Le maire jouera "un rôle central" dans la Force d'action républicaine

Le préfet Gilles Clavreul devient le patron de la Force d'action républicaine, nouveau dispositif visant à restaurer la sécurité dans les quartiers à problèmes. Son déploiement commencera avant la fin de l'année à Besançon, Valence et Maubeuge. Dans un entretien à La Croix, il précise le mode opératoire de ces équipes pluridisciplinaires qui seront copilotées par un "triumvirat maire-préfet-procureur".

Le préfet Gilles Clavreul a été nommé coordinateur de la toute nouvelle Force d'action républicaine (FAR), dévoilée par Élisabeth Borne il y a quelques jours. Il l'a annoncé lui-même dans un entretien à La Croix, vendredi 3 novembre, précisant avoir reçu sa lettre de mission de la Première ministre le 2 août. L'idée de la FAR avait été évoquée pour la première fois par Emmanuel Macron, lors d'un déplacement à Nice, début 2022, avant d'être reprise dans son programme électoral (voir notre article du 10 janvier 2022). Sa création s'inscrit aujourd'hui dans le cadre de la batterie de mesures prises pour restaurer la sécurité dans les quartiers, dans le contexte des émeutes de l'été.

Il s'agit à travers des équipes pluridisciplinaires d'apporter une "réponse globale", de "concentrer dans un quartier tous les efforts de l’État (…) pendant plusieurs mois", avait déclaré la Première ministre, le 26 octobre, à la Sorbonne, devant un parterre d'élus touchés par ces émeutes (voir notre article du 26 octobre). "À partir d’un diagnostic commun, nous déploierons des moyens pour traiter les difficultés que les populations rencontrent, en matière de sécurité, mais aussi pour des réponses judiciaires, éducatives ou sociales", avait-elle poursuivi, précisant que la FAR serait déployée dans trois premières villes "avant la fin de l'année" : Valence (Drôme), Maubeuge (Nord) et Besançon (Doubs). Après être allé à Besançon vendredi, le préfet-coordonnateur a visité des quartiers sensibles de Valence ce lundi, avant de se rendre à Maubeuge dans les prochains jours. Ces trois villes connaissent des problématiques "assez différentes" et "n'ont pas forcément été touchées" par les émeutes de cet été", explique le préfet, dans les colonnes de La Croix. "Par la suite, il est vraisemblable qu’on travaille avec des communes particulièrement soumises à des actions violentes liées au trafic de drogue", précise-t-il, évoquant aussi l'idée d'une intervention en Corse et en outre-mer.

"Le démarrage de la mission va être défini localement, en accord avec le préfet, le procureur de la République et particulièrement avec le maire, qui joue un rôle central dans le pilotage stratégique et la mise en œuvre opérationnelle de la FAR", assure le préfet.

Une action en trois phases

L'action de la FAR se déroulera en trois phases : "Six jours pour ramener la paix publique, six semaines pour établir un plan d’action, six mois pour agir." "Il faut qu’il y ait un effet 'avant-après' de l’intervention de la FAR, une amélioration visible, tangible, dans un territoire", souligne l'ancien délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) de 2015 à 2017.

La phase de sécurisation se traduira notamment par une "renforcement de l'action judiciaire". Une fois le calme revenu, le travail de diagnostic sera réalisé par les inspections générales interministérielles, des hauts fonctionnaires qui seront déployés en équipe pour "inspecter les principales politiques publiques". "Ce sera ensuite au triumvirat maire-préfet-procureur de se saisir ce qu’il estime le plus pertinent", insiste le coordonnateur. La perception des habitants et leurs propositions seront recueillies.

Sur la question des moyens, le préfet indique qu'il faudra "les trouver au niveau départemental ou régional, avec des équipes locales mobilisées spécifiquement dans le cadre de la FAR", des crédits supplémentaires étant susceptibles d'être débloqués.

Gilles Clavreul est aussi le cofondateur du Printemps républicain, un mouvement politique qui prétend vouloir lutter "contre l'extrême droite comme l'islamisme politique" (la "tenaille identitaire") et défendre la laïcité. Il y a deux ans, il publiait un essai intitulé "Dans le silence de l'État" dans lequel il déplorait l'impuissance de l'État. Le voilà à présent aux commandes.

 

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis