Fibre optique - Le comité de pilotage du très haut débit est en place

Le secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique a reçu "son plus beau cadeau de Noël". C'est ainsi qu'Eric Besson a qualifié l'installation, ce 16 décembre, du comité de pilotage pour le déploiement de la fibre optique en France. Six opérateurs nationaux avaient répondu à l'invitation du ministre, en présence de Paul Champsaur, président de l'Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep).  France Télécom, SFR, Free, Numericable, Axione et Seaqualum (opérateur de la délégation de service public des Hauts-de-Seine) y ont signé trois engagements.

 

Expérimenter, évaluer, normaliser

Pour résoudre la question technique du déploiement jusqu'à l'abonné, ils vont, premièrement, participer ensemble à l'une et/ou à l'autre des expérimentations en cours. Deux modèles s'opposent en effet actuellement. L'ingénierie monofibre "où les réseaux internes déployés au sein des immeubles comprennent une fibre par immeuble, partagée en un point de brassage constituant le point de mutualisation". Elle sera testée notamment dans les villes de Paris, des Hauts-de-Seine, Annonay, Aubenas, et plus d'une trentaine de communes. L'accord de mutualisation de France Télécom et SFR sur ce type de déploiement, signé dès septembre dernier, a d'ailleurs été paraphé par Numericable, à l'issu de ce premier comité.
"La solution multifibres (modèle de Free) correspond au cas où l'opérateur équipant le premier un immeuble pose des fibres excédentaires mises à disposition d'opérateurs en ayant exprimé le besoin et participant à son financement." Elle sera testée à Paris (15e et 20e arrondissements), Marseille (8e arrondissement), Clichy, Levallois et l'ensemble des communes du département des Hauts-de-Seine. Des solutions "intermédiaires" à ces deux alternatives pourraient aussi être expérimentées.
Après ces essais techniques, les quatre "gros" opérateurs et les deux "petits" s'engagent, deuxièmement, à participer ensemble à l'évaluation de ces modèles de mutualisation.
Troisième engagement, les signataires ne remettront pas en cause les déploiements déjà réalisés, au cas où un modèle unique s'imposerait à l'issue de cette période d'expérimentation.
La première réunion technique du comité de pilotage sera animée par l'Arcep, dès le 18 décembre prochain. Le comité devrait rendre ses conclusions sur les modèles de mutualisation de la fibre optique d'ici le 31 mars 2009.

 

Territoires peu denses : il est urgent d'attendre !

Si cet accord devrait régler, à terme, le problème des 10 millions de foyers des grandes agglomérations, le comité de pilotage "engage par ailleurs, dès à présent, la réflexion sur les zones pour lesquelles la seule initiative des opérateurs privés ne suffira pas à assurer la desserte par le très haut débit". Pierre-Eric Saint-André, directeur général d'Axione, a souligné qu'il représentait justement "ces 15 millions de foyers des zones moins denses" qui devraient être desservis grâce aux réseaux d'initiative publique initiés par les collectivités les plus ambitieuses. Reprenant la formulation du "New Deal numérique" à son compte, Eric Besson ne répond cependant pas complètement à l'interpellation conjointe de l'Association des régions de France (ARF) et de l'Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l'audiovisuel (Avicca). Pour lui, il faut d'abord résoudre les questions techniques puis laisser faire l'investissement privé et ne pas se fier seulement à la "thèse" de l'ARF. "Il se peut qu'à la fin, l'Etat complète comme pour la téléphonie mobile", a-t-il fini par concéder. En se vouant à la seule concurrence, les collectivités des zones peu denses devront probablement attendre une bonne dizaine d'années avant de voir leur voeu d'un New Deal numérique exaucé. Les années d'activisme en faveur de la couverture haut débit prouvent donc qu'il faudrait vite arrêter de croire au Père Noël !

 

Luc Derriano / EVS