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Transports - Le gouvernement veut relancer le fret ferroviaire

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a annoncé ce 16 septembre que l'Etat allait consacrer plus de 7 milliards d'euros d'ici à 2020 au développement du fret ferroviaire. Ils sont un "complément" aux 13 milliards déjà décidés, notamment dans le cadre du contrat de performance de Réseau ferré de France (RFF). La relance du fret ferroviaire s'inscrit dans le droit fil du Grenelle de l'environnement qui prévoit de faire passer la part des transports de marchandises alternatifs à la route de 14% aujourd'hui à 25% d'ici 2022. "Il est indispensable d'augmenter la part du fret ferroviaire contre l'aérien et le transport routier" et de "préparer l'après-pétrole", a expliqué le ministre. D'ici à 2020, le gouvernement espère ainsi réduire de plus de 2 millions le nombre de trajets de poids lourds sur les routes chaque année et diminuer de plus de 2 millions de tonnes les émissions de CO2.

Ce plan, qui s'inspire des pistes proposées en juin dernier par le rapport du député du Val d'Oise Yanick Paternotte, prévoit huit axes de développement. Il propose d'abord de "créer un véritable réseau d'autoroutes ferroviaires cadencées en France", ce qui permettrait selon le ministère de reporter plus de 500.000 camions par an sur le fer d'ici à 2020. Jean-Louis Borloo a évoqué "quatre à cinq" autoroutes de ce type dont celle déjà existante de Luxembourg-Perpignan, Lille-Bayonne, Lyon-Turin et une dernière qui partirait d'Angleterre et longerait la frontière avec la Belgique jusqu'au Luxembourg. Le plan prévoit aussi de mettre plus de conteneurs sur les trains en doublant le transport combiné de marchandises, ce qui reporterait aussi plus de 500.000 camions sur le fer d'ici à 2020. L'Etat souhaite pour cela créer "un champion français du combiné" autour de la SNCF avant la fin de l'année. Il s'engage également à mettre en place des trains longs de 1.000 mètres sur l'axe Paris-Marseille. Avant la fin de l'année, il prévoit également la création d'au moins trois opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) grâce à la promulgation de la loi relative à l'organisation et à la régulation des transports ferroviaires et à la publication d'un arrêté qui doivent faciliter leur émergence.

L'Etat veut aussi développer le fret à grande vitesse entre les aéroports pour reporter 100.000 camions et 1.000 avions par an sur le fer. L'aéroport Paris-Charles-de-Gaulle serait dans un premier temps relié à ceux de "Lyon, Lille, Liège, Amsterdam, Cologne-Bonn et Londres" en deux ou trois heures. Le gouvernement veut aussi "transformer le réseau existant sur les grands axes structurants de transport de marchandises en un véritable réseau orienté fret". 1,5 milliard d'euros devrait être consacré en 15 ans à la modernisation de ce réseau. Par ailleurs, un programme d'investissement de 4,5 milliards d'euros doit "supprimer à moyen terme" les goulets d'étranglement qui "nuisent au développement des trafics de fret". Dans ce cadre, 2,9 milliards d'euros seront consacrés au contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnaise et 1,6 milliard d'euros à celui de Nîmes et Montpellier. Le plan compte également "doubler la part de marché du fret ferroviaire pour les acheminements à destination et en provenance des ports", soit 400.000 poids lourds évités. Pour cela, il prévoit la création avant la fin de l'année de deux opérateurs ferroviaires portuaires, aux ports du Havre et La Rochelle et à partir de 2010 de doter chaque grand port maritime d'un opérateur de ce type. Enfin, il propose d'"améliorer le service proposé par RFF aux demandeurs de sillons autorisés du fret ferroviaire, afin de les intégrer dans des processus industriels et commerciaux". RFF devra créer en son sein un "service clients" et des "accords de qualité" seront signés en 2010 entre le propriétaire du réseau et ses clients. Une "garantie de régularité des autoroutes ferroviaires" sera aussi instaurée.

L'annonce gouvernementale intervient peu avant la présentation le 23 septembre par la SNCF de ses propres projets de réorganisation interne de sa filière fret, qui prévoient la réduction d'activités peu rentables au profit de créneaux plus porteurs. Sur les 7 milliards du plan, la compagnie nationale va d'ailleurs investir dans les cinq prochaines années un milliard d'euros dans des solutions innovantes de transport de marchandises (autoroutes ferroviaires, fret à grande vitesse, etc.). Parmi les projets à l'étude figure l'abandon d'environ 60% du trafic du wagon isolé (transport de marchandises sur mesure sur une partie d'un train), formule qui concurrence directement les camions mais est fortement déficitaire.
"On attend de la SNCF qu'elle intègre dans son plan la feuille de route" tracée par le programme de financement gouvernemental, a expliqué Jean-Louis Borloo. Pour le fret, "il faut faire des efforts de compétitivité" comme cela a été le cas pour le trafic voyageurs, a-t-il plaidé.
 

Anne Lenormand avec AFP

 

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