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Education - L'ANMSM mobilise ses partenaires pour relancer les classes de découvertes

Les classes de découvertes ont chuté de 30% en dix ans dans certaines régions, elles sont pourtant plébiscitées par les parents. Les élus de stations de montagne interpellent le gouvernement pour lever les freins, administratifs plus que financiers, à ces séjours.

Les classes de découvertes sont plébiscitées par les parents qui sont 91% à souhaiter que leurs enfants puissent partir. C'est ce que révèle un mini-sondage Opinion Way pour le compte de l'ANMSM (Association nationale des maires des stations de montagne). Forts de ce constat, les  maires des stations de montagnes veulent "prendre à bras le corps la reconquête des classes de découvertes", a affirmé le président de l'association et maire de Saint-Bon-Courchevel ce 15 janvier à Paris devant une salle composée d'élus, journalistes, enseignants, directeurs d'école, représentants d'association et de ministères. Gilbert Blanc-Tailleur présidait une rencontre-débat sur le thème: "Classes de découvertes : quels bienfaits pour l'enfant ?", accompagnée par la projection d'un court documentaire "Partir en classe de neige". L'occasion de se mobiliser pour faire revivre ces classes en baisse vertigineuse de fréquentation : -30% en dix ans dans certaines régions.

Autonomie

Pourtant, tout le monde s'accorde à dire que ces classes constituent une "expérience éducative et pédagogique exceptionnelle". "Hors les murs, le maître mot devient l'autonomie. Les enfants se prennent en main, et aident les autres, ils apprennent à vivre ensemble au quotidien, on les responsabilise", témoigne Jean-Jacques Catreux, l'instituteur dont la classe a été suivie lors du tournage de "Partir en classe de neige". Il ne fait que traduire l'engouement des parents. Pour 96% d'entre eux, la classe de découvertes est l'occasion pour les enfants de faire l'apprentissage du vivre ensemble, selon ce sondage. Pour 95%, ce sont de bons souvenirs, plein de découvertes et d'expériences nouvelles. Suivent une expérience utile pour l'épanouissement de l'enfant (94%), un bon moyen de le responsabiliser (93%), de lui permettre de s'épanouir (94%) et de souder une classe (91%).
Jean-Jacques Catreux n'en est pas à sa première classe de découvertes... mais à sa dernière. Retraité depuis la fin du tournage, c'est "pour porter la bonne parole" que l'instituteur a accepté d'être suivi et filmé lors du montage de sa classe de découvertes à la station Saint-François-Longchamps. Il n'a pas caché son émotion en revoyant le documentaire. "Parfois on se dit : mais dans qu'elle galère j'ai pu me mettre ? Mais mon plus beau cadeau c'est quand une élève paniquée au début vient me voir à la fin et me dit fière : tu as vu Jean-Jacques je sais skier !"

Chapelet de normes

Avec un tel plaidoyer, comment expliquer le recul des classes de découvertes ? Pour 76% des parents interrogés, le prix des séjours est en cause, suivi du manque d'aides financières (61%). Mais les élus s'en défendent. Malgré la conjoncture et l'effort constamment demandé aux collectivités, les aides publiques qui ne vont pas en s'améliorant, l'aspect financier compte moins, selon eux, qu'un problème administratif : remotiver les enseignants, leur apporter des formations à l'organisation des classes de découvertes, et convaincre l'Education nationale de relancer le dispositif seraient les priorités. "Peu de familles ne partent pas", relève d'ailleurs Jean-Jacques Catreux. Pour l'instituteur de Loire-Atlantique, l'aide décisive est venue de l'Amicale laïque qui a réussi à couvrir la moitié du coût du voyage. Pour le reste, le chemin est connu : "passage par le conseil municipal qui refuse rarement de participer, puis au conseil général et le reste payé par les parents", témoigne Jean-Jacques Catreux.
Les élus préfèrent pointer "le chapelet des normes" qui pèsent sur les séjours. Pour 42% des parents,  les craintes sur la sécurité sont un frein. La peur "de se voir traîner en justice" explique une certaine réticence chez les instituteurs.  Pour le président de la FCPE, Jean-Jacques Hazan, intervenant lors de cette rencontre, "cela fait dix ans qu'on est dans le zéro défaillance, qu'on fait les choux gras de très malheureux accidents... Peut-être pour dissuader les monteurs de projets d'ailleurs et faire ainsi des économies". Et pourtant, au niveau des infrastructures des stations et chalets d'accueil, tout est révisé constamment, assure Jean-Marc Silva, directeur général de France Montagne.

Quatre propositions pour lever les freins

Gilbert Blanc-Tailleur l'a précisé, c'est au nom de tous les maires que son association souhaite relancer les classes de découvertes, même si les stations de ski ont tout à y gagner : "La présence des associations nationales d'élus à nos côtés témoigne de l'intérêt que les maires accordent à cette question et la diversité des organismes qui nous soutiennent traduit une mobilisation nationale de tous les acteurs."
Les réflexions issues des travaux du comité de travail créé par l'ANMSM en septembre 2010 sur les classes de neige ont montré que toutes les collectivités locales organisatrices et émettrices de ce type de séjours sont concernées par l'accueil des enseignants et de leurs élèves. Renforcés par les travaux menés par le Conseil national de tourisme et ceux de Béatrice Pavy, députée de la Sarthe, l'ANMSM et les associations d'élus formulent aujourd'hui quatre propositions "pragmatiques et proches des réalités locales" pour lever les freins à l'organisation des classes de découvertes. Elles demandent à l'Education nationale de définir une politique qui valorise le rôle des enseignants et les incitent à partir en classes de découvertes en allégeant notamment les charges administratives et en harmonisant les modalités de constitution des dossiers administratifs. L'Education nationale est par ailleurs invitée à détacher un personnel de l'enseignement national afin de proposer une boîte à outils qui relancerait et dynamiserait les classes. Les transporteurs nationaux sont appelés quant à eux à revoir leurs conditions tarifaires pour rendre les classes plus accessibles aux familles. Enfin, les élus proposent de faciliter les relations entre villes émettrices et classes de découvertes à travers la signature d'un protocole ; dans chaque commune, un ambassadeur local aurait pour mission de faciliter l'organisation du projet.

Des Eductours

Christine Laymard, directrice générale de l'ANMSM, a par ailleurs annoncé un programme de visites destinées aux enseignants, "les Eductours", pour leur faire visiter les stations de montagne et les informer sur les conditions d'accueil. 
Trois millions d'enfants ne partent jamais en vacances, rappelle le président de la FCPE. En pleine refondation de l'école, et en plein objectif national d'égalité pour tous, "le ministère de l'Education devrait se saisir de l'opportunité qu'offre ce projet hautement pédagogique", affirme Jean-Jacques Hazan. C'est un bol d'air "dans un programme très lourd qu'on ne termine jamais de toute façon", ironise-t-il. 
Si les bienfaits des classes de découvertes et la volonté de tous les acteurs ne sont plus à prouver, celle du gouvernement reste à démontrer. L'association avait déjà interpellé l'ancien ministre de l'Education Luc Chatel (voir ci-contre notre article du 30 mai 2011). Sans résultat. L'association a demandé en novembre dernier une audience auprès de Vincent Peillon pour exposer ses solutions et propositions. Le ministre de l'Education n'a pas encore donné suite. "Les classes de découvertes, on peut faire sans, bien entendu. On peut s'en passer... Mais avec c'est mieux", sourit Jean-Jacques Catreux. Un très bon ambassadeur de la cause.