Pôle emploi veut mettre en phase les compétences recherchées et disponibles localement
Pôle emploi a diffusé le 2 juin sa première étude réalisée à partir des compétences recherchées et disponibles sur les territoires, et non plus uniquement à partir des métiers. Une nouvelle approche devant permettre aux acteurs locaux de l’emploi de mieux ajuster leurs politiques et mettre en place des actions de formation adaptées aux besoins.
Une petite révolution, passée quasiment inaperçue, vient d’être opérée par Pôle emploi. En effet, l’institution vient de basculer d’un fonctionnement 100% métiers à une approche à partir des compétences. "Nous avons constaté qu’en se cantonnant aux métiers, certains éléments n’étaient pas pris en compte", explique Marc Bouscasse, responsable du département Observatoire de l'emploi au sein de la direction des statistiques, des études et de l'évaluation de Pôle emploi. "Aussi, nous avons décidé de nous intéresser aux compétences recherchées par les entreprises et celles détenues par les demandeurs d’emploi. Ainsi, en plus de travailler sur des métiers compatibles entre eux, nous travaillons désormais sur des compétences transférables d’un métier vers un autre."
Près de 14.000 compétences référencées
Tout l’intérêt est de mieux cerner les besoins locaux et/ou régionaux, voire infra-régionaux, et ainsi fournir une information encore plus qualifiée aux acteurs locaux de l’emploi (Maison de l’emploi, CCI, Plie, etc.). Le premier exemple concret de cette évolution vient de tomber avec la publication de l’étude intitulée : "Quelles compétences pour quels territoires ?". Il aura fallu deux ans de travail pour arriver à produire un tel document. "La première étape a consisté à faire une nomenclature des compétences qui conviennent aux branches professionnelles et que l’on puisse intégrer à nos systèmes d’information", indique Marc Bouscasse. Au total, près de 14.000 compétences de savoir-faire et de savoir-être ont été référencées complétées par quelques compétences comportementales (autonomie, rigueur, travail en équipe, sens de l’organisation, réactivité, capacité d’adaptation…).
Désajustements locaux
Ensuite, à partir des données sur les compétences mentionnées dans les offres d’emploi diffusées a? Pôle emploi et des profils des demandeurs d’emploi, la seconde étape a consisté à distinguer le national du local, c’est-à-dire déterminer quelles sont les compétences recherchées partout en France et celles recherchées uniquement dans certains endroits. Dans un troisième temps, il s’est agi de regarder l’écart entre la demande des entreprises et les compétences des demandeurs d’emploi sur chaque territoire. "La répartition géographique différente de l’offre et de la demande engendre des désajustements locaux, avec un éventail plus ou moins large selon les compétences", soulignent Frédéric Lainé et Thomas Vroylandt, auteurs de l’étude.
Études en fonction des demandes des acteurs locaux
Les enseignements à retenir de cette première étude sont que certaines compétences sont réparties de façon très homogène sur le territoire (achat-vente ; fonctions support de type secrétariat, comptabilité ou nettoyage ; activités présentielles tel que le bâtiment). Si d’éventuels ajustements sont nécessaires, ils devront donc s’opérer au niveau national.
A contrario, d’autres ne sont pas demandées de la même manière partout par les entreprises et ne sont pas détenues de la même manière par les demandeurs d’emploi (cuisine-restauration, production industrielle, agriculture). "Il faudra donc mener des actions localement pour ajuster l’offre à la demande", convient Marc Bouscasse.
Ce premier travail à partir de l’approche par compétences sera suivie par d’autres enquêtes par exemple sur une compétence précise, il s’agira très prochainement du numérique, ou sur un territoire afin d’analyser les compétences nécessaires et manquantes. "Les études à suivre dépendront des demandes des acteurs locaux et des stratégies des directions régionales de Pôle emploi, en fonction des constats locaux", indique Marc Bouscasse.