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Personnes âgées - Le rapport Boulmier propose d'accompagner le vieillissement dans le logement

En mars dernier, Christine Boutin, alors ministre du Logement, confiait à Muriel Boulmier, une mission sur la prise en compte du vieillissement dans les politiques du logement (voir notre article ci-contre du 23 mars 2009). Présidente du groupe de travail "Changement démographique et vieillissement" à la Fédération européenne du logement social, membre du comité exécutif de l'Union sociale pour l'habitat (USH) et vice-présidente du conseil économique et social de la région Aquitaine, celle-ci vient de remettre son rapport. Intitulé "L'adaptation de l'habitat à l'évolution démographique : un chantier d'avenir", il s'appuie sur des projections démographiques bien connues (comme la multiplication par trois et par quatre du nombre des plus de 75 ans et des plus de 85 ans à l'horizon 2030) pour en tirer des conclusions en termes d'évolution de l'habitat. Cette approche conduit le rapport à affiner la notion sommaire de vieillissement en distinguant plusieurs tranches d'âge : 60-75 ans (seniors actifs), 75-85 ans (l'âge des "poly-mini-handicaps") et les plus de 85 ans "qui peuvent être confrontés à la dépendance". Cette progressivité des âges se retrouve également dans la manière d'habiter. Face à ces évolutions, la politique du logement doit répondre à plusieurs défis : adaptation des domiciles, prise en compte de la fragilité économique des personnes âgées, prévention des risques liés à la fragilité physique (accidents de la vie courante), coordination des différents acteurs concernés, ou encore valorisation des emplois liés aux nouveaux besoins. Pour répondre à ces défis, le rapport Boulmier identifie cependant un certain nombre de facteurs favorables, comme le développement des NTIC ou celui des politiques globales en direction des personnes âgées. Sur la question du déménagement ou de l'adaptation du logement, il tranche clairement en faveur de la seconde solution, ce qui suppose d'intégrer l'adaptabilité des logements dès leur conception.
Cette réflexion d'ensemble sur les enjeux stratégiques se traduit par une trentaine de préconisations concrètes, regroupées en sept grands axes. Le premier consiste à faire de l'adaptation de l'habitat au vieillissement un axe fort de la politique du logement, notamment à travers le renforcement du volet habitat dans le plan "Bien vieillir 2". Le second consiste à "professionnaliser" les interventions et les métiers en matière d'adaptation du logement. Ceci passe en particulier par le développement de labels de qualité professionnels et de la valorisation des acquis de l'expérience (VAE). Le troisième axe vise, pour sa part, à mobiliser les professionnels et à développer les partenariats : prise en compte des évolutions démographiques dans les documents d'urbanisme (Scot, PLU, PDU et PLH), réactivation des "plans locaux habitat service", organisation d'échanges et de réflexions entre les acteurs...
Le quatrième axe est désormais plus classique, puisqu'il vise à développer l'intergénérationnel au sein de l'habitat, approche qui ne rencontre jusqu'à présent qu'un succès très relatif. Le cinquième axe est centré sur les questions de financement avec, entre autres, la proposition - qui ne manquera pas de faire réagir les départements - de faire davantage appel aux chèques emploi service universel (Cesu) préfinancés par l'allocation personnalisé d'autonomie (APA). Enfin les deux derniers axes de recommandations abordés par le rapport portent sur le renforcement de la coopération européenne en la matière - en lien direct avec les mandats de Muriel Boulmier - et sur les actions de communication à mettre en place pour sensibiliser le public à ces enjeux. Avec une idée originale à ce titre : proposer aux "grandes émissions populaires de décoration" de traiter du thème de l'adaptation du logement aux besoins des seniors.
 

Jean-Noël Escudié / PCA