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Transports - L'Assemblée donne son aval à la liaison ferroviaire express Roissy-Paris

En ouverture de la session extraordinaire mardi 27 septembre, les députés ont ratifié un projet d'ordonnance prévu par la loi Macron confiant à une filiale commune de la SNCF et d'Aéroports de Paris le soin de réaliser la liaison ferroviaire Charles-de-Gaulle Express qui doit mettre l'aéroport de Roissy à 20 minutes de Paris fin 2023.  Contrairement à la plupart des aéroports des grandes capitales, Roissy-Charles-de-Gaulle ne bénéficie pas actuellement d'une desserte dédiée et ses accès sont congestionnés. Par la route (A1 et A3), "jamais de certitude sur le temps de parcours", une "anomalie française", a ironisé le rapporteur, Philippe Duron (PS). Sur le RER B, le trajet dure de 30 à 50 minutes depuis la gare du Nord mais la cohabitation entre banlieusards et passagers aériens souffre de la saturation aux heures de pointe et d'un manque d'espace pour les bagages.
"Créer la liaison Charles-de-Gaulle Express, c'est proposer aux voyageurs venant à Paris une alternative attractive qui favorisera l'usage des transports en commun tout en soulageant le RER B", a plaidé le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies. Les études de trafic prévoient "6 à 7 millions de voyageurs par an, alors que la part de la route dans la desserte de l'aéroport passerait de 56% à 40%".

15 minutes, 24 euros

Le CDG Express doit relier Roissy à la gare de l'Est en 20 minutes, avec un train toutes les 15 minutes de 5h00 à minuit et un billet à 24 euros. "Ce sera un atout de la candidature de Paris pour les Jeux olympiques de 2024. On ne fait pas cette infrastructure pour les JO, mais c'est un rendez-vous qui donne un impératif au calendrier", a argumenté Alain Vidalies.
Le projet, estimé à 1,4 milliard d'euros, a été soutenu par LR, notamment le président de la Métropole du Grand Paris (MGP) Patrick Ollier qui le juge "indispensable à l'attractivité économique et touristique", ainsi que par le maire de Neuilly-sur-Seine, Jean-Christophe Fromantin, engagé dans la candidature de la France pour l'Exposition universelle de 2025.
Mais des députés franciliens écologistes et Front de gauche sont opposés à sa réalisation, dénonçant, comme Laurence Abeille (Val-de-Marne), un projet "à destination uniquement des touristes" ou reflétant, comme la députée de Seine-Saint-Denis Marie-George Buffet, "les inquiétudes" des usagers du RER B. Sur les 32 km du tracé, le CDG Express circulera sur 24 km de voies existantes, utilisées par la ligne K du Transilien (qui dessert le nord-est de l'Ile-de-France) mais servant aussi de "voies de report" du RER B en cas de perturbations. Alain Vidalies a répondu que 125 millions d'euros étaient prévus dans le CDG Express pour poursuivre la modernisation du RER B et réduire ces perturbations.

Une taxe sur les billets d'avion ?

Plusieurs députés, comme l'UDI Bertrand Pancher qui s'est abstenu, ont critiqué le financement du projet, qui risque d'aggraver l'énorme dette de la SNCF (44 milliards d'euros fin juin). Alors que les députés ont adopté, lors de la réforme ferroviaire de 2014, une "règle d'or" censée plafonner cet endettement, le gouvernement a fait voter un amendement pour permettre une dérogation afin que l'entreprise puisse investir "autour de 250 millions d'euros", selon Alain Vidalies. L'orateur socialiste, Gilles Savary, a souhaité que "cette exception soit exceptionnelle".
Autre motif de mécontentement, l'éventuelle mise en place à partir d'avril 2017, comme financement complémentaire, d'une taxe d'un euro sur les billets d'avions des passagers à Roissy (sauf ceux en correspondance), malgré des protestations des compagnies aériennes. Alain Savary a plaidé pour des alternatives, comme une taxation des recettes commerciales d'ADP. Alain Vidalies s'est dit ouvert au débat lors du projet de budget rectificatif 2016 en fin d'année.
Le projet de loi de ratification de l'ordonnance doit maintenant être voté au Sénat.