Education - Lancement des Assises de l'Ecole et de ses partenaires : les collectivités sont attendues

Le ministère de l'Education nationale a bien quelques idées pour revivifier les "valeurs de la République", comme ajouter un volet "laïcité et citoyenneté" dans les PEDT ou constituer une "réserve citoyenne" au sein de laquelle enseignants et collectivités pourraient piocher dans le cadre des activités scolaires et périscolaires, ou encore favoriser la mixité sociale en jouant sur la carte scolaire. Pour la mise en œuvre de tout cela, il attend les bonnes idées qui émergeront des "Assises pour l'école" lancées ce lundi 9 février.

Les Assises de l'Ecole, annoncées dans le cadre de la "Grande mobilisation de l'Ecole pour les valeurs de la République", ont officiellement été lancées le 9 février par le Premier ministre et les ministres en charge de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur, de la Jeunesse et de la Ville, devant les préfets, les recteurs et les IA-Dasen réunis à la Sorbonne.
L'occasion pour le ministère de l'Education nationale de publier un "point d'étape" de la mise en œuvre des mesures annoncées par Najat Vallaud-Belkacem le 22 janvier dernier, précisant qu'il ne s'agissait alors que d'une "amorce de réponse". Cette amorce "doit être complétée par l'expression la plus large possible sur le terrain des acteurs de l'Ecole et de ses partenaires". Tel est l'objet de ces assises qui dureront jusqu'à la fin avril et dont les conclusions seront synthétisées le 12 mai prochain, précise-t-il.

La réserve citoyenne peut être mobilisée pour des activités périscolaires

D'ores et déjà, la réserve citoyenne "prend forme" avec la possibilité désormais donnée aux citoyens qui le souhaitent d'apporter leur expertise et leur concours à l'école sur des sujets aussi divers que "l'actualité et les médias", les arts et la culture, la citoyenneté et les valeurs de la République, le droit, l'environnement, l'histoire et la mémoire, l'international, le monde professionnel, la santé et la prévention.... Un dépôt des candidatures en ligne (www.lareservecitoyenne.fr) et la désignation au niveau national et dans chaque académie d'un chef de projet "réserve citoyenne" permettra de mettre en contact les besoins des établissements scolaires et l'offre citoyenne.
Le ministère souligne que cette réserve citoyenne peut "permettre à des collectivités de mobiliser, sous leur responsabilité, les réservistes qui manifesteraient le souhait d'intervenir en appui aux activités périscolaires, sous leur responsabilité propre". Une convention sera alors conclue avec chaque collectivité intéressée.

Un volet laïcité et citoyenneté dans les PEDT et dans les contrats de ville

Parmi les 11 points de mise en œuvre du plan, on relèvera celui qui appelle à un "partenariat renouvelé avec les collectivités territoriales et les associations" (point 5). Zéro annonce, plutôt des rappels. Pour le concret, il faudra attendre les bonnes idées qui émergeront du local (voir notre encadré ci-dessous).
Il y est par exemple confirmé que le projet éducatif territorial (PEDT) doit être "mobilisé pour soutenir les actions périscolaires pour la laïcité et la citoyenneté". Pour cela, un volet laïcité et citoyenneté devra être intégré aux PEDT élaborés par les communes. Le ministère de l’Education nationale assure qu'il y apportera "son soutien", en lien avec le ministère chargé de la jeunesse via des aides aux associations de jeunesse et d’éducation populaire et un travail de recensement et de diffusion des bonnes pratiques.
Il est également rappelé que ces deux ministères "travaillent" pour "promouvoir" un axe laïcité et citoyenneté dans les contrats de ville. Ils réfléchissent également à des
propositions pour développer les internats et les programmes de la réussite éducative (dispositif que François Hollande a assuré vouloir "généraliser", voir notre article du 5 février 2015), mieux prévenir les ruptures sociales et scolaires, accompagner les parents et aider les jeunes dans leur parcours vers l’insertion.

