Démographie - Le dynamisme des campagnes se confirme
Le "désert français" a verdi depuis les Trente Glorieuses. Les derniers chiffres de l'Insee portant sur le recensement de 2006 confirment la tendance au repeuplement des campagnes, tendance déjà décrite par les sénateurs Jean François-Poncet et Claude Belot dans leur rapport sur "le nouvel espace rural français" publié l'an dernier. Tous les territoires ont profité du regain démographique de ces dernières années mais deux phénomènes attirent plus particulièrement l'attention des démographes. Le retour à la croissance dans les espaces ruraux et dans les centres-ville. Après une longue période de déclin puis de stagnation pendant les années 1980 et 1990, la population des espaces ruraux augmente au même rythme que celle de l'ensemble du territoire français (+0,7% par an), selon une note présentée mardi 13 janvier. Conséquence : la fameuse diagonale aride, qui coupait la France en deux selon une ligne allant du Nord-Est au Sud-Ouest, se rétrécit. En clair, les zones où la population continue de décroître s'amenuisent fortement. Elles occupaient 7,2% du territoire en 1999 contre 3,2% en 2006, soit une réduction de moitié en sept ans ! Les reliquats de la désertification se concentrent au voisinage de villes portuaires, minières ou de tradition industrielle du Nord et de l'Est. Inversement, les zones en croissance font tache d'huile, essentiellement dans une moitié ouest et sud : le littoral de la Bretagne et de l'Atlantique et les sillons rhodaniens, alpins, la plaine d'Alsace et un axe continu Bordeaux-Toulouse-Montpellier, Marseille. Ce renouveau démographique, s'explique, non par la natalité, car il y a toujours globalement dans ces zones plus de décès que de naissances, mais par l'arrivée de nouveaux habitants, les "néoruraux". "L'une des caractéristiques de l'espace rural français est qu'il est bien desservi par rapport à d'autre pays, ce qui le rend attractif", a expliqué Bernard Morel, démographe à l'Insee. Pour de plus amples explications, il faudra attendre le mois de juillet, le temps pour l'Insee de dépouiller cette mine de résultats.
Certaines banlieues marquent le pas
Autre phénomène marquant : le regain des villes centres. Au cours des trente dernières années, le modèle de développement allait du centre vers la périphérie, "sous forme d'ondes concentriques", explique l'Insee. Un modèle en mutation : "Des villes centres renaissent, certaines banlieues et couronnes périurbaines marquent le pas et des 'linéaires urbains' apparaissent." Bref, elles renouent avec l'essor qu'elles ont connu au moment de l'exode rural. Paris, dont la population déclinait depuis la Première Guerre mondiale, tient une place à part. Depuis 1999, la capitale connaît une croissance annuelle de 0,4%, soit 71.000 habitants chaque année, l'équivalent de l'ensemble du territoire rural. Mais le phénomène s'observe dans une moindre mesure dans la moitié des cinquante plus grands pôles urbains. Ici, la population des centres croît plus vite que celle des banlieues. Toulouse gagne ainsi plus de 12.000 habitants par an, c'est le record chez les grandes villes de province. Effet de l'héliotropisme ? Les villes dont le solde migratoire est positif sont toutes situées dans le Sud et l'Ouest : Toulouse donc, mais aussi Bordeaux, Perpignan, Montpellier, Marseille et Nice. Celles du Nord en revanche ont un solde négatif mais elles se rattrapent avec les naissances. L'Insee note par ailleurs de fortes progressions sur certains "axes urbains" le long des infrastructures de transport ou de certaines frontières (Luxembourg, Pays basque). C'est le cas notamment de Narbonne-Montpellier-Nîmes, Nice-Toulon-Marseille, Toulouse-Montauban, Chambéry-Genève, Nantes-Saint-Nazaire-Vannes ou encore Nancy-Metz-Thionville. L'Insee confirme enfin les données du second rapport de l'Observatoires des territoires publiées récemment, à savoir de fortes disparités régionales : les huit régions qui progressent le plus sont toutes situées au sud et à l'ouest (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes, Aquitaine, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Paca). La seule région qui perd des habitants est la Champagne-Ardenne.
Michel Tendil
Niveau de formation des jeunes : la France coupée en deux
Le niveau de formation des Français s'améliore dans la quasi-totalité des régions, selon une note de l'Insee et de la Depp (ministère de l'Education nationale) sur "la formation et l'emploi des jeunes dans les régions françaises". Mais la France est coupée en deux. Le taux de scolarisation des 15-29 ans est le plus élevé au sud de la Loire (excepté l'Ile-de-France et la Bretagne où les taux sont élevés). On constate également une baisse générale des sans diplômes : ils sont deux fois moins nombreux chez les 25-34 ans (19%) que les 35-64 ans (38%). Une évolution qui a particulièrement profité aux femmes. La tendance a profité à l'ensemble des régions avec un rattrapage remarquable à la Réunion, même si le retard reste criant. Les jeunes Bretons sont les mieux lotis : la proportion de sans diplôme n'est que de 11%. A l'inverse, c'est en Guyane que les jeunes sont les moins biens formés : 60% n'ont aucun diplôme.
M.T.