Le déficit des piscines en régie varie fortement d'une collectivité à l'autre
Les piscines publiques en régie, municipale ou intercommunale, sont systématiquement en déficit. Mais les coûts de fonctionnement, d'un côté, et les recettes, de l'autre, varient considérablement selon le type d'équipement et selon la taille de la collectivité, d'après une étude de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales.
Les piscines gérées en régie sont structurellement déficitaires. Cela n'est pas nouveau. Mais une publication de l’Observatoire des finances et de la gestion publique locales (OFGL) nous apprend que certaines collectivités s'en sortent beaucoup mieux que d'autres. Intitulée "Cap sur le coût de fonctionnement des piscines communales et intercommunales" et publiée le 14 octobre, cette étude estime que le coût annuel d'un mètre carré de piscine varie de un à trois selon les communes ou intercommunalités.
Pour arriver à ce résultat, l’OFGL a dressé, sur la base "d’échantillons pertinents" de 291 communes et 163 EPCI à fiscalité propre, un état des lieux des dépenses de fonctionnement supportées par des collectivités gérant leurs équipements aquatiques en régie.
Confort et population
En moyenne, le coût de fonctionnement moyen annuel des piscines est estimé à 1.073 euros/m² pour les communes et à 1.263 euros/m² pour les EPCI (hors coût d’amortissement des équipements). Cette différence s'explique par le fait que les intercommunalités gèrent en moyenne des infrastructures plus grandes, offrant davantage de prestations. La structure des dépenses est sensiblement identique selon le type de collectivité. Les frais de personnel constituent 63% des dépenses pour les communes et 59% pour les intercommunalités. Le poste énergie/chauffage représente 15% pour les communes et 18% pour les EPCI, et les frais liés à l'eau et à l’assainissement s'élèvent à 8% pour les communes et à 6% pour les intercommunalités.
Pourtant, derrière cette moyenne, se cachent de "fortes disparités". Ainsi, 25% des communes ont un coût de fonctionnement moyen annuel inférieur à 526 euros/m² tandis que 25% ont un coût supérieur à 1.643 euros/m². Un écart de même proportion est observé parmi les intercommunalités : 25% d'entre elles ont un coût inférieur à 779 euros/m², et 25% un coût supérieur à 1.984 euros/m². Pour les unes comme pour les autres, l'OFGL explique ces disparités par différents facteurs : piscine saisonnière ou non (le coût annuel de fonctionnement moyen par m² des communes ayant un bassin saisonnier est de 369 euros contre 1.401 euros pour celles qui n'en ont pas), présence d’aménagements de confort supplémentaires (l'existence d'au moins un sauna, hammam ou solarium fait grimper la note), présence d'un bassin découvert ou taille de la collectivité ("les intercommunalités les plus peuplées ont en moyenne un coût plus élevé"). L'étude avance d'autres pistes – ancienneté et entretien des piscines, gamme de services proposée, différence entre surface et volume d’eau des bassins – tout en précisant que les données sont indisponibles pour les vérifier.
L'impact de la crise sanitaire
Au chapitre des recettes, on note que les prix payés par les usagers ne couvrent, en moyenne, que 22% des coûts de fonctionnement des piscines des communes, et 26% de ces mêmes coûts pour les piscines intercommunales. Les EPCI tirent de leurs recettes tarifaires des ressources 41% plus élevées que celles des communes, sans doute en raison d'un "effet gamme de services" plus large pour les intercommunalités pouvant se traduire sur la tarification.
En cette fin d'année 2021, l'étude de l'OFGL met l'accent sur les répercussions de la crise sanitaire dans la gestion en régie des piscines publiques. Les dépenses de fonctionnement des communes pour leurs piscines, qui étaient en augmentation de 2,3% en 2019, ont baissé de 6,4% en 2020. Dans le même temps, les recettes tarifaires de ces communes se sont effondrées : -56%. Résultat : malgré les longues périodes de fermeture, les dépenses nettes moyennes des communes ont augmenté de 7,7% en 2020.