La région Normandie veut valoriser les compétences acquises des demandeurs d’emploi

La région Normandie a initié en fin d’année un mécanisme de reconnaissance et de valorisation des compétences informelles à travers un dispositif de badges numériques. Inspirée des "open badges" popularisés depuis une dizaine d’années déjà, la démarche "La Normandie badge les compétences" vise à offrir une certification à des demandeurs d’emplois souvent privés de diplômes.

La région Normandie a posé les bases en novembre dernier d’un "écosystème de reconnaissance et de valorisation des compétences informelles des Normands" qui doit permettre aux demandeurs d’emplois d’attester de compétences acquises hors du circuit de formation traditionnel et susceptibles de favoriser leur insertion professionnelle. Un dispositif qui n’en est pas à ses balbutiements mais qui se trouve cette fois-ci porté par une collectivité régionale qui ambitionne de la déployer "massivement".

Un dispositif initialement expérimenté dans les CFA normands

Basé sur un système de badges numériques, le dispositif est directement inspiré des "open badges" popularisés notamment par la Fondation Mozilla depuis une dizaine d’années. "L’origine, explique le président de la commission formation et orientation de la région Normandie, Marc Millet, remonte aux accords de Bologne en 2011 qui proposaient alors d’organiser une architecture ouverte de reconnaissance de l’apprentissage tout au long de la vie". A l’échelon régional, le réseau "Badgeons la Normandie", émanation locale de l’association Reconnaitre-Open Recognition Alliance a depuis pris le relais. Engagée dès 2014 dans son Grenelle de l’apprentissage, la région Normandie qui travaillait depuis plusieurs années à la mise en place d’un système de badges numériques dans les CFA a simplement décidé de "faire converger les dynamiques", résume Marc Millet, en référence au groupe de travail animé par la région dès 2020.

A travers ce dispositif régional, la collectivité instaure une reconnaissance des compétences par les badges numériques qui s’inscrit dans le Pacte régional d’investissement dans les compétences contractualisé entre l’État et la région en 2019. Avec trois ambitions fortes : valoriser les compétences acquises ; assurer une traçabilité de ces compétences via un organisme de formation ou une "situation formative" telle qu’une Afest (action de formation en situation de travail) ou une SIAE (structure de l’insertion par l’activité économique) ; et rendre les bénéficiaires de formation "acteurs de leur parcours" en favorisant l’appropriation des compétences.

Des compétences acquises recherchées par les employeurs

La prise en considération de ces compétences qui ne sont ni attestées par un diplôme, ni certifiées par une qualification, part d’un double constat : "à travers notre compétence en matière de formation tout au long de la vie nous constatons que des demandeurs d’emplois issus des circuits de formation ne trouvent pas d’emploi car certaines de leurs compétences ne sont pas reconnues", explique Marc Millet, également délégué régional en charge de l’orientation professionnelle. "Et dans le même temps, les employeurs nous disent de plus en plus que ce qu’ils recherchent, ces sont des compétences en matière de savoir-être, de capacité d’adaptation, ou encore de capacité à accepter l’organisation et les consignes". Des employeurs qui cherchent donc davantage des compétences que des diplômes pour faire face à des situations de pénuries sur certains métiers à faible technicité pour lesquels "la dimension comportementale" prend souvent le dessus.

S’adapter, communiquer, organiser et s’intégrer

Autour de ce dispositif de badges numériques, la région Normandie a agrégé toutes les composantes de l’écosystème de la formation, depuis les CFA en passant par les Fablab ou encore les centres de bilans de compétences. Un réseau qui va permettre de valider les compétences des demandeurs d’emploi à travers un référentiel de huit badges qui se déclinent autour de quatre thèmes : s’adapter, communiquer, organiser et s’intégrer, auxquels s’ajoute un badge "général" attestant de la maitrise d’au moins 3 des 4 compétences exigées.

Dans les mois qui viennent, la collectivité régionale souhaite engager une nouvelle phase de son projet : convaincre les recruteurs de s’approprier le référentiel des badges numériques à travers l’animation d’un réseau regroupant les agences d’intérim, les réseaux de DRH et les acteurs de la RSE en entreprise. Dans un second temps, la région espère étendre les compétences reconnues à des "techniques rares ou émergentes" comme dans le domaine du développement durable, explique Marc Millet. En 2022, près de 800 demandeurs d’emplois ont bénéficié du dispositif "La Normandie badge les compétences".

 

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