les collectivités un soutien de sa requête. Même si la saillie de Michel Paulin se révélait sans avenir, elle risque de laisser des traces.

 

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