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Enfance / Vie locale - L'AMF et l'Unicef lancent le réseau Intercommunalité amie des enfants

Après la Ville amie des enfants, voici l'Intercommunalité amie des enfants. L'Association des maires de France (AMF) et l'Unicef France ont signé le 21 mai devant la presse un avenant visant à élargir le champ du partenariat qui les lie depuis 2002 (voir nos articles ci-contre). En créant le titre d'Intercommunalité amie des enfants, les deux organisations se disent "[motivées] par le fait que sur certains territoires, les communes ont transféré tout ou partie de leurs attributions (petite enfance, enfance ou jeunesse) à un établissement de coopération intercommunale à fiscalité propre (EPCI)", explique Michèle Barzach, présidente de l'Unicef France. Il s'agit d'une opération "porteuse d'avenir", ajoute Jacques Pélissard, président de l'AMF, "le tandem communes-intercommunalités étant amené à se développer". 
La philosophie du réseau des collectivités amies des enfants, le médecin Catherine Dolto la résume en une phrase : "Ce que la société fait vivre aux enfants, ces derniers le lui rendent un jour". En devenant "amie des enfants", une collectivité s'engage à mettre en pratique les principes de la Convention internationale des droits de l'enfant sur son territoire. La démarche a donc à la fois une charge symbolique - le titre matérialisant un élan volontariste des politiques locales pour le bien-être et l'épanouissement des enfants - et une portée pratique. Le réseau a en effet pour but de favoriser l'échange d'idées et de pratiques autour des différents aspects de la vie des enfants : bien-être et cadre de vie, accès aux services, participation citoyenne, sécurité, santé et hygiène ou encore solidarité internationale.

Se poser les bonnes questions pour candidater

Ce nouveau réseau vient "corriger une frustration qu'éprouvaient un certain nombre d'élus", pour Elisabeth Laithier, présidente du groupe de travail "petite enfance" de l'AMF. Pour cette dernière, malgré leur bonne volonté, les élus se trouvent souvent limités financièrement ou du fait des transferts de compétences réalisés en direction des intercommunalités. Des possibilités élargies s'offriraient désormais aux communes qui souhaiteraient coopérer avec leur EPCI.
Pour devenir officiellement "amie des enfants", la collectivité doit démontrer un investissement fort et innovant dans plusieurs des champs considérés. Désormais, une ville peut choisir de candidater seule ou avec l'intercommunalité à laquelle elle est rattachée. Les 246 villes qui composent le réseau actuel vont devoir candidater de nouveau pour que les équipes municipales nouvellement élues réaffirment l'engagement de leur commune.
A l'appui des collectivités intéressées, l'AMF et l'Unicef France adressent aux élus locaux un guide intitulé "Ville et intercommunalité amies des enfants – L'innovation publique locale au service des enfants et des adolescents". Le guide fournit notamment un "tableau de bord" permettant aux collectivités de s'auto-évaluer, avec des questions telles que : "les parcs et jardins sont-ils tous accessibles aux enfants ?", "développez-vous un Agenda 21 et, si oui, les enfants y sont-ils associés ?" ou encore "les tarifs des bibliothèques et des conservatoires prennent-ils compte de la situation financière familiale ?".

Des bonnes pratiques pour inspirer les élus

D'abord conçu comme un recueil de bonnes pratiques, ce guide vise à outiller les équipes locales sur chacun des dix axes de la démarche. Pour Jacques Pélissard, il s'agit de "démontrer que mener une politique de l’enfance et de l’adolescence sur un territoire ne se limite pas à exercer une compétence technique et logistique".
Parmi les bonnes pratiques valorisées, un dispositif de concertation, mené par une ville de 44.000 habitants*, recueille les idées des enfants sur des projets d'aménagement, tels que des accueils de loisirs. Dans une plus petite ville, des 6-12 ans ont créé une carte subjective de leur ville en localisant des odeurs ("la rue qui sent le pain"), des sons, des dangers ou d'autres informations assez inédites et potentiellement utiles pour la conception de l'urbanisme ou encore la gestion du trafic automobile. Sur le thème "handicap", deux communes organisent des ateliers de sensibilisation dans les écoles, à travers des rencontres ou des mises en situation. Quant à l'accès aux loisirs, une ville soutient les enfants dans la pratique d'un sport ou d'une activité culturelle ; en retour, les enfants s'engagent à aider la collectivité en s'impliquant dans un projet municipal ou citoyen.

246 villes, bientôt des EPCI, mais aussi 4 départements 

L'AMF et l'Unicef estiment que la moitié des 246 villes "amies des enfants" pourrait souhaiter renouveler leur engagement en binôme avec l'intercommunalité à laquelle elles sont rattachées. Au-delà du réseau existant, ce sont surtout des communautés de communes qui pourraient manifester leur intérêt.
S'ils n'apparaissent pas sur la couverture du guide 2014-2020, certains départements sont également actifs dans la démarche : quatre d'entre eux ont déjà le titre de "département ami des enfants" et la candidature de deux autres conseils généraux est à l'étude. L'appartenance au réseau peut être à l'origine de synergies intéressantes, comme dans le Doubs où le département et six villes travailleraient de concert dans les domaines de la prévention et de la participation citoyenne. "Cela peut créer une vraie dynamique de territoire", assure Julie Zerlauth-Disic, responsable des relations avec les collectivités territoriales à l'Unicef. Se pose pourtant la question d'un lien plus systématique entre ces actions exercées dans tous les domaines de la vie locale et la politique de protection de l'enfance, qui relève - jusqu'à quand ? - de la responsabilité des départements. Pour Michèle Barzach, l'esprit de la démarche est bien d'"aller en priorité vers les enfants les plus vulnérables" pour susciter en cascade des changements bénéfiques pour tous. 

* Le guide a fait le choix de ne pas donner le nom des collectivités à l'origine des "bonnes pratiques" pour signifier que, entre collectivités comme avec les enfants, l'amitié doit primer sur l'esprit de compétition.