Le territoire Aurillac-Figeac-Rodez : un cas d’école étudié par la Fabrique de l’industrie
Une étude sur le Territoire d’industrie Aurillac-Figeac-Rodez produite par l’Observatoire des territoires d’industrie (Fabrique de l’industrie) met en lumière sa spécificité : un territoire qui a donné naissance à de nombreuses PME industrielles bien qu’étant implanté en milieu rural et géographiquement enclavé. La coopération des acteurs joue un rôle central dans la dynamique de ce territoire. En projet : le développement d’un cluster local dédié au bois qui permettrait de faire émerger un nouveau réseau d’acteurs entre Aurillac et Figeac-Rodez.
© AR avec Observatoire des territoires ANCT
Ruralité et enclavement géographique ne sont pas forcément incompatibles avec le développement industriel d’un territoire. C’est ce que montre une étude sur le Territoire d’industrie Aurillac-Figeac-Rodez publiée en décembre 2024 par Bastien Bezzon pour l’Observatoire des territoires d’industrie animé par la Fabrique de l’industrie. D’un côté, Figeac et Rodez se caractérisent par un très fort dynamisme dans les activités mécaniques, au service des secteurs aéronautique et automobile notamment, grâce à la présence de nombreux sous-traitants. De l’autre, les bassins d’Aurillac et de Saint-Flour ont un profil industriel tourné vers les domaines de l'agroalimentaire, de la transformation du bois, de la plasturgie et de la pharmacie.
Surtout, "ce territoire connaît une évolution positive de l’emploi industriel [entre 2013 et 2023], supérieure à celle observée à l’échelle nationale", selon l’étude. L’emploi salarié privé industriel a augmenté de 2,25%, contre 1,5% au niveau national. Sur les 17 intercommunalités composant le Territoire d’industrie Aurillac-Figeac-Rodez – qui s’étend sur trois départements (Aveyron, Lot et Cantal) situés dans deux régions (Occitanie et Auvergne-Rhône-Alpes), dix ont connu une croissance de leur emploi industriel sur la période. "Dans chacune d’elles, le poids de l’industrie dans l’emploi total est supérieur à 12%, ce qui illustre leur identité industrielle (et justifie leur inclusion dans le programme Territoires d’industrie)".
Le rôle central de la coopération des acteurs
La coopération des acteurs joue un rôle central dans la dynamique industrielle de ce territoire. Le dynamisme de l’axe Figeac-Rodez doit ainsi "beaucoup à l’action d’un entrepreneur politique, Martin Malvy, et de deux dirigeants de [l’entreprise] Ratier-Figeac entre les années 1980 et 2010." Vice-président du conseil général du Lot (1970-2001), maire de Figeac (1977-2001), président du Grand-Figeac (2014-2018), président de la région Midi-Pyrénées puis Occitanie (1998-2015) et député du Lot à plusieurs reprises dans les années 1980 et 1990, Martin Malvy a "posé de nombreux jalons dans les territoires lotois et régional, les dotant de nombreuses ressources matérielles ou idéelles".
La Mecanic Vallée – un cluster d’environ 200 entreprises et 12.000 emplois -, fondée en 1998 demeure aujourd’hui l’une des figures emblématiques de la dynamique de ce Territoire d’industrie. Le groupe Ratier Figeac, fabricant d’hélices devenu équipementier pour Airbus, Boeing, ATR, Dassault ou Bombardier, installé sur le territoire à la fin des années 1930 fait partie des entreprises qui ont mis en œuvre "une stratégie d’essaimage" à la fin des années 1980, ayant permis la création de nombreuses entreprises locales.
La Mecanic Vallée, une communauté d’entraide
Pour les entreprises qui la composent, la Mecanic Vallée est une communauté d’entraide. Elle permet notamment de maintenir les savoir-faire en matière de mécanique en créant une offre de formation de proximité répondant aux besoins de qualification des entreprises locales. C’est ainsi qu’a vu le jour l’IUT de Figeac dans les années 1990.
D’autres réseaux se sont récemment créés comme le pôle territorial de coopération économique (PTCE) Figeacteurs en 2015, "qui accompagne le développement d’activités dans le territoire, y compris parfois en association avec la Mecanic Vallée". La présence de la région puis, plus récemment, celle de Bpifrance, constituent "des atouts supplémentaires pour la construction de coopérations public-privé". Les programmes en faveur de la réindustrialisation – Territoires d’industrie, Rebond industriel – ont également permis la réalisation de projets industriels.
En concluant son étude, Bastien Bezzon nuance son portrait du "cas d’école" que constitue le Territoire d’industrie Aurillac-Figeac-Rodez. "Aucun réseau notable n’est apparu entre Aurillac et Figeac-Rodez au cours de nos entretiens, que ce soit dans une filière, dans des métiers ou dans les compétences des acteurs publics", écrit-il. La structuration de la filière bois censée couvrir l’ensemble du territoire labellisé et l’émergence d’un nouveau réseau d’acteurs est donc "à suivre attentivement".
