Emploi - Le Doubs et Pôle emploi s'associent pour accompagner les chômeurs en difficulté
Le département du Doubs a signé le 29 janvier 2014 une convention avec Pôle emploi destinée à accompagner les demandeurs d'emploi qui rencontrent des difficultés professionnelles et sociales. Il s'agit d'une première qui devrait être prochainement étendue à d'autres départements.
La convention signée va permettre de simplifier les démarches des demandeurs d'emploi, et de leur éviter ce "labyrinthe et ce parcours du combattant entre les deux institutions, département et Pôle emploi", comme l'a souligné Claude Jeannerot, président du département. L'accompagnement sera global, intégrant les questions des freins professionnels (retour à l'emploi) mais aussi des freins sociaux (logement, règlement de factures, santé…). "On essaie de dépasser les logiques administratives", a souligné Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi.
Le dispositif s'inscrit dans le plan de lutte contre la pauvreté présenté fin 2012, dont l'un des objectifs est de renforcer l'accompagnement et l'insertion professionnelle des allocataires du revenu de solidarité active (RSA). Il répond aussi à la demande du Premier ministre lancée aux départements à l'occasion de la conférence sociale pour l'emploi de juin 2013 de construire un service intégré à destination des allocataires du RSA.
Concrètement, huit postes de conseillers sont créés à cette fin chez Pôle emploi. "Ils seront dédiés à 100% pour cette mission, une première", a insisté Jean Bassères. Ils travailleront en tandem avec huit travailleurs sociaux recrutés par le département et chargés de faire la liaison avec les 300 travailleurs sociaux au sein du département. Au total, les conseillers devraient suivre chacun entre 70 et 100 personnes sur une durée qui pourra varier, les demandeurs d'emploi pouvant être amenés à sortir du dispositif au bout de trois mois, ou plus, ou encore être réorientés vers l'une des trois autres modalités d'accompagnement que propose Pôle emploi (accompagnement renforcé, guidé ou suivi).
Vers une généralisation
Le repérage des demandeurs d'emploi qui pourront entrer dans le dispositif se fera en commun entre les équipes de Pôle emploi et celles du département. L'accompagnement global permettra de mettre à disposition du demandeur d'emploi des outils tels que des procédures légères pour un appui financier ponctuel, des demandes plus importantes pour régler un problème d'expulsion ou la déscolarisation d'un enfant…
L'enjeu est de taille. Dans le Doubs, on compte quelque 9.500 allocataires du RSA socle (c'est-à-dire privés de tout emploi ou activité). Au total, cela représente 50 millions d'euros par an, dont un peu plus de la moitié sont pris en charge par l'Etat. "Il reste 20 à 25 millions d'euros à la charge du département, a souligné Claude Jeannerot, c'est considérable, cela représente le montant pour construire un beau collège !" Pour Pôle emploi, c'est aussi une belle opération. "On démontre ainsi que Pôle emploi travaille bien avec les collectivités locales, chacun étant dans son métier : l'accompagnement professionnel pour Pôle emploi, et l'accompagnement social pour le département", a précisé Jean Bassères.
Si aucun objectif chiffré n'a été fixé, l'expérience sera suivie de près. "Nous jugerons l'efficacité du dispositif à notre capacité à amener ces personnes à l'emploi et à lever les freins qui empêchaient leur réinsertion professionnelle", a expliqué le président du Doubs. Une première évaluation devrait être réalisée au bout de six mois.
Parallèlement, d'autres conventions devraient être signées avec une quinzaine de départements volontaires, dont le Morbihan, l'Eure et la Meurthe-et-Moselle. Claude Jeannerot a été chargé par le président de l'Assemblée des départements de France (ADF) d'une mission sur le sujet, l'objectif étant que tous les départements se lancent dans le dispositif. Un protocole national ADF-Pôle emploi concernant l'approche globale de l'accompagnement pourrait être signé dans les prochains mois.