Rien de nouveau non plus sur la carte scolaire

Un autre point porte sur l'accélération de la mise en œuvre du plan de lutte contre le décrochage (point 7), sans que l'on en sache beaucoup plus. Une circulaire serait en train d'être rédigée "avec les régions".
La carte scolaire est abordée au chapitre "renforcer les actions contre les déterminismes sociaux et territoriaux" (point 8). Là encore, rien de précis. Le ministère se contente de répéter que "les autorités académiques prépareront un état des lieux avec les collectivités compétentes puis procèderont à la révision des procédure de sectorisation et d'affectation visant à favoriser davantage de mixité des profils au collège". C'était l'objet de la circulaire du 7 janvier dernier (voir notre article Mixité sociale dans les collèges : une circulaire suggère un mode de concertation entre conseils généraux et rectorats du 9 janvier 2014), elle-même prise en application d'un décret paru cet été en application de la loi pour la Refondation de l'école (voir notre article du 22 juillet 2014 Carte scolaire calée sur un périmètre de transports urbains : un décret invite à passer des conventions).
Le point suivant s'intitule "une action en faveur des publics les plus fragiles". Le ministère y assure que "les recteurs et inspecteurs d’académie ont engagé des discussions avec les collectivités territoriales pour contribuer à la scolarisation des enfants de moins de 3 ans" et que "les IEN sont mobilisés pour mettre en place des dispositifs d’accueil pertinents à la mesure des besoins spécifiques des tout-petits". Par ailleurs, le ministère rappelle que le financement des fonds sociaux des établissements scolaires est porté à 45 millions d'euros, "soit plus de 20% d’augmentation", précise-t-il. Et que dans les DOM, un fonds social spécifique cantine permettra de favoriser l’accès à la restauration scolaire pour les publics les plus défavorisés, en Guyane et à Mayotte.

Des assises en trois temps et trois niveaux territoriaux

Quant à l'organisation des assises elles-mêmes, les réunions se tiendront sur trois niveaux, infradépartementales puis départementales (entre le 16 février et le 24 avril) puis nationale avec une synthèse présentée dans "la semaine du 12 mai".
Les réunions infradépartementales se tiendront dans les écoles, les établissements du second degré ou encore dans les établissements d’enseignement supérieur. Sont conviés : "la communauté éducative, les élus locaux, les services de l’Etat, les associations locales (associations complémentaires de l’école, associations de jeunesse et d’éducation populaire, associations de quartiers, de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, etc.), le monde économique (chambres consulaires, acteurs de l’économie sociale et solidaire, etc.)". Ces réunions sont organisées par les directions départementales des services de l’Éducation nationale (DDSEN), "au niveau par exemple de l’arrondissement ou du bassin d’éducation et de formation, avec l’appui des autres services de l’Etat", précise le ministère. Elles visent à "mobiliser les acteurs locaux autour des valeurs de la République à l’Ecole" et à préparer et alimenter la réunion départementale.
Il y aura en effet ensuite une réunion dans chaque département, qui fera une première synthèse, avec les mêmes partenaires auxquels s'ajouteront cette fois les parents d’élèves, les élèves, les sections départementales des associations et les "acteurs économiques départementaux".

Valérie Liquet


parmi les trois thématiques des Assises de l'Ecole, le travail conjoint avec les collectivités

Lancées ce 9 février 2015, les assises de l'Ecole devront aborder trois thématiques : "Comment associer pleinement les parents d’élèves à la mission éducative de l’école ?" ; "Comment favoriser le travail conjoint des collectivités locales et de l’Education nationale ?" et "Comment mobiliser les acteurs associatifs, le monde économique et la société civile pour soutenir l’École dans son action de lutte contre les déterminismes sociaux ?"
Les discussions autour de la seconde thématique devront formuler des réponses aux questions suivantes : Quel contenu au volet laïcité et citoyenneté dans les PEDT ? Comment construire un cadre commun pour la mise en oeuvre du principe de laïcité dans les temps scolaires, périscolaires et extrascolaires ? Quel contenu à un axe laïcité et citoyenneté dans les contrats de ville ? Comment y inclure la prévention des ruptures sociales et scolaires, l’accompagnement des parents, l’accompagnement des jeunes vers l’insertion et l’emploi ? Ou encore : Comment développer sur tout le territoire les programmes de réussite éducative pour le suivi et l’accompagnement individuel des jeunes ? Et pour finir : Comment mettre en place une politique active de mixité pour agir sur la composition des collèges ?
Dans le cadre de la troisième thématique, il faudra réfléchir à comment mobiliser les acteurs associatifs, le monde économique et la société civile pour soutenir l’École dans son action de lutte contre les déterminismes sociaux ? Comment construire et/ou renforcer les liens avec les associations de l’éducation prioritaire, les associations de jeunesse et les associations concourant à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme ? Comment constituer et mobiliser la réserve citoyenne ? Et : Comment associer les entreprises à la lutte contre les discriminations sociales et territoriales ?
Réponse en mai, lors de la grande synthèse nationale. V.L.