"L’amortisseur électricité" revu, mais toujours guère lisible
Le gouvernement vient d’apporter des précisions sur le fonctionnement de "l’amortisseur électricité", dispositif qui devrait permettre aux collectivités non éligibles aux tarifs réglementés (parmi d’autres), de bénéficier d’un allégement de leur facture d’électricité. Comme annoncé par la Première ministre au congrès des maires, son fonctionnement a été revu : il sera plus aisément accessible, mais l’aide maximum est à la baisse. Au-delà du prix de l’énergie, se pose toujours la question de l’approvisionnement. En conseil des ministres ce 29 novembre, Élisabeth Borne a indiqué que la mise en œuvre d’un plan de délestage ne peut à ce jour être "ni exclue ni confirmée".
"J’espère que tout est parfaitement clair", avait lâché dans un sourire la Première ministre en conclusion de la conférence de presse du 27 octobre dernier présentant "l’amortisseur électricité", nouveau dispositif de soutien face à l’explosion des coûts de l’énergie (voir notre article). À dire vrai, cela ne l’était guère, en dépit des efforts d’un Bruno Le Maire concédant que "contrairement à la Première ministre, je suis littéraire et je n’ai pas fait Polytechnique". Et Élisabeth Borne en avait bien conscience : "Il faut qu’on vous repasse cela de façon plus précise", avait-elle alors convenu. Lors du dernier Congrès des maires, elle est même allée plus loin, en admettant que ce dispositif, tout comme le "filet de sécurité", était "trop complexe" et "devait être adapté" (voir notre article du 24 novembre). Une nouvelle version de ce mécanisme, applicable pour un an à compter du 1er janvier, a donc été présentée ce 29 novembre par les ministres de l’Économie, de la Transition écologique et de la Transition énergétique. Dans un communiqué de presse commun, ils affirment un triple objectif : "efficacité, lisibilité et rapidité".
Collectivités concernées
Pour la lisibilité, il est d’emblée manqué. Le communiqué indique en effet que cet amortisseur est destiné "à toutes les collectivités et établissements publics n’ayant pas d’activités concurrentielles, quel que soit leur statut". Or, les collectivités de moins de 10 agents – qui comme les particuliers sont éligibles aux tarifs réglementés – ne bénéficient pas, sauf surprise (et non sans logique), de ce nouveau dispositif.
Le communiqué précise également que "les consommateurs n’auront qu’à confirmer à leur fournisseur qu’ils relèvent du statut de PME, d’association, de collectivité ou d’établissement public et qu’ils n’ont pas d’activités concurrentielle[s]". On imagine aisément que, contrairement à ce qui est indiqué là encore, cette dernière condition ne s’appliquera pas aux PME. Mais qu’en est-il des autres consommateurs ? Interrogés par Localtis, les ministères de la Transition écologique et de la Transition énergétique n’ont malheureusement pu répondre à ces questions.
Une aide plus accessible, mais moins importante
L’aide – qui ne porte que sur la "part énergie" du contrat, c'est-à-dire "le prix annuel moyen de l’électricité hors coûts d’acheminement de l’électricité dans le réseau (tarif réseau ou Turpe) et hors taxes" – sera définie "grâce à un calcul simple", assure le communiqué. "L’amortisseur viendra ramener le prix annuel moyen de la 'part énergie' à 180 euros/MWh sur la moitié des volumes d’électricité consommée, dans la limite d’un plafond d’aide unitaire de la ‘part énergie’ du contrat à 500 euros/MWh", précise-t-il. Le gouvernement a donc revu à la baisse le plancher déclenchant l’aide, précédemment fixé à 325 euros, ce qui élargit les potentiels bénéficiaires. Mais il a également revu de même le plafond, initialement fixé à 800 euros. En conséquence, la réduction maximale du prix unitaire sera de 160 euros/MWh sur la totalité de la consommation [(500-180)/2], alors qu’elle aurait pu atteindre près de 240 euros précédemment. Estimant sans doute qu’un bon croquis vaut mieux qu’un long discours, les ministres présentent différents scénarios dans un tableau (voir illustration). L’AFP indique qu’un simulateur doit être prochainement mis en ligne à destination des entreprises, et dans un second temps des collectivités. Gageons qu’il ne manquera pas d’être utilisé.
Dans une communication présentée lors du conseil des ministres du 29 novembre, la Première ministre a indiqué que la mise en œuvre d’un plan national de délestage électrique, "fortement corrélée à l’aléa climatique, ne peut être à ce jour ni exclue ni confirmée" et "doit donc être préparée" – une cellule interministérielle de crise dédiée a été activée à cette fin début novembre. RTE a estimé le 18 novembre que le risque était faible pour le mois de décembre, mais qu’il augmentait pour le moins de janvier. La Première ministre précise que si ces coupures devaient intervenir, "elles dureraient deux heures consécutives, en affectant alternativement des portions de département" et "concerneraient les pics de consommation situés sur les jours ouvrés, sur des créneaux horaires indicatifs de 8h à 13h et de 18h à 20h". Elle ajoute que ces coupures pourraient se traduire "par des perturbations de la vie quotidienne, concernant les communications téléphoniques, les transports, les écoles ou le fonctionnement des dispositifs automatiques dépendant de l’alimentation électrique". |