La stratégie nationale de prévention de la délinquance officialisée le 9 septembre
La stratégie nationale de prévention de la délinquance devrait être officiellement adoptée le 9 septembre, à l'occasion du séminaire intergouvernemental sur la sécurité. C'est ce qu'a indiqué Marlène Schiappa, lundi 31 août, en détaillant les contours de son portefeuille.
Attendue depuis trois ans, la stratégie nationale de prévention de la délinquance sera officiellement adoptée le 9 septembre, à l’occasion d’un séminaire gouvernemental sur la sécurité. C’est ce qu’a indiqué la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur chargée de la Citoyenneté, Marlène Schiappa, lors d’une conférence de presse, lundi 31 août, où elle a pu préciser les contours de son portefeuille. Soucieuse de se faire une place aux côtés de Gérald Darmanin, l’ancienne secrétaire d'État à l’Égalité entre les femmes et les hommes a ainsi posé les deux axes de son action : "faire vivre les valeurs de la République" et "incarner la République qui protège".
C’est au titre de ce deuxième axe qu’elle sera chargée de la mise en œuvre de cette stratégie 2020-2024 mise en ligne au printemps sur le site du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR). Mais la stratégie a subi quelques retouches "avec le gouvernement de Jean Castex", a précisé la ministre. Cette stratégie prévoit notamment de renforcer le rôle de pivot du maire inscrit dans la loi du 5 mars 2007. Elle se fixe comme priorité la lutte contre la délinquance des jeunes, thématique qui a pris de l’ampleur ces derniers jours avec l’utilisation du terme d’"ensauvagement" de la société par le ministre de l’Intérieur. À cet égard, la ministre reprend à son compte les mots de Gérald Darmanin : "Il n’y a rien de pire pour les gens que de vivre une réalité sur le terrain" que les responsables politiques ne reconnaissent pas, a-t-elle-même insisté. Car, selon elle, "les violences dites gratuites augmentent", comme ont semblé le montrer les faits divers de l’été. Mais le mot marque une divergence de vue profonde entre les ministères de l’Intérieur et de la Justice. "L'ensauvagement, c'est un mot qui (...) développe le sentiment d'insécurité", a réagi le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, mardi, sur Europe 1. "Pire que l'insécurité, il y a le sentiment d'insécurité" qui est "de l'ordre du fantasme" et est nourri par "les difficultés économiques" et "certains médias", considère-t-il.
Groupes de partenariats opérationnels
Mais pour la ministre, la stratégie permettra d’apporter des actes derrière les mots. En matière de lutte contre la délinquance, il faut "marcher sur deux jambes : une préventive et l’autre répressive", a-t-elle insisté. La stratégie s’appuie à cet égard sur les GPO (groupes de partenariats opérationnels), dans un esprit de "coproduction" des forces de sécurité. Ces GPO ont commencé à être déployés à partir de 2019 dans le cadre de la police de sécurité du quotidien. "La police intervient majoritairement en matière de réappropriation de l’espace public et d’action judiciaire alors que l’action des partenaires s’inscrit, elle, dans le suivi social et éducatif, la vigilance de proximité et le rehaussement de dispositifs techniques de sécurité", a développé le directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux. Ces GPO ont donné lieu à plus de 8.000 réunions mais tous ne fonctionnent pas de manière idéale. Frédéric Veaux pointe la réticence "de certains élus à participer à ces groupes de partenariats opérationnels dont l’assise territoriale dépasse parfois très largement le niveau de la commune, et la vigilance dont doivent faire preuve les services de police pour ne pas déplacer les problèmes d’une rue à une autre". Dès l’origine, les élus avaient dénoncé la mise en place de ces structures sans la moindre concertation.
"Un combat culturel"
La ministre veut aussi raffermir la citoyenneté dont elle est chargée. "C’est un combat culturel et de terrain qu’il nous faut mener pour présenter une vision attrayante des valeurs de la République, de l’universalisme, de ce qu’est la France afin de lutter pied à pied contre cette forme de communautarisme." Le projet de loi sur les séparatismes que le Premier ministre avait annoncé cet été "pour la rentrée, en septembre ou en octobre" sera présenté d’ici la fin de l’année. Marlène Schiappa a annoncé vouloir "redynamiser" les cellules départementales de prévention de la radicalisation.
Elle souhaite aussi durcir la lutte contre les dérives sectaires. Elle transmettra ainsi, courant septembre, aux préfets une circulaire pour "intensifier la lutte contre les dérives sectaires en saisissant systématiquement les autorités judiciaires au titre de l’article 40 du code de procédure pénale".
Enfin, Marlène Schiappa entend poursuivre la lutte contre les violences faites aux femmes, alors que son action à l’ancien secrétariat d’État vient d’être sévèrement critiquée par les sénateurs Arnaud Bazin (Val d’Oise, LR) et Éric Bocquet (Nord, CRCE). "Où sont les 360 millions d’euros annoncés pour lutter contre les violences faites aux femmes ?", s’interrogent-ils, dans un rapport.