Education - Le métier d'enseignant serait toujours attractif... mais pas partout
Le Cnesco publie un rapport "scientifique" proposant une analyse de l'attractivité du métier d'enseignant qui "ne permettrait pas de conclure à une crise globale d'attractivité mais plutôt à des difficultés sectorielles, dans certaines académies et certaines disciplines".
Ainsi, la "crise de recrutement" dans le premier degré serait localisée sur quelques territoires. Quatre académies ont ainsi cinq candidats ou plus pour un poste (Corse, Martinique, Guadeloupe, la Réunion) quand d'autres affichent des ratios présents/poste inférieurs à deux (Créteil, Reims, Versailles).
Dans le secondaire, le Cnesco reconnaît que "les différentiels d'attractivité des académies ont des conséquences sur les taux de couverture et le profil des enseignants en poste". Le phénomène est bien connu : on assiste à "un afflux de jeunes professeurs affectés sur leur premier poste en tant que titulaire dans des académies qu'ils n'ont pas demandées et qu'ils quittent dès que possible". "Ce phénomène génère des flux et un turnover importants qui contribuent à déstabiliser les équipes pédagogiques et à accentuer les difficultés du métier dans les écoles et les établissements", souligne le Cnesco qui se réfère au rapport de la Cour des comptes "Gérer les enseignants autrement" de 2013 (voir notre article ci-contre du 22 mai 2013) pour rappeler que "65 % des affectations des enseignants débutants dans le second degré le sont sur des postes situés dans des établissements difficiles ou en qualité de remplaçant". C'est la raison pour laquelle, explique-t-il, Créteil, Versailles et Amiens accueillent la moitié des néo-titulaires ; Versailles et Créteil ayant respectivement entre 20 et 30 fois plus de demandes de sortie que demandes d'entrée de titulaires.
Dans le premier degré, les départements de Seine-Saint-Denis et des Hauts-de-Seine ont vu, lors des mutations 2016, respectivement 21% (2.212 demandes) et 17% (1.306) des enseignants demander une affectation dans un autre département (avec respectivement 14,8% et 11,6% de demandes satisfaites) alors que les demandes d'entrée étaient au nombre de 29 et 106. A contrario, le département de Loire-Atlantique a géré 64 demandes de sortie (dont 40 satisfaites) mais 1.356 demandes d'entrée (et 9% de satisfaites).
"La difficulté de choisir plus en amont le lieu d'affectation n'est pas sans incidence sur l'attractivité du métier, eu égard aux conditions d'exercice rencontrées par les professeurs débutants", avance le Cnesco. Une des pistes pour renforcer l'attractivité du métier serait de réviser l'algorithme d'affectation des postes qui aujourd'hui se base principalement sur deux critères : le barème (calculé selon divers critères comme l'ancienneté sur le poste actuel, le lieu de travail du conjoint, l'affectation en zone prioritaire ou en classe spéciale…) et les vœux. Ce système permet la réalisation de moins de la moitié des demandes de mutations. Et surtout, il exclut les "échanges mutuellement arrangeants", que le Cnesco suggère de développer.