Environnement - L'Ademe imagine les déchetteries du futur
Pour parodier un slogan du ministère de l'Ecologie qui a fait florès en matière de déchets, on pourrait dire aujourd'hui à propos des déchetteries : "Faisons vite, ça déborde !" A l'occasion des Journées techniques nationales sur le secteur qu'elle a organisées les 5 et 6 avril à Paris en collaboration avec Amorce, l'Ademe a pointé la nécessité de réorganiser les sites pour faire face à l'augmentation massive des flux et à leur changement de nature.
Le parc français se compose aujourd'hui de plus de 4.500 installations opérationnelles mais plus de la moitié sont antérieures à 2000 et donc parfois vétustes ou inadaptées, note l'Ademe. Il doit donc aujourd'hui "être impérativement rénové et optimisé pour répondre aux objectifs, en matière de recyclage et de réduction des déchets, du Grenelle de l'environnement", insiste l'agence. L'adaptation est d'autant plus urgente que les tonnages repris en déchetteries ont augmenté dans de très fortes proportions ces dernières années : +74% entre 2001 et 2009. Ils atteignaient 11,8 millions de tonnes en 2009, soit 190 kg/habitant desservi/an.
L'Ademe estime donc urgent d'agir à plusieurs niveaux pour optimiser le traitement des déchets : d'une part avec des actions de prévention, d'autre part avec des mesures impliquant directement les déchetteries, leur réorganisation et leur capacité à gérer les évolutions liées au secteur et au type de déchets traité. Beaucoup de déchetteries doivent se doter de nouveaux équipements, voire repenser toute l'organisation pour intégrer de nouveaux flux issus des nouvelles filières qui se mettent en place progressivement et font aujourd'hui l'objet de points de collecte précis et gérés de façon indépendante. C'est le cas de la filière déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), créée en 2005, de celle sur les pneumatiques, mise en place en 2008, de la filière textiles, opérationnelle depuis 2009, et bientôt de la filière déchets diffus spécifiques des ménages (produits chimiques tels que résidus de peinture, solvants et autres produits de nettoyage domestique) qui démarrera fin 2011, et de la filière éléments d'ameublement qui sera mise en place en 2012.
Pour l'Ademe, les intégrer aux déchetteries permettrait de multiplier les lieux de dépôt et donc d'optimiser les chances de traitement adapté. Mais il faut pour cela plus d'espace - et donc des extensions de terrain -, des équipements adéquats et des conditions de sécurité adaptées. A ce propos, l'Ademe réalise actuellement une enquête nationale sur la sécurité et le contrôle d'accès en déchetteries pour proposer aux collectivités des solutions techniques adaptées.
Mieux valoriser et réemployer
Autre marge de progrès : la valorisation des déchets et leur recyclage. Les bennes tout-venant des déchetteries contiennent aujourd'hui un potentiel trop important de matériaux recyclables (de 26% à 33% de plastiques rigides et souples, de 12,5% à 18% de plâtre, 13% de textiles). Plusieurs collectivités ont déjà engagé des opérations de caractérisation des flux de déchets encombrants couplées à des expérimentations de démantèlement d'objets (présence d'une benne bois sur une déchetterie, d'une filière de réemploi, etc.). Autant d'expériences probantes, selon l'Ademe, qu'il faut poursuivre et accentuer même si les conditions de valorisation de certains matériaux, notamment les plastiques et le bois, varient d'un territoire à l'autre selon l'existence de filières locales.
L'Ademe juge aussi nécessaire d'accroître "le formidable potentiel du réemploi", solution privilégiée par les textes réglementaires et notamment par la directive européenne sur les déchets. Les déchetteries sont directement concernées par le développement du réemploi avec une mise à disposition sur site de conteneurs ou de locaux dédiés à la collecte des objets "réemployables" ou avec la mise en place de recycleries-ressourceries qui leur sont associées, souligne l'agence.