Formation - La région Poitou-Charentes expérimente le compte formation universel régional
Alors que les discussions se poursuivent autour de la réforme de la formation professionnelle, avec notamment la conférence quadripartite qui s'est tenue le 10 juillet, la région Poitou-Charentes a décidé de ne pas attendre la fin des négociations et de se lancer dans l'expérimentation d'un compte formation universel régional (CFUR). "C'est bien que la formation devienne un enjeu national, mais si on attend que tout soit stabilisé, on risque d'y être encore dans dix ans", explique Sylvie Petitjean, directrice générale adjointe éducation-formation à la région. L'expérience durera un an. Elle se fera en collaboration avec le groupement d'employeurs Adéquat Deux-Sèvres, qui rassemble une centaine de salariés, dont les profils sont très variés : du boucher à la secrétaire en passant par l'artisan maçon. Le principe est simple : le CFUR permet de garantir à chacun un temps de formation suffisant pour acquérir une qualification à toute étape de sa vie professionnelle. Le CFUR est de l'ordre de mille heures annuelles cumulées pendant les cinq ans qui suivent la fin de l'obligation scolaire fixée à seize ans. Elles seront utilisables dès la sortie de l'école jusqu'à la retraite.
La région compte aussi proposer un crédit de dix heures supplémentaires par année travaillée. Des heures qui s'ajouteront aux vingt heures du droit individuel à la formation (DIF). En Poitou-Charentes, 68,8% des personnes de plus de 14 ans disposent d'un niveau de qualification inférieur au bac, contre 63,4% au plan national. La part des sans-diplômes concerne plus de 275.000 personnes. Le CFUR devrait amener le maximum d'individus, notamment les plus jeunes, à un niveau bac +2. A l'ouverture de ce compte, chaque personne disposera d'un passeport formation qui servira à enregistrer au fur et à mesure les étapes de son parcours : parcours scolaire et universitaire, formations suivies, certifications obtenues, périodes d'activité ou de chômage... Des données, rassemblées sur un même support, qui permettront de calculer le temps de formation utilisable de chacun. Une régie autonome, créée par délibération du conseil régional, gérera les comptes des personnes concernées pour garantir l'intégrité des droits à formation et le respect des données personnelles.
Au-delà du groupement d'employeurs Adequat Deux-Sèvres, la région pourrait travailler sur un territoire ou une branche, mais "ces pistes ne sont pas encore validées", précise Sylvie Petitjean, qui assure que de nombreuses autres entreprises sont intéressées par la démarche. L'expérimentation sera suivie par le comité de coordination régional de l'emploi et de la formation professionnelle (CCREFP). Elle sera également évaluée par un chercheur en économie, à travers plusieurs indicateurs dont l'évolution du taux d'accès à la formation, de la dépense de formation, ou encore l'évolution du taux d'accès des personnes les moins qualifiées à la formation. "Après l'évaluation, nous comptons généraliser le principe sur toute la région", assure Sylvie Petitjean.
Emilie Zapalski