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Transports - La SNCF justifie la hausse de ses tarifs par "un programme d'investissements sans précédent"

A compter du 24 janvier, prendre un TGV, un train Intercités ou un TER coûtera 2,3% plus cher en moyenne, une hausse de prix que la SNCF justifie par un "programme d'investissements sans précédent" de 2,6 milliards d'euros. Cette augmentation touchera les billets mais aussi les abonnements Fréquence (TGV et Intercités) et régionaux, tandis que la hausse du forfait Intercités sera "limitée à 2%". Raison invoquée : la SNCF compte notamment dépenser 500 millions d'euros de plus en 2013 par rapport à l'an dernier "pour améliorer et développer les services pour les voyageurs".
La hausse est inférieure à celle de 3,2% du début 2012. Mais cette dernière était pour près de la moitié imputable au relèvement de la TVA par le gouvernement de l'époque. Son solde collait à l'inflation attendue pour 2012. Cette année, elle dépasse largement la hausse des prix à la consommation enregistrée l'an dernier (1,2% hors tabac) et celle prévue pour 2013 (1,8%). Et il faut s'attendre à une augmentation supplémentaire de 3% des tarifs au 1er janvier 2014, à cause de la nouvelle hausse prévue à cette date de la TVA dans les transports publics.
A partir du 24 janvier, un billet TGV Paris-Lille, Paris-Nantes ou Paris-Nice coûtera un euro de plus, un Paris-Bordeaux, Paris-Lyon ou Paris-Strasbourg sera deux euros plus cher. Sur Intercités, il faudra débourser un euro de plus pour un Paris-Clermont-Ferrand ou un Marseille-Toulouse. Pour les TER, un trajet Tours-Joué-les-Tours (6 km) ou Aix-les-Bains-Chambéry (14 km) coûtera 0,10 euro de plus, un Belfort-Mulhouse (49 km) 0,20 euro de plus, un Paris-Chartres (88 km) 0,30 euro de plus et un Paris-Amiens (131 km) 0,50 euro de plus.
Pour faire passer la pilule, la SNCF a gelé pour 2013 un certain nombre de tarifs comme les abonnements Forfait sur TGV, les réservations pour les abonnements Forfait et Etudiants, Elèves et Apprentis. Pour tous les clients Loisirs et Longue distance (plus de quatre heures de trajet), le gel s'applique également aux tarifs Prem's, aux prix des cartes de réduction et aux tarifs sur les liaisons entre le nord-est de la France et les stations balnéaires (Lille-Marseille, Lille-Nice, Strasbourg-Nice et Metz-Marseille). La SNCF prévoit aussi d'accroître de 20% le volume des billets à petit prix grâce à ses offres promotionnelles sur TGV (100% Prem's) et Intercités (100% Eco et Mini-groupe), à l'élargissement de l'offre iDTGV vers Quimper et au lancement au premier semestre 2013 du TGV Eco qui reliera l'Ile-de-France au Sud-Est.

Gares rénovées et nouveaux services

En contrepartie de la majoration des tarifs, les voyageurs vont pouvoir prendre place dans des rames TGV neuves (15 rames livrées en 2013) ou rénovées (30 rames), ce qui représente au total 10% du parc TGV, ainsi que dans quinze rames Intercités rénovées. La SNCF devrait également réceptionner 10 tram-trains ainsi que 38 rames Regiolis et les premières rames Regio2N, équipements achetés dans le cadre d'une commande totale de 350 rames financée par les régions. En Ile-de-France, le réseau Transilien doit bénéficier cette année de 574 millions d'euros d'investissements de la part du Stif, de la région et de la SNCF. Sur ce total, 270 millions d'euros sont destinés à l'acquisition de 32 rames et 120 millions d'euros à la modernisation et la rénovation d'une quarantaine de rames existantes.
Quelque 309 millions d'euros vont par ailleurs être dépensés par la branche Gares&Connexions de la SNCF pour rénover les gares de Toulon, Lille-Europe, Orléans, Tours, Montpellier, Avignon, Amiens, Besançon-Viotte, Dijon et les gares parisiennes d'Austerlitz et de Lyon. De plus, la SNCF prévoit de lancer des services et commerces en gare (centre d'affaires de la gare Bordeaux-Saint-Jean, crèche à Castres, boutiques du quotidien dans les gares d'Annecy et Châtellerault) et de créer le billet sur téléphone mobile pour plus de 1.000 destinations en France et à l'international.

Les usagers entre scepticisme et franche colère

Principale fédération d'usagers des transports, la Fnaut, a estimé le 14 janvier dans un communiqué que "face à la hausse sensible des tarifs, l'avenir du système ferroviaire n'est pas assuré". Elle pointe "des réductions de services pour les TER, les Intercités, souvent supprimés à cause de travaux (et dont les tarifs ont déjà augmenté à l'été 2012)" et relève que ce phénomène apparaît aussi pour les TGV sur des relations transversales mais aussi radiales. "Il est évident qu'une hausse des tarifs doit impliquer aujourd'hui une remise à niveau très rapide de la qualité de service, qui ne peut se limiter à des problèmes de ponctualité ou d'état d'entretien du matériel", ajoute la Fnaut, qui regroupe 200 associations d'usagers.
Pour la Fédération, "il est indispensable d'augmenter fortement le rapport qualité/prix du train. C'est pourquoi elle demande à la SNCF de mettre en place "au plus vite une offre alternative à bas coût". Cette offre, selon elle, devrait proposer "un minimum de services ferroviaires Intercités, parallèlement aux lignes à grande vitesse", et aux tarifs plus accessibles que le TGV, une offre TGV low cost étendue à l'ensemble des lignes à grande vitesse, une offre TER développée comme alternative crédible à l'automobile ainsi que la suppression de la réservation obligatoire sur les "anciens Téoz".
Plus sévère, l'Association des usagers des chemins de fer (Avuc) estime que la SNCF a confirmé "en douce, en pleine actualité internationale et sociétale, une augmentation de ses tarifs". Une décision qui intervient, selon l'association, "alors que tous les services du rail ne cessent de se dégrader (trains supprimés, en retard, inadaptés aux contraintes des voyageurs, guichets de vente et d'accueil fonctionnant au ralenti, petites gares fermées)". L'Avuc juge que cette hausse est "destinée à satisfaire les exigences mercantiles de la SNCF" et qu'elle "permet de compenser le désengagement de l'Etat". "Méprisés et malmenés, les voyageurs devraient être au contraire indemnisés en raison du service calamiteux qui leur est proposé", a estimé l'Avuc, soulignant que le prix moyen du billet a augmenté de près de 14% en cinq ans.