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Outre-mer - Le Cese souligne l'impérieux besoin d'adaptation des ports ultramarins

A quelques jours d'un comité interministériel sur la mer, le 22 octobre, le Cese appelle à une série de mesures pour remettre les ports ultramarins dans la course aux échanges mondiaux, tout en se souciant du sort des habitants. La France est la deuxième puissance mondiale derrière les Etats-Unis pour l'étendue de ses eaux territoriales, rappelle le Conseil, dans un avis intitulé "Les ports ultramarins au carrefour des échanges mondiaux", adopté le 14 octobre. Elle est également la première puissance maritime européenne. Et ce grâce à ses ports ultramarins. Mais, loin des yeux loin du cœur, ces territoires hautement stratégiques sont parfois délaissés par la métropole. En témoigne le silence qui entoure le processus d'indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Ou encore la gestion piteuse du différend avec le Canada sur les eaux territoriales de Saint-Pierre et Miquelon dont l'avenir économique est aujourd'hui compromis…
"Dans un système mondialisé qui redistribue les cartes, les routes des échanges et les chemins de la prospérité, les ports ultramarins français doivent conforter leur attractivité pour répondre à la concurrence des ports étrangers", souligne pourtant le Cese. Selon le rapporteur Rémy-Louis Budoc, deux grands défis attendent ces ports : le basculement du commerce mondial vers l'Asie et l'élargissement du canal de Panama en 2016 qui va démultiplier les échanges entre le Pacifique et l'Atlantique, avec l'arrivée de porte-conteneurs gigantesques.

Risque de passer au second plan

Cette course au gigantisme amène les plus gros navires à ne faire escale plus que dans des "hubs" offrant les tirants d'eau adéquats, explique le rapporteur. A partir de ces hubs, de plus petits bateaux appelés les "feeders" assurent le va-et-vient vers des ports de second voire de troisième rang. Dans le même temps, les armateurs déclassent leurs navires vers des ports de moindre taille. C'est ce que l'on appelle le "cascading". Si les ports ultramarins ne s'adaptent pas à ces évolutions, ils passeront au second plan des dessertes. "Le phénomène de 'cascading' impose aux ports de s'adapter sous peine d'être dégradés et de disparaître de la liste des escales de premier niveau", prévient le rapporteur. Ce qui allongera les délais d'approvisionnement pour des coûts plus importants, sachant que l'outre-mer importe 95% de ses besoins !
L'adaptation des infrastructures portuaires (approfondissement des bassins, des canaux…) nécessitera d'importants investissements. Pour y répondre, le Cese préconise notamment que tous les acteurs concernés (autorités portuaires, gouvernements locaux, ministère de l'Outre-mer...) se mobilisent pour élaborer "un grand plan d'investissement" dans le cadre du plan Juncker. Il estime prioritaire que ces efforts de modernisation tiennent compte des normes environnementales dans le souci de préserver au mieux les écosystèmes. "Le développement de centre de traitement et de recyclage des déchets, dans l'environnement du port, pourrait aider à structurer un secteur de l'économie circulaire sur chaque territoire", suggère Rémy-Louis Budoc.

Favoriser les coopérations régionales

Le rapporteur réclame aussi une actualisation de la stratégie portuaire de l'Etat en outre-mer et préconise que l'Etat, les ports et les collectivités concernés s'associent pour échaffauder ensemble "une planification en profondeur sur un territoire plus vaste que les limites portuaires", à travers tous les documents d'urbanisme (Scot, Plui, OIN…). Il soutient en outre la création du futur grand port de pêche à Faratea, à Tahiti.
En matière de gouvernance, le rapport demande de clarifier le statut des grands ports maritimes (GPM) qui, depuis la réforme portuaire de 2012, sont qualifiés dans le Code des ports d' "établissements publics de l'Etat", sans qu'on sache s'il s'agit d'EPA (administratif) ou d'Epic (industriel et commercial). Le Cese estime que les GPM pourraient évoluer dans un second temps vers des établissements publics locaux, en fonction du contexte. "Cette réforme pourrait être étudiée dans le cadre de la récente réforme territoriale étant donné les nouvelles compétences pouvant être attribuées aux collectivité en matière portuaire", souligne le rapporteur. Il considère par ailleurs que les collectivités n'ont pas à donner leur avis dans la désignation des représentants des chambres de commerce et d'industrie au sein du conseil de surveillance des GPM.
Enfin, le rapporteur encourage la coopération régionale des ports ultramarins, notamment à travers le Conseil de coordination interportuaire Antilles-Guyane (CCIAG), dont pourraient s'inspirer les ports de l'océan Indien et du Pacifique.
 

 

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