Le nouveau plan Loup 2024-2029 publié

Vivement critiqué par les associations de défense de l'environnement, le nouveau plan Loup 2024-2029, qui entend à la fois poursuivre la protection de l’espèce et mieux accompagner la profession agricole face à la menace de la prédation, a été publié par le gouvernement ce 23 février. Ce même jour sont aussi parus les premiers textes d'application du plan, visant à assouplir les règles pour les tirs de défense et à revaloriser les barèmes d'indemnisation des élevages touchés par des attaques.

À la veille de l'inauguration du Salon de l'agriculture, le gouvernement a publié ce 23 février le nouveau plan Loup 2024-2029 qui, comme son prédécesseur couvrant la période 2018-2023, a connu une gestation difficile et continue à susciter de vives critiques de de la part des associations de défense de l'environnement (voir notre article du 21 février 2024).

Vers une probable évolution du classement de l'espèce

Le nouveau plan national d'action part du postulat que les précédents plans ont permis d’atteindre le seuil de viabilité démographique du loup en France ­- en septembre dernier, le nombre de loups présents sur le territoire avait été estimé à environ 1.100 individus, soit plus du double de la population de 2018. "La population de cette espèce protégée est en croissance dans plusieurs départements et le front de colonisation s’étend", fait valoir le gouvernement qui dit soutenir la procédure engagée par la Commission européenne sur le sujet du reclassement du loup d’espèce "strictement protégée" à espèce "protégée" sur le fondement des données scientifiques qui permettent de caractériser un meilleur état écologique des populations de loup en Europe (voir notre article du 2 février 2024). Cela permettra de "passer à une logique de gestion de la population lupine mais aussi de passer d'une logique de défense à une logique de prévention des attaques", souligne le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, dans un communiqué. Cette évolution de statut qui doit être entérinée par la convention de Berne avant d'être votée au niveau européen permettrait des "tirs préventifs" pour mieux contrôler la croissance démographique des loups, explique-t-on, de source gouvernementale.

Le nouveau plan national se donne donc pour ambition de "poursuivre la protection de l’espèce, mais aussi de mieux accompagner la profession agricole face à la menace de la prédation", le tout en "confortant également le dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés", souligne le gouvernement.

Ancrage "dans le réel"

"J’ai voulu que le plan national d’actions [PNA] 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage s’ancre pleinement dans le réel, a déclaré Marc Fesneau. Réalité scientifique : celle de la conservation de l’espèce qui est désormais assurée. Réalité vécue par les éleveurs : celle de l’augmentation des attaques de loups qui mettent en danger les activités d’élevage, en particulier le pastoralisme, mais qui aussi créent des tensions légitimes et entretient un sentiment d’abandon. Ce PNA est donc celui d’un rééquilibrage pour concilier conservation de l’espèce et sauvegarde des activités d’élevage." "Concilier souveraineté alimentaire et transition écologique, et en particulier préservation de la biodiversité, est notre ambition, a fait valoir de son côté Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Ce plan s’inscrit dans cette droite ligne. La décorrélation entre la croissance du loup et l’évolution d’animaux d’élevage prédatés démontre que ce chemin est possible, si l’on apporte aux éleveurs des solutions de protection efficaces et des moyens de défendre leurs troupeaux. La méthode de travail est claire : une méthode de comptage robuste, des outils de gestion et de protection efficaces, un accompagnement qui ne laisse aucun éleveur de côté, une gouvernance ouverte avec les parties prenantes."

Le PNA prévoit ainsi le financement de plusieurs mesures de recherche dont une étude sur les apports écosystémiques de la présence lupine et sur les nouveaux outils de protection innovants. Avec un budget de 2,5 millions d'euros sur 2024-2029, le volet "protection" prévoit de développer de nouveaux moyens, comme l'utilisation de drones ou de l'effarouchement avec les phéromones. Le quota d'abattage reste, lui, inchangé, à 19% de la population recensée chaque année - soit 209 en 2023. La méthode de comptage sera modifiée avec une technique "captage-marquage aux captures" pour une publication annuelle permettant d'établir le nombre maximal de loups pouvant être tirés, selon le ministère.

Trois textes d'application publiés

Alors que les attaques de bétail sont passées de 11.080 en 2017 à 12.500, le gouvernement a publié en même temps que le plan trois de ses textes d'application. En ce qui concerne les tirs de défense, un nouvel arrêté-cadre permet notamment l’usage des caméras d’observation nocturne, supprime l’obligation d’éclairage pour les louvetiers et permet de passer à deux tireurs, voire trois (selon les circonstances locales), pour les tirs de défense simple.

Une instruction technique aux préfets, signée de la préfète Auvergne-Rhône-Alpes, chargée de la coordination du plan, accélère les procédures de délivrance des autorisations de tir (maximum 48h après attaque) ainsi que le déploiement des louvetiers (sous 48h si une autorisation est déjà accordée, 72h si une nouvelle autorisation est nécessaire). Elle demande également aux préfets de spécialiser des louvetiers sur les tirs de loups.

Enfin, les barèmes d’indemnisation des dommages causés aux élevages par les prédations par le loup, l’ours et le lynx (pertes directes) sont revalorisés par arrêté à hauteur de +33% pour les ovins et de +25% pour les caprins.

 

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