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Le dispositif Transitions collectives n’a toujours pas décollé

Seule une trentaine d’entreprises s’est officiellement engagée dans le dispositif Transitions collectives, près de six mois après son lancement officiel. En cause : des entreprises qui placent leurs espoirs dans la reprise économique.

Nouveau dispositif conçu dans le contexte de la crise, Transitions collectives consiste à organiser la reconversion professionnelle de salariés dont l’emploi est jugé menacé par les entreprises qui les emploient (lire notre article). Une fois le dossier des employeurs et de leurs salariés volontaires validé, ces derniers accèdent à une formation entièrement prise en charge tout en bénéficiant d’une rémunération. Malgré les avantages de cette formule, Transitions collectives n’a toujours pas trouvé son public. 

A date, seule une vingtaine de salariés bénéficie du dispositif, à l’image du cas très médiatisé des agentes de service Derichebourg qui s’orientent vers une formation d’aide-soignante en vue d’un recrutement au sein du groupe Korian. Une trentaine d’entreprises a déposé un dossier en vue de reconversions collectives et quelque 90 autres sont à l’étape de la réflexion, indique à Localtis l’association Certif’ Pro, qui chapeaute les associations "Transitions Pro", chargées, dans chaque région, de valider les demandes de formation des salariés. Un démarrage très lent que le président de Certif’Pro, Philippe Debruyne, justifie par la nature même du dispositif : "Les entreprises qu’on accompagne sont celles qui avaient déjà fait une analyse sur leur repositionnement stratégique. Celles qui ont été frappées par la crise n’ont pas encore entamé ce travail." 

Attentisme

Dans les Hauts-de-France, seul un dossier de salarié a été validé à ce jour, celui d’une petite entreprise dans la restauration dont un salarié doit devenir moniteur d’auto-école. Quatre entreprises comptant entre 5 et 20 salariés sont en train de constituer un dossier. "On a vécu tout le premier semestre dans l’incertitude. Maintenant, l’activité se réinstalle et repart fortement", explique Stéphan Guénézan, directeur de l’association Transitions Pro des Hauts-de-France. Même résultat en région Paca, où seul un projet de reconversion via Transco s’est concrétisé. 6 entreprises ont officiellement déposé un dossier. "Les entreprises ne veulent pas se séparer de leurs salariés. Et elles croient beaucoup à l’effet rebond. Nous avons très peu de dossiers dans les secteurs où nous anticipions de la demande", constate Sylvain Viannez, directeur de l’association Transitions Pro Paca. 

Sélectionnée comme "plateforme territoriale", la communauté de communes Porte de DrômArdèche, qui rassemble 35 communes pour quelque 48.000 habitants, a envoyé un questionnaire aux entreprises locales pour connaître leurs intentions en matière de gestion du personnel. "Globalement, les entreprises sont optimistes. Le plan France relance, les injections massives dans l’économie confirment ce sentiment-là", constate Sophie Pasquet, chargée du développement économique. Elle reconnaît une difficulté à "vendre Transco" auprès d’entreprises peu sensibilisées à la gestion des emplois et des compétences. Le dispositif suscite aussi parfois de la méfiance. "Une entreprise nous a dit avoir peur que les syndicats perçoivent Transco comme un plan social déguisé."  

Un retour d’expérience prévu en septembre

Transco a-t-il vraiment des chances de décoller ? Dans une interview à l’agence de presse Aef info, l’Union des industries et métiers de la métallurgie appelait à simplifier le dispositif, mettant notamment en cause la condition de signer un accord de GEPP (gestion des emplois et des parcours professionnels) dans les entreprises de plus de 300 salariés. D’ici septembre, l’association Certif Pro doit livrer un premier "retour d’expérience" du dispositif. 

Stéphan Guénézan anticipe de son côté "une vraie montée en régime à l’automne". "Maintenant que l’activité partielle reflue, il ne va rester que Transco. Les entreprises vont se rendre compte qu’elles ont perdu des marchés ou que leurs activités vont devoir évoluer." 

 

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