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Environnement - Le secteur des déchets, un employeur à part entière

L'Observatoire régional des déchets d'Ile-de-France (Ordif) estime que ce secteur génère 130.000 emplois dans l'Hexagone et au moins 22.000 en Ile-de-France. Les structures d'insertion continuent d'y jouer un rôle central.

Lors d'un point réalisé le 16 avril par l'Ordif, les emplois générés par les activités de collecte et de traitement des déchets ont été passés au crible. Concentrés dans le secteur privé, ils sont aussi en croissance dans les collectivités et les structures d'insertion. Dans l'ensemble, les effectifs ont gagné plus de 15% ces dix dernières années. Et bien plus dans certains établissements.
Par exemple, le Sigidurs (Syndicat mixte pour la gestion et l'incinération des déchets urbains de la région de Sarcelles), qui collecte, traite et valorise les déchets ménagers pour le compte d'une quarantaine de communes du Val-d'Oise, a quadruplé ses équipes en quelques années. Il dispose d'une quarantaine d'agents, dont la moitié affectés à la collecte. Laquelle n'est pourtant pas effectuée en régie. Nathalie Desbouis, directrice générale adjoint de ce syndicat, témoigne : "Nos prestataires privés savent faire. Nos agents assurent le pilotage, la gestion, le suivi. Ils mettent en place des partenariats - c'est un peu notre cœur de métier - et mènent des projets qui ont eux-mêmes conduit à créer des postes. Des emplois jeunes sont devenus responsables de projets, un technicien est en train de passer chef de l'usine d'incinération. Sept emplois d'avenir sont attendus : ce fut un parcours du combattant pour les embaucher mais c'est réglé. Il y a une professionnalisation, une féminisation de nos métiers. Lesquels ne sont pas sous-qualifiés : nos ambassadeurs du tri ou animateurs en milieu scolaire ont souvent un bac +2. Ils représentent la collectivité sur le terrain et sont accompagnés de près dans leurs missions."

Structuration et concurrence

Quant aux acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS), qui ont longtemps été seuls en lice à collecter des déchets dont personne ne voulait, ils ont été impactés par le mouvement de structuration de filières. "Alors que nous étions positionnés sur la partie traitement, par exemple pour le recyclage du verre ou du carton, nous basculons désormais vers la partie prévention. Le réemploi, avec 27 structures Emmaüs en Ile-de-France, reste dynamique et nous veillons de près à ce qu'il se maintienne", précise Stéphanie Mabileau, responsable Filières environnementales chez Emmaüs. Maintenir le niveau d'emploi sur des terrains aussi historiques que la collecte des vêtements usagés reste un cheval de bataille. Car la concurrence s'y raffermit. Par ailleurs, la rationalisation des filières conduit ces acteurs de l'insertion, comme l'indique Stéphanie Mabileau, "à se positionner plus nettement sur les appels d'offres des éco-organismes". Selon elle, l'intégration de clauses sociales dans les appels d'offres des opérateurs reste un levier à mieux actionner. Autre levier plus pratico-pratique, qui concerne les collectivités, les horaires des déchetteries : en travaillant dessus, certaines parviennent à pérenniser des postes.
"La formation, les clauses sociales, c'est bien, mais encore faut-il orienter nos employés en insertion vers les métiers de demain. C'est là toute la difficulté", ajoute Christian Larribe, chargé d'accompagnement et de relation employeurs chez Espaces.
Cette association, bien connue des élus franciliens dans le secteur des espaces verts, multiplie les chantiers liés au nettoyage et à l'entretien. "Nous avons nettoyé la petite ceinture ferroviaire, décroché un contrat avec une agglomération et ramassons les déchets du Domaine national de Saint-Cloud", poursuit-il.

Nouvelles filières

Enfin, un gisement d'emplois est à surveiller du côté des jeunes ou nouvelles filières. Par exemple dans la collecte et le traitement des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE). "En France, 7 kg sont collectés en moyenne par an et par habitant. Contre cinq fois moins en Ile-de-France. Beaucoup reste donc à faire et nous y travaillons avec les collectivités", souligne Guillaume Duparay, directeur des partenaires de la collecte chez Eco-Systèmes. D'ores et déjà, la plateforme d'information visant les habitants, que l'éco-organisme vient de lancer sur son site, affiche de bons résultats. "De gros moyens vont bientôt être mis en face", promet Guillaume Duparay.