Environnement / Transports - Le Conseil de Paris approuve la piétonnisation des berges de Seine rive droite
Le Conseil de Paris a voté lundi 26 septembre la "déclaration de projet de piétonnisation définitive" des berges de Seine rive droite au cœur de la capitale, avec toutes les voix des partis de gauche (PS-PCF, PRG, PG) et des écologistes. A droite, LR et UDI ont voté contre, le MoDem s'est abstenu, lors de débats pugnaces mais courtois dans l'ensemble.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a salué une "décision historique, la fin d'une autoroute urbaine à Paris et la reconquête de la Seine". Le projet ferme donc définitivement la voie Georges-Pompidou à la circulation automobile sur 3,3 km du quai bas, de l'entrée du tunnel des Tuileries (Ier arrondissement) à la sortie du tunnel Henri-IV (IVe arrondissement). Quelque 43.000 véhicules circulaient chaque jour sur ces berges classées au patrimoine mondial de l'Unesco.
Un arrêté municipal définitif suivra le vote dans quelques semaines. Il doit recevoir l'avis conforme du préfet de police de Paris, qui a voix au chapitre en matière de circulation dans la capitale.
Avant les débats, Anne Hidalgo avait affirmé que la décision de piétonnisation des berges était "souhaitée par les Parisiens, bénéfique sur les plans urbain et culturel et absolument indispensable sur le plan sanitaire et environnemental". La maire de Paris, qui veut réduire la place de la voiture dans sa ville, a rappelé que la pollution de l'air provoquait "2.500 décès chaque année" dans la capitale et 6.500 dans la métropole. Le trafic "génère aujourd'hui deux tiers des émissions de dioxyde d'azote et 56% des particules fines dans Paris", a-t-elle dit.
Côté opposition, Nathalie Kosciusko-Morizet, cheffe du groupe Les Républicains, a dénoncé un projet "conduit en force" sans concertation et qui "ne pouvait se concevoir qu'à l'échelle de la métropole". C'est aussi "un projet mal préparé, aux effets sur la qualité de l'air bien incertains". Pour le président du groupe UDI-MoDem, Eric Azière, ce projet a été exécuté trop rapidement car il "prend en compte un calendrier politique", en l'occurrence avant l'élection présidentielle.
Pendant les débats, dans la tribune du public, quelques élus LR venus notamment du Val-de-Marne, et vêtus de leur écharpe tricolore, ont chahuté à plusieurs reprises la séance. "Il faut respecter l'enquête publique !", a lancé Sylvain Berrios, député-maire de Saint-Maur-des-Fossés, en référence à l'avis défavorable de cette enquête qu'Anne Hidalgo n'a pas pris en compte. Le député-maire LR du VIIIe arrondissement Pierre Lellouche a de son côté lancé que "Paris (n'était) pas le Bucarest de Mme Ceausescu" en comparant la gestion d'Anne Hidalgo avec la dictature roumaine dans les années 1970 et 1980. Le projet est en effet critiqué depuis des mois, principalement à droite et en banlieue, par des élus qui crient à la "thrombose" annoncée pour le trafic.
Pour la Ville au contraire, les effets seront "concentrés et temporaires" dans l'hyper-centre, avec des reports en banlieue "extrêmement mineurs". Une étude de la Ville dévoilée le 25 septembre pour les trois premières semaines de ce mois a montré une hausse du trafic sur les quais hauts entre 13% et 73% selon les heures. La situation est par ailleurs "tendue" en termes de temps de parcours, par exemple sur le boulevard Saint-Germain. Les chiffres sont "conformes voire inférieurs aux prévisions", s'est félicité l'exécutif.
La piétonnisation a été mise sous surveillance avec la mise en place de divers observatoires de la région et la métropole du Grand Paris (MGP). La présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse (LR), a aussi décrété les berges "d'intérêt régional".
En séance lundi, le préfet de police de Paris, Michel Cadot, rappelant son devoir de s'assurer de la "fluidité" de la circulation dans la capitale, a annoncé un "comité technique de suivi" qui se réunira pour la première fois le 3 octobre et tous les deux mois. Il réunira Etat, collectivités, organismes de transports et d'études de qualité de l'air, associations d'usagers. La décision prévoit également un principe de réversibilité "si les perturbations étaient jugées trop importantes", avec un bilan à six mois et un an.