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Education/Numérique - Le ministère de l'Education crée une direction sur le numérique et renforce sa coopération avec les collectivités

L'Education nationale vient d'officialiser par décret la création de la Direction du numérique pour l'éducation (DNE). Cette nouvelle entité administrative, qui était inscrite dans la loi d'orientation et de programmation pour la Refondation de l'école du 8 juillet 2013, constitue une des briques maîtresses de la mise en ordre de bataille du ministère sur le numérique. La nouvelle entité va également s'insérer dans le processus de coopération engagé avec l'autre acteur majeur du numérique que sont les collectivités territoriales. Si la volonté de rééquilibrer les relations semble réelle, la réorganisation pourrait toutefois se révéler plus complexe que prévu.
"Nous allons nous concentrer sur les usages pédagogiques, la production de ressources et de services à destination des élèves, les rendre accessibles via les environnements numériques de travail, traiter de la formation des enseignants, du développement des services en ligne et des infrastructures", a résumé Catherine Becchetti-Bizot, inspectrice générale de l'Education nationale chargée de la mise en place de cette nouvelle direction administrative, lors d'un récent déjeuner de presse organisé au ministère.

Pilotage du numérique éducatif, des technologies et des systèmes d'information

Comme toute structure transversale, la DNE va faire de la mise en synergie des acteurs avec une attention particulière pour les services déconcentrés. C'est là en effet que se situent les principaux réseaux de compétences, d’expertises et de savoir-faire pour relayer la stratégie numérique du ministère. Sur le plan opérationnel, la DNE va s'appuyer sur deux services : le premier, axé sur la pédagogie, se consacre au développement du numérique éducatif et l'autre plutôt aux fonctions support, c'est-à-dire aux technologies et systèmes d'information. Ainsi, logiquement, dans l'organigramme du ministère, la DNE sera rattachée à la direction de l'enseignement scolaire, d'une part, et au secrétariat général, d'autre part. Ce double croisement devrait lui donner la visibilité nécessaire pour élaborer des politiques numériques, de nouveaux produits et services. Elle sera également dotée d'une compétence générale en matière de "pilotage" et "de mise en œuvre des systèmes d'information" afin de disposer de la capacité nécessaire de saisine des autres directions. L'innovation sera également de la partie avec la création d'une structure d'incubation de projets numériques, le "numérilab", chargé notamment de mutualiser et valoriser "les grands projets innovants". La relation avec les collectivités territoriales représentera une part significative de l'activité de la DNE sans que des précisions n'aient encore été données sur ce point, le montage organisationnel n'étant pas totalement finalisé.

Les délégués académiques numériques déjà opérationnels

On sait toutefois que sur le terrain cette nouvelle relation prend déjà forme. Bien que leur nomination n'ait pas encore été formalisée par décret, les 32 délégués académiques numériques (DAN) sont déjà à pied d'œuvre depuis plusieurs semaines. Placés sous l'autorité du recteur dont ils sont les conseillers, ils ont en charge la coordination et le pilotage du travail des équipes académiques sur le numérique et deviennent les interlocuteurs privilégiés des collectivités. Beaucoup ont déjà établi un contact, voire même amorcé le dialogue. Quelques conventions ont même été déjà signées. L'outil contractuel est important car il doit permettre "de clarifier les rôles et les responsabilités des différentes parties prenantes, de s'accorder en amont sur les contributions respectives, les objectifs et l'évaluation des projets", explique-t-on au ministère.

Coopération avec les collectivités : quelques signes encourageants

Sur le terrain, l'ambiance demeure plutôt tendue car, malgré une clarification des rôles, le partage des compétences reste particulièrement difficile à appliquer tant les systèmes d'information sont imbriqués. Gilles Braun, conseiller ministériel en charge du numérique éducatif, résume en quelques phrases la règle qui s'applique désormais : "Tout ce qui est relatif à l'accueil de la pédagogie est sous la responsabilité des collectivités territoriales, tout ce qui est de l'ordre de la pédagogie relève de l'Etat et de ses services déconcentrés." Dans les faits, ce principe général confie la responsabilité de la gestion informatique et de la maintenance aux collectivités mais laisse par exemple à l'éducation la main sur les logiciels pédagogiques. Si la répartition n'est pas discutable, l'optimisation des systèmes d'information peut rapidement tourner au "casse-tête" et même limiter les perspectives de mutualisation et de virtualisation ; ce qui, à l'ère du très haut débit et du cloud, risque rapidement de devenir inopérant. "Le numérique éducatif doit devenir un vrai dossier partagé et pas une ligne de front. Une fois le cadre posé il est indispensable qu'une gouvernance se mette en place pour régler les problèmes qui ne sont pas toujours simples localement", reconnaît Gilles Braun.
De fait, le ministère poursuit la mise en place du dispositif pour parvenir à des solutions performantes sur le terrain. A côté de la nouvelle direction et des délégués académiques numériques, les opérateurs publics de l'Education nationale ont également été réorganisés. Ainsi, le Centre national de documentation pédagogique et ses centres régionaux deviennent le réseau Canopé qui va également se rapprocher des collectivités locales sur le volet de l'ingéniérie pédagogique. le programme expérimental des collèges connectés devient aussi un terrain d'apprentissage et de dialogue concret appelé sans doute à se développer et les dernières annonces du Plan d'urgence pour connecter 16.000 écoles primaires en haut débit sont autant de signes positifs, qu'il faudra, cependant, transformer.
La volonté de construire sur de nouvelles bases, plus souples, collaboratives et consensuelles ne fait pas de doute, avec toutefois la conscience partagée que la transition sera difficile. L'effort est toutefois reconnu de part et d'autre. Les associations d’élus présentes le 5 décembre 2013  à Lyon, lors de la première journée de concertation commune organisée sur le numérique à l’école, ont reconnu le changement de posture et ont signé conjointement avec le ministère un communiqué saluant le nouveau dialogue qui s'engage.