Haut débit - Le courant passe mal entre le Sipperec et son délégataire Mecelec Telecom Ile-de-France
Le déploiement de la fibre optique à l'abonné en petite couronne parisienne signera-t-il l'arrêt des technologies alternatives comme les courants porteurs en ligne (CPL) ? C'est en tout cas le prétexte invoqué par Mecelec Telecom, le 1er mars dernier, pour annuler son opération de souscription auprès d'opérateurs de détail et de distributeurs dans le projet du haut débit via le réseau électrique pour 86 communes de la banlieue parisienne. "Les opérateurs que nous contactions ne comprenaient plus pourquoi, après avoir soutenu le CPL, le Sipperec s'engageait dans la fibre jusqu'à l'abonné", explique Bruno Estienne, PDG de Mecelec. La réponse attendue du Sipperec vient de tomber, ce 29 mars. Il y a un an, le Sipperec a attribué à l'entreprise la délégation de service public (DSP) pour déployer le CPL sur le réseau de distribution d'électricité dans les 86 communes adhérentes du syndicat. Ce déploiement était prévu en cinq phases. La DSP mentionnait qu'avant d'engager les travaux d'équipement de la phase 1, le délégataire devait lancer une offre publique de souscription des liaisons à construire sur les deux premières communes concernées (Courbevoie et Rosny-sous-Bois). Mais pendant la période de souscription, effectivement réalisée du 2 janvier au 21 février dernier, le Sipperec a annoncé l'attribution, le 25 janvier, d'une autre DSP pour la création et l'exploitation d'un réseau de fibre optique jusqu'à l'abonné (FTTH) sur 13 communes, avec une participation publique de 3,3 millions d'euros.
Deux DSP complémentaires ou stratégie illisible pour les opérateurs ?
Selon Mecelec, cette annonce a été "gravement perturbatrice", même si 26 sociétés ont marqué leur intérêt à cette souscription. Le Sipperec précise, quant à lui, que la société connaissait l'existence du projet de déploiement FTTH, bien avant le 25 janvier. Le syndicat ajoute que les réseaux CPL et FTTH "ne proposent ni les mêmes services, ni ne visent nécessairement les mêmes catégories d'utilisateurs". Il souligne que la participation financière publique au FTTH correspond à la contrepartie des obligations de service public imposées au délégataire pour ce projet. La convention conclue avec Mecelec conditionne pour sa part le déploiement effectif de la première phase au succès de l'opération de souscription. Or, "contrairement aux stipulations de la convention, le délégataire a choisi d'étendre d'emblée le périmètre de cette souscription aux 1.550.000 prises prévues sur les 86 communes concernées par le projet", et pas seulement aux deux premières communes... Conséquence, les opérateurs candidats devaient s'engager sur "50.000 liaisons par opérateurs portant ainsi le ticket d'entrée de 170.000 euros à 2,5 millions d'euros", précise le syndicat. Contactés, le Sipperec et Mecelec affirment tous deux vouloir faire aboutir le projet CPL. La société propose même un rendez-vous fin avril "pour réfléchir aux complémentarités des deux DSP et trouver une solution pour redémarrer". Il reste qu'il s'agit du premier projet en France (et même au plan mondial) portant sur un déploiement CPL d'une telle ampleur.
Luc Derriano / EVS