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Economie - Le marché des forêts a résisté à la crise en 2008

Le marché des forêts n'a pas été affecté par la crise en 2008 : selon l'indicateur produit chaque année par la Société forestière, filiale de la Caisse des Dépôts, et la Fédération nationale des Sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural (FNSafer), le prix des forêts françaises a augmenté de 7,1%, après une hausse de 8,5% en 2007. Cet indice, qui a été présenté par ses concepteurs ce 25 mai, est calculé sur deux ans et ne tient pas compte des 10% des transactions les plus chères et des 10% des moins chères. Il est aussi pondéré par région pour être plus représentatif. Le prix moyen brut d'un hectare de forêt non bâtie s'établit pour sa part à 5.380 euros en 2008 contre 5.540 euros en 2007, cette baisse apparente s'expliquant par un changement de la structure du marché sur le pourtour méditerranéen où les prix baissent alors que les surfaces vendues sont en hausse. Les prix des forêts, qui dépendent essentiellement de ceux des terres agricoles et du bois, ont profité de la forte hausse de ce matériau entre 2005 et 2007 (+55%), alors que la baisse du marché du bois en 2008 (-15%) n'a pas encore été ressentie. Avec une valeur totale qui ne progresse plus voire même diminue au plan unitaire, les biens forestiers bâtis ou mixtes ont en revanche connu une situation similaire au marché des maisons de campagne et de l'immobilier urbain.

C'est en Ile-de-France que les prix des forêts restent les plus élevés - les forêts franciliennes valent exactement le double de celles des régions de montagne. Viennent ensuite les forêts du Nord-Est qui ont pleinement profité de la hausse récente du cours des bois. Les prix des forêts du pourtour méditerranéen continuent leur mouvement de yo yo : le marché est étroit, ce qui rend l'échantillon des forêts vendues difficilement comparable d'une année sur l'autre et les perspectives de changement d'usage induisent des écarts importants. Ainsi en 2008, les prix ont augmenté de 15% après avoir gagné 30% en 2007. Quant aux prix des forêts de montagne et d'Aquitaine, ils restent toujours inférieurs à la moyenne nationale, comme c'est le cas depuis 40 ans.

Le volume des échanges - 14.000 transactions pour un total de 118.000 hectares a connu en 2008 un niveau comparable aux sommets enregistrés en 1990. Les personnes morales privées sont toujours plus nombreuses parmi les acheteurs : elles ont augmenté leur patrimoine de 12.600 hectares. Avec plus du tiers des surfaces des biens échangés, leurs achats ont égalé pour la première fois ceux des personnes physiques non agricoles, ces dernières restant les premiers vendeurs avec 85% des transactions de biens forestiers et 62% des surfaces. Les agriculteurs continuent eux aussi à renforcer leur présence sur le marché forestier : leurs acquisitions ont augmenté de 4.000 hectares entre 2007 et 2008 et représenté 12% du marché contre 9% auparavant. En revanche, les surfaces forestières acquises par le secteur public, collectivités territoriales en tête sont en repli : avec 12.800 hectares, elles ont diminué de 10% par rapport aux 14.300 hectares acquis entre 2005 et 2007. Les collectivités du littoral méditerranéen demeurent toujours très actives et le seuil des 500 hectares d'achats est dépassé dans plusieurs départements, parfois en un nombre limité d'opérations (Somme, Ardennes, Moselle, Côte-d'Or, Aube, Landes, Var). Les départements les moins actifs sont ceux du Grand Ouest et de Midi-Pyrénées. Ces dernières années, les acquisitions forestières des collectivités avaient surtout porté sur des espaces naturels sensibles, des forêts de loisirs voire de rapport, surtout dans l'Est de la France. Mais leurs marges de manoeuvre financière étant plus contraintes, leur attrait pour la forêt tend à s'émousser.

Pour 2009, le PDG de la Société forestière, Laurent Piermont, table sur un "palier", avec les effets conjoints de la baisse du prix du bois en 2008 et de la crise économique. Mais selon lui, la forêt garde de nombreux atouts : un engouement persistant pour la nature et ses nouveaux mécanismes de valorisation, l'utilisation du bois, qui reste une matière première très compétitive. Sans oublier plusieurs incitations fiscales qui la positionne comme un placement alternatif solide, dans un environnement forestier perturbé.

Anne Lenormand