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Formation - La régionalisation des formations sanitaires et sociales aurait accru les inégalités

La régionalisation des formations sanitaires et sociales par la loi du 13 août 2004 a engendré "de nombreuses inégalités", dénoncent plusieurs fédérations d'étudiants spécialisées, dans un dossier de presse commun du 29 octobre. Ces inégalités se traduisent "tant sur le plan du financement (individuel et global) que sur le plan de la répartition géographique des instituts de formation, ou encore, sur le montant des bourses et les liens avec les universités", soulignent ainsi les fédérations des étudiants en kinésithérapie (Fnek), en soins infirmiers (Fnesi), en maïeutique (Anesf), en psychomotricité (Anep) et en ergothérapie (UNAEE). Ces formations sont "les seules formations d'enseignement supérieur dont la compétence de gestion est régionale", rappllent-elles.
"Quand dans une région X la formation d'un étudiant sera financée, dans une région Y elle ne le sera pas. Cela crée une concurrence entre les régions ajoutant des raisons de mobilité géographique des étudiant-e-s", poursuit le document, sachant que les inégalités peuvent être régionales mais aussi entre les instituts concernés et les universités. Le document fournit des exemples précis. Ainsi, une étudiante en kinésithérapie de 3e année, dont les parents perçoivent un revenu global de 19.900 euros par an, avec un frère et une sœur dans le secondaire, et habitant à 250 km de son lieu de formation, aurait droit à 2.820 euros de bourse en Rhône-Alpes, 3.916 euros en Auvergne et 4.496 euros au Crous (centre régional des oeuvres universitaires et scolaires).
La fusion des régions est une source supplémentaire d'inquiétude. "De nombreuses régions telles que la Basse-Normandie et la Haute-Normandie ou encore la région Rhône-Alpes et Auvergne ont des systèmes d'aides sociales radicalement différents et vont pourtant fusionner en janvier 2016", constatent les fédérations.


Fort endettement des étudiants

Les inégalités dans les aides se doublent d'inégalités de frais d'inscription. En Ile-de-France, ces derniers se montent à 11.000 euros dans le privé. Mais "le secteur public n'est pas exempt de frais d'inscription élevés par manque d'investissement de la part des régions". Les frais de scolarité de l'institut de formation en masso-kinésithérapie de Brest (public) s'élèvent à 6.000 euros. Ce qui conduit à "un endettement fort des étudiant-e-s". Les étudiants empruntent en moyenne 5.000 euros pour payer leurs études. Un endettement qui s'élève à 20.000 euros pour un quart des étudiants en kinésithérapie. Cette situation d'endettement pousserait les étudiants à se tourner vers le secteur libéral où les rémunérations sont plus avantageuses. "A l'heure du manque d'attractivité hospitalière, les régions ont tout intérêt à financer la formation de ces futurs praticiens", considèrent les syndicats. Ils dénoncent également le "manque d'investissement de l'Etat", alors que les dernières réévaluations de ses dotations aux collectivités en compensation des transferts au titre de la formation datent de 2010. Ils réclament "un alignement des montants et plafonds de revenus d'accès aux bourses des formations sanitaires et sociales sur les bourses sur critères sociaux du Crous pour évoluer in fine vers un transfert de compétence au Crous". Ils demandent aussi "des frais de formation équivalents aux frais universitaires pour toutes les formations sanitaires et sociales".
 

 

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